Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 05.07.2024 - Yannick Pons - 3 min  - vu 18117 fois

AIGUES-MORTES Les habitants désemparés face à l'indulgence de la justice

Des engins de chantier ont réparé les dégâts

- Illustration YP

Après le passage à tabac d’un jeune homme et une nuit de jets de pierres sur la police, les mineurs qui sèment la terreur à Aigues-Mortes ont été relaxés ou soumis à des mesures de contrôle judiciaire qu’ils ne respectent pas. Ainsi, une réunion de crise a été tenue hier soir par le maire Pierre Mauméjean, très inquiet.

En multipliant les actes d'incivilités, de trouble à l’ordre public et même pire, un groupe de jeunes mineurs issus de la ville, mais aussi de communes voisines comme Saint-Laurent-d’Aigouze, Vauvert ou le Grau-du-Roi, sème la terreur dans la cité paisible d’Aigues-Mortes. Concernant les affaires les plus récentes, les mineurs arrêtés, mis en garde à vue et présentés à des juges pour enfants, ont tous été soit relaxés, soit ils ont écopé d’avertissement ou d’interdiction qu’ils ne respectent pas.

"Pas de ça ici"

« Il y a deux ans environ, on a commencé à voir un groupe de jeunes mineurs et d’adolescents entre 14 et 17 ans mettre le bazar au chemin du Mas d’Avon. Après qu’un habitant a rouspété un peu fort, sa porte est devenue un urinoir. Le groupe est allé du côté du boulodrome. Il a fallu que l’on condamne une ruelle avec des grilles », explique Pierre Mauméjean, qui a reçu le soutien des services sociaux du Conseil départemental. Des médiateurs spécialisés vont intervenir afin de mettre en place des animations avec le Service enfance jeunesse de la commune.

Mais rien n’a été réglé et le groupe se déplace au gré des opportunités et des écueils. Pire, on aurait pu dire qu’il faut que jeunesse se passe, mais les faits sont de plus en plus graves. « J’ai participé à des réunions avec les services régaliens. On m’a dit que c'était pire à Sommières ou ailleurs. Moi je m’en fous, je ne veux pas de ça ici », lance le maire d’Aigues-Mortes, ancien flic, qui précise que la gendarmerie multiplie les patrouilles et les contrôles, parfois avec l’aide de la brigade canine.

Violence exponentielle

En 2023, un jeune homme était dépouillé et roué de coups par cette même équipe lors d’un guet-apens amoureux. La mauvaise troupe est également concernée par une procédure de tentative de vol de scooter avec violence. Dans plusieurs affaires, des mesures éducatives ont été imposées à certains. Interdiction de sortir le soir, de se regrouper ou même de venir à Aigues-Mortes, mais rien n’y fait.

Au mois de mars 2024, la bande refait surface. Une quinzaine d’adolescents est soupçonnée d’être à l’origine de plusieurs incidents du côté du CCAS et du centre-ville : dégradations, insultes, obscénités, jets de pierre, poubelles qui brûlent, tapage nocturne et même petit trafic de drogue. Des couteaux cachés dans les haies ont été retrouvés par des riverains durant les mois d’avril et de mai.

Concours de garde à vue

Le 16 juin 2024, dans la nuit de dimanche à lundi vers minuit, le groupe en est arrivé à en découdre avec les forces de l'ordre. Insultes, jets de pierres, incendies de poubelles… « Ils font un concours de nombre d’heures de garde à vue comme nous quand on jouait au flipper », lance Pierre Mauméjean, dépité.

Résultat : gardes à vue et présentations devant le juge des enfants. Deux ont été relaxés et deux autres ont reçu un avertissement judiciaire. Ainsi, les habitants excédés en ont appelé à leur maire. Ce jeudi 4 juillet, Pierre Mauméjean organisait une réunion non publique entre référents de quartiers, conseil des sages, riverains concernés et élus afin de lancer une réflexion autour des troubles à l’ordre public que la cité médiévale d’Aigues-Mortes subit ces derniers mois. Soixante-dix personnes très inquiètes ont assisté à la réunion.

Tous milieux sociaux

« Ce sont des jeunes d'ici et de communes avoisinantes, issus de tous les milieux sociaux. L’un d’eux est en train de passer son bac », indique Pierre Mauméjean. Le maire explique qu’il a reçu des emails et des courriers révélateurs de l’enfer vécu par les habitants. Avec un leitmotiv, "Mais que font les parents ?".

Il a commencé à rencontrer les parents des enfants concernés à la suite d'un courrier d’une mère qui lui demandait de laisser son enfant vivre sa jeunesse. « Les parents que j’ai rencontrés sont dans le déni, ce n’est pas leur enfant qui a fait ça, ce sont les autres... Certains d'entre eux disent qu’ils vont trouver un avocat parce que qu’ils estiment que c’est du harcèlement. Mais alors que font ces enfants à 4h du matin dans la rue ? », fustige l’édile qui demande à ses administrés d'écrire aux élus.

Laurent Burgoa, sénateur du Gard, a déjà montré son soutien dans cette affaire. « Chacun doit prendre ses responsabilités, avant qu'un malheur n'arrive, d'un côté ou de l'autre... Et c’est une rumeur qui enfle, avant qu'une milice ne se mette en place ici », conclut Pierre Mauméjean. 

Yannick Pons

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