ALÈS Le festival des Passeurs de livres s’ouvre sur un vibrant hommage aux territoires de l’intime

Le festival ouvre ses portes du 15 au 18 mai sur le parvis du Cratère à Alès.
- Romain FioreLe coup d’envoi de la 4e édition du festival Passeurs de livres a été donné ce jeudi à Alès, en présence de nombreuses personnalités du monde politique et culturel. Une édition placée sous le signe des sciences humaines et du dialogue, avec pour marraine Camille Kouchner, venue présenter son dernier ouvrage Immortelle.
« C’est un événement un peu unique, ici dans la région, mais aussi en France », rappelle Franck Belloir, président du festival. À contre-courant des salons littéraires classiques, le festival "Passeurs de livres" (sur le parvis du Cratère à Alès) assume un positionnement audacieux en réunissant sciences humaines, fiction, BD et philosophie dans un même élan. « Le livre, c’est le dialogue, c’est la mémoire, c’est la transmission », souligne Philippe Guitton, des éditions Ancrage, maison invitée d’honneur.
Avec plus de 80 éditeurs, dont certains venus de Belgique, et de toute la France, le salon confirme son rayonnement croissant. Parmi les maisons présentes : Alcide (Nîmes), les Presses universitaires de Rennes ou encore Gallimard. Un « cœur battant » de la manifestation, selon Belloir, qui n’oublie pas de saluer les lycéens alésiens, plus que de simples bénévoles, impliqués dans l’organisation, la médiation et les débats.
Une ode à la jeunesse et à la fraternité
Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération et à l’origine du festival, a rappelé son ambition initiale : faire d’Alès « une ville du livre », en misant sur la transmission et l’échange plutôt que sur la course au numérique. « Ce festival, c’est une œuvre de fraternité. Ici, le livre unit les générations, les classes sociales, les origines. »
Il a salué l’implication des jeunes dans les prix littéraires portés par l’Agglo, notamment le Cabri d’or jeunesse qu'il a assisté la veille, remporté cette année par Cheick Doucouré, un jeune apprenti ivoirien. « Un moment suspendu, un acte de culture bouleversant », a-t-il confié, ému, en évoquant la prestation de ce lauréat lors d’un concours d’éloquence au Cratère.
L’urgence culturelle comme ligne de conduite
Patrick Malavieille, vice-président du Département en charge de la Culture, a lancé un message fort : « Il faut décréter l’urgence culturelle comme on a décrété l’urgence écologique. » Pour l’élu, les dangers sont réels : restrictions budgétaires, montée des populismes, tentations de hiérarchiser les formes culturelles. Mais il croit en la force du livre : « La culture est un combat. Elle est essentielle pour bâtir un avenir commun. »
Dans la même veine, le journaliste et écrivain Jean Lebrun a rappelé l’importance des sciences humaines pour penser le vivre-ensemble, en évoquant la diversité des jeunesses françaises et leur capacité à faire corps dans un monde fragmenté. « Ouvrir un livre, c’est comme ouvrir les bras », a-t-il cité, en hommage à Marie-Hélène Lafon, présente derrière lui.
Un salon ancré dans son territoire
Au fil des années, le festival est devenu un rendez-vous incontournable à Alès. La ville, souvent qualifiée de « capitale gardoise du livre », continue d’investir dans sa médiathèque Alphonse-Daudet, les rencontres littéraires et les initiatives autour de la lecture publique. Le thème de cette édition, "les territoires de l’intime", offre une large place à l’introspection, à la mémoire et à l’écoute de soi et des autres.
Camille Kouchner, marraine de cette édition, incarne parfaitement cette thématique avec Immortelle, un livre qui explore les liens familiaux et la résilience. Elle participera notamment à un dialogue croisé avec Jean Lebrun, autour des récits de soi et de leur portée universelle.
D'ailleurs, le maire honoraire, Max Roustan sera en dédicace ce week-end pour son livre qui vient de sortir, "Max Roustan, l'Inattendu", écrit par Claude Savy d’abord, puis poursuivi par Christine Zanella. Pendant tout le week-end, les conférences, dialogues, dédicaces et expositions s’enchaîneront dans différents lieux de la ville. Un rendez-vous qui, au-delà des mots, place la culture au cœur du lien social, avec l’ambition affirmée de faire de la lecture un acte de résistance et de fraternité.
Le programme est à retrouver ICI.