EXPRESSO Canicule et écoles fermées : les politiques ont-ils mal anticipé ?

Dans le Gard, une dizaine de communes, dont Nîmes et ses 83 écoles, ont décidé de fermer leurs écoles en raison de la vague caniculaire. Le discours du Gouvernement, hier soir, a mis plusieurs élus locaux vent debout.
Nîmes, Bagnols, Pont-Saint-Esprit, Uchaud, Milhaud, Grau-du-Roi… Au total, 14 maires ont décidé de fermer leurs écoles en raison de la canicule. Une décision en collaboration avec l’Éducation nationale. Ce dimanche, le Gard, les Bouches-du-Rhône et 92 autres départements de France, ont été placés en « vigilance orange » canicule. À Nîmes, la fermeture concerne 83 établissements, soit 12 000 élèves concernés : « Nos établissements sont fermés jusqu’à nouvel ordre ! On prend nos responsabilités ! », lance l’adjointe à l’éducation, Véronique Gardeur-Bancel.
Cet épisode, l’édile l’assure : « C’est du jamais vu pour un mois de juin ! La nuit, on ne descend pas en dessous de 25° et on va jusqu’à 41°. » Problème à Nîmes : « Nous n’arrivons pas à refroidir les pièces. Nous avons beau avoir fait des travaux dans les établissements, les bâtiments sont anciens. Il faut penser à la santé de nos enfants et de nos agents. Seuls Léo Rousson et Jean d’Ormesson restent ouverts. Eux ont été totalement reconstruits et sont à énergie positive. »
À Arles, l’opposition attaque
Dimanche soir, en conférence de presse, la ministre de la Santé a rappelé que les fermetures d’écoles devaient se faire « au cas par cas ». Certains maires gardois, de plus petites communes, pointent parfois du doigt les décisions de fermeture prises par leurs collègues : « Ce serait intéressant de vérifier dans ces communes si la mairie, elle, a la climatisation ! », ironise l’un d’eux. Hier, la ministre de la Transition écologique a enfoncé le clou, appelant les élus à utiliser le fonds vert, des subventions allouées par l’État pour financer des projets communaux.
À moins d'un an des municipales, l'angle de tir est tout trouvé pour l'opposition. À Arles, la municipalité qui compte 40 écoles a limité l’accueil. À compter de ce mardi et jusqu’à vendredi, l’accueil scolaire sera limité aux matinées, jusqu’à 11h30, avec périscolaire uniquement le matin et sans cantine. Dans ce contexte, Cyril Girard, élu d’opposition (Changeons d’avenir) ne cache pas sa colère : « L’école a été le parent pauvre de ce mandat en termes d’anticipation au changement climatique. Les seuls moyens qui ont été mis en place ces derniers temps pour les écoles, ça a été la sécurisation — les enfants sont maintenant en prison — et de la vidéosurveillance, parce qu’il y a eu deux événements d’intrusion dans les écoles, comme si c’était une généralité. » Selon lui, « la généralisation des épisodes caniculaires est autrement importante. » Cyril Girard pointe des choix politiques plus qu’un manque de moyens, « il faut quand même rappeler qu’ils ont mis 48M€ dans la voirie en cinq ans. »
« On nous pointe du doigt ! Je suis en colère ! »
« On nous pointe du doigt ! Je suis en colère ! Le fonds vert ? À chaque fois, nos projets sont refusés parce que l’on ne serait pas dans les clous ! Ou alors, on nous demande d’avancer l’argent sans l’assurance d’avoir une aide financière… », pourfend Véronique Gardeur-Bancel. À Sauve, le maire Olivier Gaillard a, lui aussi, fermé son école : « On avait déjà végétalisé nos cours d’école. Nous avons un projet de réhabilitation qui est prêt. Seulement le coût est de 1,6 M€. Nous n’avons que le Conseil départemental prêt à abonder à hauteur de 25 %. Ce n’est pas suffisant. Si on n’est pas accompagné financièrement, on ne peut pas le faire… »
Que ce soit à Sauve, Nîmes ou Arles, les enfants qui ne peuvent être gardés par leurs parents sont accueillis dans des « espaces rafraîchis ». À Arles, un accueil exceptionnel sera proposé de 13h30 à 16h30 dans deux écoles climatisées (Magnanarelles et Louis-Aragon) pour les enfants dont les parents n’ont aucune autre solution de garde. L’inscription préalable est obligatoire. Comme pour Léo Rousson et Jean D’Ormesson à Nîmes, les écoles climatisées d’Albaron, Carletti (Mas-Thibert) et Gageron fonctionneront normalement.
« Il est hors de question de mettre qui que ce soit en danger », poursuit l’adjointe nîmoise : « C’est le principe de précaution », poursuit Olivier Gaillard. Et à Véronique Gardeur-Bancel de conclure non sans ironie : « Quand j’entends qu’Emmanuel Macron qui veut laisser les enfants à l’école jusqu’au 15 juillet… Je l’invite à venir à Nîmes ! »