L'INTERVIEW Le maire de Codognan, Philippe Gras : « Je suis un peu casse-cou »

Le maire de Codognan Philippe Gras
- Coralie MollaretAvocat en droit public, responsable politique et sportif pratiquant l’attelage… À 60 ans, Philippe Gras est un homme accompli. Il revient sur son bilan à la tête de la commune de Codognan et de l’intercommunalité Rhony Vistre Vidourle, conservant le mystère d’une nouvelle candidature en 2026.
Objectif Gard le magazine : À un an des municipales, serez-vous candidat pour un nouveau mandat ?
Philippe Gras : Je prendrai ma décision en fin d’année 2025 - début 2026. Repartir pour six ans, il faut avoir la motivation. Il faut être en forme physiquement, mais aussi intellectuellement. J’ai 60 ans cette année et, en plus, je suis un casse-cou au regard de ma passion de l’attelage avec mes six chevaux… Je vais donc mûrir ma réflexion.
Avocat, homme politique, passionné de chevaux… Vous avez plusieurs vies !
Je ne me plains pas, je l’ai choisie ! Pour tout vous dire, je n’ai pas besoin de dormir beaucoup… Je me lève le matin à 4h30.
Être avocat en droit public, est-ce un plus dans vos fonctions politiques ?
Évidemment. J’ai toute la technique juridique… Après, si je dois choisir entre un tuyau en fonte ou en PVC, il faut que l’on me donne une explication.
Ses actions et son regret
Vous avez été élu en 2014 à Codognan. Quel bilan tirez-vous de votre action ?
Le plus visible, ce sont les travaux. Sous maîtrise d’ouvrage de la commune, nous avons rénové l’horloge que l’on entend… C’est un peu notre Tour Eiffel, nous y sommes très attachés. Il y a également la traversée de Codognan, la départementale 104 compilée à la rénovation des réseaux humides avec le SIVOM. Le rendement d’eau de la commune a aussi été amélioré, ce qui est important en matière de performance, mais aussi de développement durable. Une usine de décarbonatation a été créée pour diminuer le taux de calcaire dans l’eau. Aujourd’hui, nous sommes en train de construire un très beau restaurant scolaire à l’école élémentaire Les Cèdres, inauguré en septembre.
A contrario, que n’avez-vous pas réussi ?
J’ai un regret. En 2014, lorsque je me suis présenté, nous voulions construire la digue de protection des crues du Rhony. Elle est en bonne voie certes, inscrite dans le Papi 3 (Programme d’action et de prévention contre les inondations) mais elle n’a pas été réalisée. La digue actuelle, une motte de terre extrêmement fragile, a été faite après l’inondation de 1988. Si l’eau passe par-dessus et que la digue rompt, les eaux de Vaunage rentreront et ce sera peut-être la catastrophe. D’autant plus que j’ai vécu les inondations du 14 septembre 2021. Un moment stressant… Nous allons encore être exposés à deux ou trois saisons de plus…
Quels sont les enjeux de demain pour Codognan ?
Déjà, se protéger des inondations. Ensuite, il va falloir rénover notre cœur de ville. Pour cela, il faut rénover la place de la République à 100 mètres de la mairie en direction de Vergèze. Cette place a plusieurs avantages : peu de circulation automobile, de la place pour les terrasses de café. Le cadre est agréable avec des belles façades de type maison vigneronne, des platanes… Quand la digue aura été réalisée, il faudra créer un parking sur l’espace dégagé par le déplacement du Rhony. Après, nous pourrons passer aux aménagements urbains.
Vous êtes un élu Les Républicains (LR). L’étiquette vous a-t-elle déjà porté préjudice dans une élection locale ?
Non, je ne pense pas. Si je suis de nouveau candidat, je ne suis pas LR. Je serai Philippe Gras. Je ne cache pas mes idées, les gens savent qui je suis. Mais si je viens chercher leurs compétences, c’est pour ce qu’ils sont.
Lors du congrès LR, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau l’a emporté. Une satisfaction ?
Oui, j’ai voté pour lui. Après, je ne suis pas d’accord sur tout ce qu’il propose, mais ce que j’apprécie chez lui, c’est sa conviction, son volontarisme et sa capacité à parler à beaucoup de gens pour convaincre et rassembler. La politique, c’est ça.
Perrier : « J’ai reçu une lettre assez rassurante »
Un mot sur la Communauté de communes Rhony Vistre Vidourle. Quelles sont les grandes actions du budget 2025 ?
Trois grands investissements vont se terminer avec les nouveaux restaurants scolaires de Gallargues, Aigues-Vives et Codognan. On va réaliser une piste cyclable qui permettra de rejoindre les deux bouts de la communauté de communes. Nous poursuivons la création de la zone Cap Gallargues et notre belle coopération avec Med Vallée pour créer une zone d’activité de 25 hectares spécialisée dans la santé.
Un mot sur le site de Perrier à Vergèze, qui fait partie de votre communauté de communes. Quel regard portez-vous sur la situation de l'usine ?
J’ai reçu une lettre du directeur Nestlé Waters de la source Perrier, assez rassurante. J’espère que ces propos trouveront leur traduction concrète. Je ne peux pas imaginer le contraire… La difficulté de ce dossier, c’est qu’en tant qu’élu local, nous avons peu de prise. Toutefois, au titre de la compétence Gemapi* (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), nous pouvons contribuer à la préservation de la ressource.
Vous êtes en train de conclure un accord local avec les communes pour déterminer le nombre de représentants au sein de l’intercommunalité. Vous perdez un siège, quand la commune de Vergèze, elle, en gagne un. Vos chances de conserver la présidence de l’intercommunalité sont-elles compromises ?
Dans l’hypothèse où je me représente, nous avons un bon bilan. Avec les élus, nous avons réalisé beaucoup d’équipements répartis sur l’ensemble du territoire. Les restaurants scolaires à Nages, Boissières, Codognan ou encore des extensions de crèche. Il y a aussi des projets structurants comme la création du pôle multimodal de Vergèze.
Est-ce à dire que vous avez un peu « servi » tout le monde ?
Non. Nous avons répondu aux besoins de la population de façon équilibrée.