ALÈS/NÎMES En mobilisation depuis plus d'un mois, les salariés du médico-social manifestent

La manif nîmoise (Photo Anthony Maurin)
À Alès le matin et Nîmes l'après-midi, les salariés du secteur médico-social ont fait entendre leurs voix, alors que leur convention collective est en cours de renégociation. Ils dénoncent des moyens en baisse, des services qui ferment, des conditions de travail qui se dégradent et une perte de sens de leur travail.
À Alès
"On demande des moyens, on nous en enlève." Travailleur social et responsable syndical chez Sud, Franck Walther résume le constat, alors qu'une petite centaine de manifestants se groupe devant la mairie d'Alès. Le secteur est mobilisé depuis une première journée, le 1ᵉʳ avril, et se retrouve, une nouvelle fois, sur un appel national.
"Il existe une politique nationale où on se fait massacrer, explique Stéphane Vervacke, qui travaille à Pont-Saint-Esprit. Notre convention collective est attaquée par AXESS (qui réunit les employeurs du secteur sanitaire, NDLR)". Pourtant, avance Franck Walther, "les livrets blanc et vert montrent le manque d'attractivité de nos métiers. Le gel du point d'indice est déjà acté, alors que le SMIC augmente et que tout ce qui avait été reconnu comme revalorisation salariale se tasse vers le bas."
Les négociations tendraient, pour rendre le métier "plus attractif", vers la suppression des congés trimestriels, "des semaines pouvant s'étirer jusqu'à 48 heures et des journées jusqu'à 10 heures". Tandis que des structures sont menacées de fermeture ou fragilisées, comme a fermé l'HUDA de la Clède à Alès (relire ici) ou comme l'a connu APF France Handicap qui a subi un plan social de 300 licenciements, à l'échelle nationale, dont du personnel lui-même handicapé.
Dans le Gard l'intersyndicale et le collectif avaient organisé cinq piquets de grève (IME Les Hamelines, DITEP des Garrigues, IME La Baradonne, CPI Montaury et mission locale de Beaucaire). Même topo à Nîmes. Les salariés du secteur sont exténués, mais dans la continuité de la grève nationale du 1ᵉʳ avril, la mobilisation continue.
Au programme des revendications et de cette manifestation nîmoise, le refus d’une CCUE (Convention Collective Unique Étendue) « au rabais, proposée par AXESS qui est une organisation patronale. La semaine de 48h, la perte des congés trimestriels, la journée de 12h c’est toujours non ! La reconnaissance de la pénibilité et des contraintes de nos métiers, c'est oui ! »
Autre sujet sensible, le versement inconditionnel des 183 euros de prime Ségur pour toutes et tous, public comme privé. Si les 183 euros sont une victoire, une hausse significative des salaires pour tous les professionnels, indexés sur l’inflation, serait plus qu’appréciée.
Les agents demandent de réels moyens financiers pour la protection de l’enfance, la prévention spécialisée, le social et médico-social, l’insertion et la psychiatrie afin de répondre aux besoins réels des personnes accompagnées et de proposer un accompagnement de qualité.
Le temps n’est évidemment pas à l’embauche pourtant… Le secteur a besoin d’un recrutement massif pour alléger la charge de travail et garantir un accompagnement digne.
Si, comme toutes les manifs de ce secteur, le nombre de manifestants est assez faible, ce n’est pas l’envie qui manque. Mais, travailler avec l’humain n’est pas aussi facile que bosser devant un ordinateur. On ne peut pas trop s’absenter.
Pourtant, les syndicats avaient bien fait les choses. Lundi 12 mai, tractage et collage dans les établissements du social, médico-social et de l'insertion à Nîmes, Bagnols et Alès pour appeler les collègues à rejoindre la manifestation de ce jeudi. Mardi ? Nouvelle session de tractage et collage et mercredi, conférence/débat sur la tarification à l'acte et les négociations de la Convention Collective Unique Étendue à Alès.
Une délégation du cortège nîmois devait être reçue en préfecture, mais ni par le préfet, ni par les personnes auxquelles elle aurait aimé s’adresser… « Tout le monde se bat pour le social ! Le social se bat pour tout le monde ! »