Pas de chocolat à cause du soleil mais du spectacle pour les gradins. Rui Fernandes (salut timide et salut carrément forcé), Diego Ventura (deux oreilles et deux oreilles et la queue) et Guillermo Hermoso de Mendoza (silence et deux oreilles).

Traditionnelle corrida de rejon en ce lundi matin de Pâques devant une assemblée qui semble renouer avec la chose. Belle entrée avec un public en demande de spectacle. Premier à s’élancer, le Portugais Rui Fernandes. On a l’habitude de le voir en chef de lidia et à cheval il est honnête. Ne lui demandez pas de fioriture il n’en fera guère mais il va toréer de son mieux et c’est pas mal du tout. Disons qu’il respecte les terrains et les distances sans forcer le passage ni mettre ses montures en danger. Hélas pour lui, c’est aux aciers qu’il pèche…

Sur son second, il bafouille son toreo et ne tient pas en place. Il oublie les basiques et s’envole vers une tauromachie plus enjouée mais précise. Le public ne prend pas, l’estocade non plus. Le toro tombe, nul n’applaudit le centaure mais de lui-même il vient en piste et propose un salut suivi par quelques badauds qui avaient la tête dans les nuages.

Pour le suivant, tout aussi Portugais mais bien plus apprécié par les tendidos, Diego Ventura, tout se passera mieux. Bien mieux ! Son premier toro de Capea est intéressant, sa charge est plaisante et son rythme cadencé tien le public en haleine. Ventura assure ses trophées en posant ses banderilles de manière spectaculaire et sans trop manquer de respect. Deux oreilles requises par le public. Le palco suit…

Encore une fois sur son second, un bon de chez Carmen Lorenzo, Diego Ventura coupe une queue à Arles. On dira qu’il a assuré une forme de spectacle mais a subi de multiples touchettes avec ce toro aux cornes largement dépointées comme c’est le cas en France en corrida de rejon. Si, sur son premier, il avait sorti son cheval qui mord le frontal du toro, là, il s’est contenté de revenir à la base du toreo équestre. Le public est surpris par des quiebros dans les planches, adore les pièces de théâtre et l’ambiance devient un peu folle. Les trois mouchoirs tombent, le Portugais exulte.

Petit dernier, le fils de Pablo Hermoso de Mendoza (qui est venu soutenir le petit), Guillaume. Après une faena plutôt sérieuse et dans les bons terrains, GHM se liquéfie aux aciers. Il perd ainsi tout bénéfice et rate l’oreille. Silence.

Il se rattrapera sur son second combat en coupant les deux oreilles de son adversaire. Guillermo Hermoso de Mendoza se recentre et accentue la puissance de ses passes. Il écoute la famille et poursuit son effort, notamment aux banderilles courtes où il se met en valeur sans prendre de coup. Même l’épée est exceptionnelle car le toro tombe immédiatement comme foudroyé. Les deux mouchoirs tombent du palco et les deux oreilles qui vont avec aussi. Père et fils exultent, une belle sortie en triomphe pour Ventura et Hermoso de Mendoza.