Deux prévenus comparaissent jeudi 27 novembre devant le Tribunal correctionnel de Nîmes pour association de malfaiteurs et vol avec violences. Leur stratagème est simple, créer une fausse annonce sur la plateforme de vente Leboncoin prétextant vouloir vendre une Peugeot 308 blanche. Une fois le prix négocié, le potentiel client est invité à se rendre à un rendez-vous avec l’argent nécessaire à l’achat, le tout en liquide. C’est alors que le piège se referme. La victime est emmenée à l’abri des regards pour être frappée et dépouillée, sans jamais qu’il soit question de vendre la voiture.
Deux épisodes, datant de la fin d’année 2024, avec un mode opératoire identique, ont mené les deux prévenus à comparaître dans le box ce jeudi. Le premier de ces épisodes de vol avec violences a eu lieu le 28 octobre 2024. Deux hommes, ayant repéré le véhicule sur Leboncoin se sont rendus à Pissevin, où l’un des prévenus les auraient accueillis, avant que plusieurs hommes ne les rejoignent pour les frapper. Les deux victimes sont parvenues à s’enfuir, laissant derrière eux notamment 3 400 € en numéraire.
Mohamed, l’un des prévenus, reconnaît sa présence lors de cette scène de violence, mais évoque qu’il ne pensait pas que ça se passerait comme ça : « C’est moi qui y étais. Deux grands sont venus me voir, ça devait se passer comme une simple vente de voiture », explique-t-il. « On m’a fait un coup de traître », soutient Rayan, en assurant ne pas avoir été présent lors de ces premiers faits. Pourtant, « les deux victimes vous reconnaissent formellement », lance Jérôme Reynes, président à l’audience.
« Une valise noire et rouge »
Des seconds faits ont également pris place dans ce quartier sensible, moins d’un mois plus tard. Cette fois, c’est un homme seul qui se présente au rendez-vous fixé par Rayan, le second prévenu dans cette affaire. N’habitant pas Nîmes, la victime s’est présentée dans le quartier de Pissevin après un voyage en train, puis en bus. Accueilli par l'un des prévenus, il a été conduit à l’écart, où 4 à 5 individus au visage masqué l’ont roué de coups, jusqu’à lui mettre des coups de pieds au niveau de la tête, avant de le dépouiller. 2 200 € en liquide dans une mallette, mais aussi sa montre et son alliance lui ont été dérobées. « Cette fois, vous avez volé des objets plus personnels », souligne le président.
Empruntant la même ligne de défense que Mohamed, Rayan reconnaît avoir été présent lors de ce second épisode de violences, mais nie avoir frappé la victime. « Je vous juge que je ne l’ai pas touché, il a mal dû voir », se défend-il. Son implication semble pourtant bien plus importante qu’il ne le laisse entendre. Deux témoins, interrogés par les forces de police racontent l’avoir vu avec, à la main, « une valise un peu bizarre, rouge et noire ». Il s’avère qu’il s’agit de celle qui a été dérobée à la dernière victime. D’autant que le jeune homme a été reconnu par les trois victimes, sur planche photographique.
Des prétendues pressions
Lors de leurs tours de parole successifs, les deux prévenus évoquent avoir été contraints à dépouiller ces trois victimes. La voiture, immatriculée au nom de Rayan ne lui appartiendrait pas. « La voiture, on l’a mis à mon nom, souligne-t-il. On m’a demandé de la vendre, mais je ne savais pas ce qui allait se passer. Je ne voulais pas faire ça ». Les deux hommes font également allusion à des pressions imposées par des tiers. Mohamed explique notamment avoir reçu « 200 – 250 € » pour avoir participé à ces faits, mais être obligé de garder le silence : « Ils m’ont dit "si tu parles, on va te niquer ta race" ». Évoquant également la contrainte, Rayan refuse de livrer l’identité des prétendus responsables : « Je veux pas de représailles, moi », dit-il. « Vous n’avez pas l’air d’être sous pression sur les images de vidéo-surveillance », rétorque Jérômes Reynes.
« Les déclarations du prévenu sont incompatibles avec la procédure », lance Adélaïde Galtier, procureur de la République. « Il ne fait aucun doute que ces deux-là sont coupables », ajoute-t-elle. Un réquisitoire qui fait bondir Rayan dans le box. Face à la gravité des faits, le Ministère public a requis 8 ans d’emprisonnement à l’encontre de Ryan et 5 à l’encontre de Mohamed, avec maintien en détention. Une interdiction de porter une arme est également requise pour les deux hommes.
4 et 7 ans de détention
« Je ne pensais pas qu’il y avait un guet-apens », se défend Mohamed, en l’absence d’avocat. Contestant l’implication de Rayan dans les faits d’octobre et lui accordant un « rôle mineur » dans ceux de novembre, Maître Julien Dumas-Lairolles, son conseil, regrette que les réquisitions soient si élevées : « Il aurait été préférable qu’il soit jugé aux assises pour avoir un quantum moins élevé », ironise-t-il. Tous deux titulaires de casiers judiciaires chargés et ayant été l’objet d’incidents disciplinaires au cours de leur année d’incarcération, se plaignent tous deux de leurs conditions de détention.
Après une courte délibération, le Tribunal, réuni en collégiale, a déclaré les deux prévenus coupables des faits leur étant reprochés. Ils ont été condamnés respectivement à 7 et 4 années d’emprisonnement ferme avec maintien en détention. À leur sortie, porter ou détenir une arme leur sera interdit pour une durée de 5 ans.