Cette affaire de détournement de fonds a été portée à la connaissance de la justice à la suite d’une plainte déposée par le directeur de la sûreté du bureau de La Banque Postale, à La Grand'Combe. Ce sont des opérations financières douteuses qui ont attiré les soupçons du Service nationale d’enquête (SNE) de la banque, désignant Julie comme responsable de ces irrégularités. Falsification de chèques et de bordereaux de retrait, usage de ces faux documents ou encore virements de grandes sommes d’argent des comptes de ses victimes vers les comptes de proches, puis vers le sien, Julie se serait rendue responsable de nombreux faits, en lien avec son poste de conseillère financière dans plusieurs agences de La Banque Postale entre 2014 et 2017.
Malgré la multiplicité des faits, la prévenue ne reconnaît pas être responsable de délits. Selon elle, la faute est professionnelle, mais pas pénale. Malgré tout, lors de ses auditions face aux enquêteurs, la quadragénaire reconnaît avoir produit des faux documents, notamment des bordereaux de retrait. Une fois face au tribunal correctionnel d’Alès, sa version est toute autre. « À l’époque de l’audition, je n’étais pas en état de répondre aux questions, je ne comprenais pas ce qui m’était reproché », explique la prévenue, soulignant son état de santé mentale dégradé au moment des faits. « Je les ai remplis, mais je ne les ai pas signés », ajoute-t-elle.
Plus de 31 000 €
« J’avais leur autorisation », lance Julie, expliquant alors au tribunal qu’elle se faisait aider par les deux victimes de ces prétendus détournements. « À la maison, ça n’allait pas du tout », explique la prévenue, qui raconte avoir été victime de violences conjugales à l’époque des faits. « J’ai profité de leur gentillesse », explique-t-elle. Plus de 31 000 € auraient alors transité du compte de ses victimes vers celui de Julie, que ce soit par le biais de virements ou de chèques falsifiés. Pourtant, la prévenue soutient que ces sommes ont été données par les deux hommes, notamment dans le but de l’aider à quitter son mari violent.
Certaines des sommes ont transité du compte des victimes vers celui de proches de Julie, avant d’atterrir sur son compte propre. Interrogée sur la raison de ces manèges financiers, la prévenue explique qu’elle craignait d’avoir des problèmes avec son employeur, s’il découvrait le pot aux roses. Pourtant, elle réfute toujours être coupable d’un délit, au vu du fait qu’elle effectuait ces virements et ces dépôts de chèques à la demande des deux victimes. Une fois la supercherie dévoilée par les services internes de la banque, Julie a été licenciée pour faute grave, le 14 juin 2017.
« Laissez ma petite fille
tranquille »
À l’occasion de sa plaidoirie, l’avocate de la défense s’est appuyée sur un courrier de l’une des victimes, aujourd’hui décédée, légitimant le transfert de ces fonds. « Laissez ma petite-fille tranquille, j’atteste sur l’honneur l’aider financièrement », écrit le vieil homme dans sa lettre adressée à La Banque Postale. « Je fais ce que je veux de mon argent », ajoute-t-il. La prévention remet tout de même en cause la licéité de l’écriture de cette lettre. Une vision que l’avocate intervenant aux intérêts de la prévenue réfute : « Le faux, il n’y en a pas. » D’autant qu’elle fait état d’appels journaliers de cette prétendue victime à Julie et de photos de ce dernier en compagnie du fils de la quadragénaire. « Elle s’occupait de tout pour lui, c’était un lien quasi-filial », souligne son conseil.
Interrogée sur le mode opératoire de Julie, Cindy Fernandez, procureur de la République, souligne la volonté de dissimulation des faits. En dehors du transit des fonds sur plusieurs comptes, la prévenue a également utilisé la cession intranet d’une collègue pour brouiller les pistes. Le lendemain de l’un des virements, elle va d’ailleurs changer l’adresse de la victime, pour faire en sorte qu'il ne reçoive plus ses relevés de compte.
À l’issue des débats, la prévenue a été reconnue coupable des faits lui étant reprochés. Disposant d’un casier judiciaire vierge, elle a été condamnée à 8 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis simple. La confiscation des 41 000 €, saisis sur son compte à l’occasion de la procédure a été prononcée. L’affaire a été renvoyée sur intérêts civils, le 18 mai 2026 pour permettre le chiffrement du préjudice des deux victimes.