L’alcool et les stupéfiants ne sont pas les seules causes des drames routiers. C’est ce qu’illustre le cas d’Émilie, responsable d’un accident ayant tué Clara, sa meilleure amie de dix-sept ans. « Je n’étais pas fatiguée », explique la prévenue, face au tribunal. Le 30 août 2021, un véhicule Peugeot 207 a quitté la route départementale entre Uzès et Nîmes et a terminé sa course entre le mur d’une maison et un fossé, au niveau du camp des garrigues. Interrogée sur les causes de cet accident, Émilie se défend : « Je me suis endormie », tout en assurant ne pas avoir eu sommeil en quittant la boîte de nuit de La Grande-Motte, où elle avait passé la soirée avec ses amis et en présence de Clara.
Des vidéos depuis l’habitacle
Les arguments d’Émilie, âgée de 20 ans au moment des faits, ne convainquent pas le tribunal. D’autant que des vidéos enregistrées par son téléphone portable dans les minutes avant l’accident montrent son comportement au volant. C’est notamment le cas d’une captation de plus de cinq minutes, tournée à 8h32, soit quelques minutes avant le drame. Elle regarde à de nombreuses reprises le retour caméra, puis filme et se moque d’un ami, visiblement alcoolisé, endormi sur la banquette arrière. C’est après avoir déposé ce passager que l’accident a eu lieu. « La numérotation laisse croire que des vidéos ont été supprimées », ajoute Jérôme Reynes, le président. Un élément qui permet de soulever la possible utilisation du téléphone au moment de l’accident. « C’était pour le GPS », explique la prévenue, sans emporter la conviction du tribunal.
« L’utilisation du téléphone est la seule explication, lance Stéphane Bertrand, procureur de la République. Il n’y avait pas d’urgence à reprendre la route, il n’y avait pas de nécessité à faire ce périple et il n’y avait pas de nécessité de se filmer ». Une réalité que la conductrice peine à expliquer. Quant aux arguments de somnolence, le procureur est clair : « On peut se réveiller en sursaut, je doute qu’il soit possible de s’endormir en sursaut », soulève-t-il. Une remarque qui fait écho à la sinuosité de la route au niveau du camp des garrigues et donc à la nécessaire concentration des conducteurs. D’autant que la conductrice aurait négocié un autre virage avec succès, seulement quelques centaines de mètres plus tôt.
Une prévenue détachée
« Je voudrais m’excuser pour cet accident », grommelle Émilie, avec un ton détaché, malgré les circonstances du drame. « Je n'utilise plus du tout mon téléphone et je fais encore plus attention qu’avant », ajoute-t-elle. Ne portant pas sa ceinture, la victime aurait subi un traumatisme crânien. « Je n’ai pas d’alarme pour me dire quand quelqu’un se détache », explique la prévenue. Transportée au CHU de Nîmes, la victime est décédée à l’hôpital. Une responsabilité avec laquelle Émilie devra vivre pour toujours et une douleur qui ne quittera jamais ses parents, dont Clara était la fille unique.
Reconnue coupable d’homicide involontaire par conducteur, Émilie a écopé de deux ans d’emprisonnement avec sursis assortis de l’annulation de son permis de conduire et de l’interdiction de le repasser dans un délai d’un an.