Ce sont des projets emblématiques, parce que "dans l’air du temps et porteurs de sens" selon Alain Di Crescenzo, président de CCI France. Ce sont aussi des projets collectifs qui avancent vite. Et ce n’est pas pour déplaire à tous les représentants du monde économique, aux chefs d’entreprise et aux élus, rassemblés hier au nord de la ville à l’occasion de l’inauguration du terminal multimodal Mistral et du lancement des travaux de rénovation du port d’Arles. Des inaugurations qui, au-delà de l’aspect protocolaire, marquent un tournant aussi décisif que stratégique pour l’avenir économique du territoire.
32 000 camions en moins sur les routes
Lancé en juillet dernier – après un appel à projets logistiques de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) remporté par la CCI du Pays d’Arles et le groupe Combronde -- le terminal Mistral est déjà opérationnel avec deux liaisons ferroviaires vers Lille et Bordeaux. "On a fait vite, mais un projet doit être rapide pour répondre aux besoins des entreprises", a insisté Stéphane Paglia, président de la CCI. Située à proximité immédiate du port public d’Arles, cette nouvelle infrastructure s’adresse à tous les transporteurs et industriels du territoire. Son objectif est clair : remplacer les flux routiers par des solutions combinant rail et fluvial pour transporter les marchandises et réduire considérablement l’empreinte carbone. D'ici la fin de l’année, ce sont sept trains qui assureront des allers-retours, soit l’équivalent de 32 000 poids lourds en moins sur les routes. "Le terminal est conçu pour évoluer, a précisé Fabien Combronde, le président du groupe éponyme. Il pourra accueillir des trains plus longs à l’avenir (de 850 mètres contre 730 actuellement), renforçant sa capacité logistique."
30 % de hausse du trafic fluvial en 2025
À quelques encablures de là, le port public d’Arles (dont la CNR a attribué la gestion pour les 25 prochaines années au groupement mené par la CCI et NGE Concessions) entame lui aussi un chantier de taille. Celui de sa rénovation. 14 millions d’euros vont être investis pour, entre autres, la création de nouvelles plateformes logistiques et aires de manutention, l’électrification des quais et l’installation de bornes pour véhicules électriques, la rénovation des quais et des voies de circulation, ou bien encore l’acquisition d’engins portuaires modernes. Une somme considérable, à l’image de la croissance significative des activités du site : une hausse de 30 % des trafics a été enregistrée sur les 9 premiers mois de l'année 2025. Objectif visé : 450 000 tonnes fluviales en 2028 (soit une augmentation de 25%) et 20 000 tonnes ferroviaires dès 2032. "Ce nouvel élan positif prouve que nous avions raison de croire à la force des modes massifiés sur l’axe méditerranéen Rhône-Saône. Cela nous conforte dans notre ambition : plus de multimodalité, plus de décarbonation, plus d’emplois, plus de durabilité, et plus d’attractivité pour les territoires", a lancé Laurence Borie-Bancel, présidente de la CNR.
Une collaboration renforcée avec le GPMM
Une dynamique qui s’inscrit pleinement dans une stratégie plus large voulue par la CNR et le Grand port maritime de Marseille (GPMM), entre autres. Présent lors de cette matinée inaugurale, le président du directoire du GPMM, Hervé Martel, a lui aussi souligné le caractère "emblématique" du projet arlésien. "Il illustre parfaitement ce que nous nous efforçons de construire avec la CNR depuis quelques années, c'est-à-dire la structuration de cet axe MeRS", rappelant que "la puissance d'un grand port maritime international, c'est son arrière-pays et l'interconnection entre ses territoires". "Nous voulons être le catalyseur de cette dynamique, en partenariat avec le GPMM, les CCI, et les territoires, sous l’égide de l’État", a, de son côté, insisté Laurence Borie-Bancel. Une vision qui s’incarne notamment par un projet phare, évoqué publiquement à cette occasion : la création d’une navette fluviale quotidienne entre Arles et Fos-sur-Mer qui connecterait directement le GPMM avec Bordeaux, Lille et le nord de l'Europe.
