Faisant face à la Cour, Nabil, accusé d’être à l’origine de la mort de son ami Thierry, après une soirée arrosée aux Salles-du-Gardon, est revenu sur les faits pour lesquels il comparaît depuis hier. Commençant par raconter sa journée du 21 avril 2024 entre marché aux puces et canettes de bière, l’accusé en est rapidement arrivé aux faits. Il aurait contacté la victime au cours de l’après-midi pour lui proposer de lui vendre des paquets de cigarette de contrebande. Au fil de la conversation, le sujet de leur éloignent amical a été soulevé par la victime, souhaitant voir l’accusé rapidement. « On ne le fréquentait plus, mais on voulait profiter de lui, profiter de son argent », lance un des avocats intervenant aux intérêts des deux frères de la victime.
Le soir même, alors que Nabil était absent de son domicile, la victime l’aurait appelé lui signalant qu’il était présent en bas de l’appartement avec sa grand-mère et une bouteille de Whisky. À l’origine peu enclin à voir Thierry, étant différent dès lors qu’il consommait de l’alcool, l’accusé raconte avoir été convaincu de le rejoindre : « Il m’a persuadé », lance-t-il. Une fois réunis, les deux hommes auraient bu l’entière bouteille de Whisky. « On a bu 3 - 4 verres », explique Nabil en ajoutant que la bouteille a été terminée au bout d’une heure. Selon ce dernier, c’est cette bouteille vide qui aurait conduit à l’énervement de Thierry : « Tu vas là payer ta bouteille », aurait-il lancé à son partenaire de beuverie avant de lui proférer « une pluie d’insulter », toujours selon l’accusé.
« Et là, j’ai vu rouge »
L’accusé poursuit son récit en décrivant que sa victime se serait levée trois fois après avoir tapé sur la table basse. « Il y a eu trois assauts », explique l’homme d’une cinquantaine d’années. Il raconte ensuite que l’homme l’aurait attrapé par l’épaule : « Et là, j’ai vu rouge », dit-il. Il lui aurait alors asséné un premier coup-de-poing gauche. Les deux hommes, déséquilibrés, seraient alors tombés sur le canapé. « Je me suis retrouvé sur lui et je lui ai mis trois coups-de-poing », décrit-il. Le tout avant de lui dire « maintenant, c’est qui le fils de pute ? ». La véhémence prêtée à la victime est pourtant contestée par l'état d'alcoolémie dans lequel il se trouvait. Le médecin légiste, intervenu à la barre, fait état de 4,6g d'alcool par litre de sang.
Après deux appels infructueux aux services de secours, l’accusé est ensuite rentré en contact avec un opérateur. Après quoi, il a réalisé une photo et une vidéo du corps de Thierry, baignant dans une mare de sang et rencontrant visiblement des difficultés à respirer. À l’issue de la vidéo de 22 secondes, l’accusé lance : « T’es venu faire le barbot chez papa. Il ne faudra pas m’accuser de non-assistance à personne en danger, j’ai juste cassé sa bouche vite fait ». Un épisode de violence qu’il justifie par sa forte alcoolisation et par la peur d’un poing américain, que le prévenu porterait régulièrement sur lui.
« Un triple noeud »
« Il est urgent d'arrêter de se voiler la face », lance Dominique Sié, avocat général, à l'occasion de son réquisitoire. Malgré la violence des faits reprochés à l'accusé, il a tout de même tenu à mettre en perspective les personnalités des deux protagonistes de cette soirée macabre. Tous deux considérés comme étant des personnes généreuses et gentilles, toujours prêtes à rendre service, il a également rappelé leur part d'ombre. Alcooliques et violents, ces deux hommes sont présentés comme étant le miroir l'un de l'autre. « Mais vous avez tué votre ami », ajoute l'avocat général à l'attention de Nabil.
Soucieux d'une nécessaire prise en charge médicale de l'impulsivité de l'accusé, Dominique Sié à appuyé la nécessaire volonté de changer de l'homme, enfermé dans le box : « Les soins ne seront efficaces que s'il les veut ». Face à la question de la raison de cette violence, l'avocat général fait référence à « un triple nœud : le trouble de la personnalité, la colère et l'alcool ». À l'issue de sa prise de parole, il a donc requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'accusé pour les « quelques instants d'inhumanité » qui ont coûté la vie au trentenaire rué de coups. Le sort de Nabil sera fixé ce soir, à l'issue de la plaidoirie de la défense.