Dans l’intimité d’une loge de théâtre, semble-t-il, les frontières se brouillent. Une mère et sa fille se donnent la réplique sur Antigone ou Phèdre… Pas seulement sur scène, mais dans la vie. Suzanne, comédienne hantée par quelques souvenirs, se prépare à entrer en scène. Face à elle, Juliette, sa fille, lui donne la réplique, mais recherche le souvenir.

Le pardon

Le spectacle explore les blessures invisibles, les silences familiaux, et la nécessité, pour une fille, de comprendre, de retrouver des bribes de mémoire, mais surtout, de recueillir le pardon. Ce n’est pas la maladie d’Alzheimer qui est au cœur de la pièce, mais ce qu’elle révèle : l’urgence du lien, la fragilité de l’amour entre mère et fille, et la mémoire nécessaire à l'aboutissement de ce pardon.

Suzanne, ancienne actrice, qui se souvient difficilement de ses textes, subit les coups de boutoir bienveillants de sa fille en quête de reconnaissance… Un thème universel, à en croire les larmes de cette spectatrice à la fin du spectacle.

Deux en scène

Une écriture à quatre mains, un duo sur scène. Coécrit par Hélène et Lola Zidi, deux en scène autant que duo de vie, ce spectacle est né d’un désir ancien : rejouer ensemble. En réponse aux spectateurs qui les avaient aimées dans Camille contre Claudel, elles ont imaginé ce huis clos dans lequel les rôles s’inversent : la fille soutient, mais bouscule et confronte sa mère.

Jean-Michel Adam propose un décor sobre, mais efficace. Un grand écran, des flash-back qui grésillent, des voiles noirs et surtout des jeux de miroirs, qui apportent une dimension scénique importante à la pièce.

La création lumière de Denis Koransky et le travail sonore d’Alain Governatori soulignent cette atmosphère dans laquelle l’esprit vacille.

Récit universel

« Ce que Juliette cherche, ce n’est pas juste la mémoire de sa mère, c’est une reconnaissance, une forme de pardon. », confie Lola Zidi, la fille d'Yves Rénier, dont le jeu touche par sa capacité à laisser l’émotion émerger naturellement. Hélène Zidi, dont la performance nous rappelle Marisa Paredes dans Talon aiguille (Pedro Almodóvar), évoque un théâtre de l’émotion et de la transmission : « C’est un sujet qui me touche. L’idée qu’on peut être encore là, mais déjà absent. »

 Ce spectacle sera présenté au public pour la première fois ce 5 juillet à Avignon Off 2025. Il sera repris à Paris à la rentrée. Un moment d'émotion entre miroir et vérité, entre mère et fille, entre comédiennes qui explorent sans relâche, afin d'offrir l'essence même de leur performance au public.

Distribution artistique :

Théâtre du Roi René
Texte, mise en scène et interprétation : Hélène Zidi et Lola Zidi
Scénographie : Jean-Michel Adam
Création lumière : Denis Koransky
Création son : Alain Governatori