CULTURE Musée des Beaux-Arts de Nîmes : le drapé dans tous les sens

Christèle Jacquemin
- Photo Yannick PonsDrapés, c'est la nouvelle exposition proposée par le musée des Beaux-Arts de Nîmes. Un parcours sensoriel, des matières délicates à toucher et des parfums à humer. À ne pas louper !
Et puis dans l’une des dernières salles de l’exposition, elle s’arrête, émerveillée, devant un tableau de Luis Melo-Tormo, daté de 1946, représentant de jeunes écolières espagnoles. À côté, une petite boîte en carton l’invite à l’ouvrir. Elle y plonge le nez et respire le coton parfumé. Une fragrance de Nenuco qui lui rappelle aussitôt son grand-père provoque l’apparition d’une larme de joie qui perle sous sa paupière.
Parcours sensoriel
Ce jeudi 15 mai, au cœur du musée des Beaux-Arts de Nîmes, une nouvelle exposition était inaugurée en présence de Daniel-Jean Valade, adjoint délégué à la Culture de Nîmes, et de Barbara Gouget, la directrice du musée des Beaux-arts de Nîmes. Cette exposition, dédiée aux figures féminines et à la représentation textile dans l’art, propose un regard sensoriel sur les œuvres conservées dans les réserves et les collections permanentes de l’établissement nîmois.
On regarde, mais on.. touche ! Alors qu'elle s'est vue confier la création de cet événement, Barbara Gouget explique que le résultat est le fruit d’un long et fastidieux travail de recherche et de mise en espace. Daniel-Jean Valade a salué l’implication des conservateurs, des institutions culturelles voisines, en rappelant l’importance des collaborations inter-muséales, « cette tradition tout à fait sympathique où chaque directeur va voir ce qui se passe chez le voisin », a lancé l'édile lors de l'inauguration.
Ode aux dames
L’élu à la Culture a souligné la richesse de cette exposition thématique centrée sur la représentation des femmes, ou plutôt des “Dames”, terme qu’il préfère à celui de “femme”, pour sa dimension poétique et historique. « Ces dames qui traversent les siècles, les époques, les techniques », explique-t-il avec enthousiasme, en évoquant des œuvres sorties des réserves du musée, certaines exposées pour la première fois.
À la façon du tableau de Sainte-Catherine-de-Sienne, merveilleuse et choix de Daniel-Jean Valade, qui trône dans la première salle, l’exposition explore les subtilités du drapé, les jeux de matières, les silhouettes en mouvement, avec une attention particulière portée aux techniques et à la symbolique des étoffes.
Barbara Gouget présente trois grands axes de l’exposition. La première partie explore l’usage du drapé théâtral, comment les artistes ont utilisé le drapé pour mettre en scène leurs œuvres et la couleur. La seconde s’attarde sur les aspects techniques : les gestes, les matières, les jeux d’ombre et de lumière autour des textiles dans les arts graphiques. Enfin, la dernière section s’intéresse à l’histoire du costume.
Ouverte à tous les publics, l’exposition ludique et pédagogique invite à une approche sensible. Le parcours est rythmé par un véritable fil rouge dessiné sur le mur, qui guide les visiteurs d’une salle à l’autre, offrant une immersion cohérente et fluide dans l’univers textile et féminin de l’art.
Olfactive
Mais le clou de cette exposition se trouve véritablement dans la mise en lumière olfactive de Christèle Jacquemin. La parfumeuse gardoise qui crée et fabrique des odeurs d’aujourd’hui et d’antan, a magnifié les espaces du musée par la subtilité de ses créations. Elle a imaginé six parfums qui sont en adéquation parfaite avec les tableaux, qu’ils accompagnent dans une petite boîte en carton. L’expérience est incroyable.
Comme dans cette scène de la vie quotidienne dans la médina d'Alger foisonnante d’odeurs. Le peintre Henri Clamens capte un instant de vie. Bien sûr, l’odeur de l'eau de cette fontaine et des senteurs de bois d'oud, de rose et de jasmin à usage religieux, qui symboliquement pourraient exprimer sa fonction purificatrice avant la prière, de ces grandes pièces d’étoffes qui enveloppent nombre de personnages de la tête aux pieds, les haïk. À droite du tableau, une boîte olfactive invite à prolonger l’expérience. En soulevant le couvercle, une senteur particulière s’échappe et se diffuse.
Viennent ensuite les effluves d’épices du souk tout proche : cumin, cardamome, manuka, puissants et pénétrants. Puis se révèlent des accords plus subtils : la douceur des étoffes en laine ou en soie, les huiles essentielles de cardamome, de manuka, de cumin ou de menthe « nanah ». L’odeur complète l’image. Elle en déploie la profondeur sensorielle, recréant l’atmosphère d’une rue vivante, dense, et presque palpable.
Les premières notes rappellent la fraîcheur minérale de l’eau qui coule, symbole de purification. Viennent ensuite les effluves d’épices du souk tout proche : cardamome, cumin. Puis se révèlent des accords plus subtils : la douceur des étoffes en laine ou en soie, les huiles essentielles de manuka, de cumin ou de menthe « nanah ». L’odeur complète l’image. Elle en déploie la profondeur sensorielle en créant la véritable atmosphère d’une rue vivante et dense. Le son, lui, vient en fermant les yeux...
Drapés. Jusqu'au 16 novembre. Rue Cité Foulc, Nîmes