Publié il y a 2 h - Mise à jour le 07.10.2025 - François Desmeures - 2 min  - vu 93 fois

DURFORT Scoop : le mammouth de Durfort "est une relique"

Régis Debruyne (à gauche), à la veille de l'inauguration du mammouth restauré, en juin 2023 ; à droite, Cécile Colin-Fromont, directrice de la galerie de paléontologie et d'anatomie comparée

- François Desmeures

Il aura fallu trois ans de recherches supplémentaires autour du mastodonte pour s'approcher, enfin, de la période de son existence. Samedi 4 octobre, après l'inauguration de l'itinéraire pédagogique dédié au mammouth, le paléontologue Régis Debruyne a détaillé la conclusion de l'étude. Qui a révélé une drôle de surprise. 

Régis Debruyne (à gauche), à la veille de l'inauguration du mammouth restauré, en juin 2023 ; à droite, Cécile Colin-Fromont, directrice de la galerie de paléontologie et d'anatomie comparée • François Desmeures

Au printemps 2022, lors du premier sondage des scientifiques du Muséum d'histoire naturelle, il s'agissait de réduire les dents d'une fouchette. Celle qui évaluait entre deux millions et 700 000 le nombre d'années qui nous séparait des vie et mort du mammouth de Durfort, qui trône depuis la fin du 19e siècle dans la galerie de paléontologie et d'anatomie comparée du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris (relire ici). 

Après de nouvelles recherches à l'automne 2022 (relire ici) et un documentaire sur France 5 qui livrait un point d'étape, à l'automne 2023 (relire ici), la grande équipe de paléontologues de divers spécialités, chimistes, spécialistes du magnétisme terrestre, généticiens, etc. s'est approché de la vérité. Et si Régis Debruyne a qualifié le mammouth de "relique", c'est qu'il était sans doute l'un des derniers spécimens de son espèce, il y a environ 680 000 ans. 

C'est le mammouth des steppes qui domine déjà largement le continent européen à cette époque. Alors qu'apparaît à peine le mammouth laineux en Sibérie, qui gagnera ensuite tout le continent européen à la faveur des ères glaciaires. Alors que Régis Debruyne supposait, au début de l'aventure, avoir affaire à un spécimen d'un million d'années, la surprise a donc été de taille. Et l'enquête, vulgarisée samedi soir pour une véritable foule de près de 300 personnes dans le foyer de Durfort, est réellement passionnante. 

Les trois espèces de mammouth se seraient potentiellement croisées

En 2022, l'équipe de chercheurs avait déjà compris que la vie du mammouth de Durfort s'était déroulée dans une période interglaciaire, par la présence importante d'oxygène et de carbone dans le sol, le premier élément correspondant à des températures chaudes, le second à des moments de sécheresse. Le mammouth vivait donc dans un climat de type méditerranéen "pas très différent du nôtre actuellement, explique Régis Debruyne, et aux saisonnalités très marquées"

Près dse 300 personnes ont assisté aux conférences sur le mammouth, samedi en fin de journée • François Desmeures

Dans les recherches menées à Durfort, jusqu'à 4,5 m de profondeur, le champ magnétique a permis de se rapprocher de la vérité. "En utilisant la période où la polarité terrestre est inversée, poursuit Régis Debruyne. Il faut alors trouver, dans les sédiments, des matériaux qui peuvent être aimantés." Finalement, les chercheurs ont décelé une "polarité normale" pour la période fouilée. Ce qui restreignait l'âge possible, selon le calendrier connu des polarités, "soit autour d'un million d'années, soit autour de - 700 000 ans"

La fouille de l'automne 2022 aura finalement été prépondérante. Grâce, notamment, à la canine d'hippopotame et à la molaire de cervidé retrouvés dans le même niveau de sol que le mammouth, en 1869. Ce qui a finalement permis de restreindre la fourchette autour de 700 000 ans, plus certainement 680 000. "Ce qui en fait une relique, sourit Régis Debruyne. Je pensais qu'à cette époque-là, il n'y avait plus de mammouth méridional en France." Les trois espèces de mammouth ont donc cohabité sur la terre, dans des espaces radicalement différents. Pour le spécialiste du pachyderme préhistorique qu'est Régis Debruyne - qui passe plus de temps autour du cercle arctique que dans les Cévennes - c'est peut-être la plus belle des découvertes. 

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