C’est d’abord un bruit, comme un rasoir électrique géant, que l’on entend à plusieurs dizaines de mètres et ce malgré le flux incessant des véhicules qui irrigue la route d’Uzès. C’est ensuite une vision, pas vraiment rassurante, d’une armoire de rue dont les portes ont été cassées (comme la plupart des armoires du quartier) et dont des câbles sont à portée de mains des enfants. Le petit panneau collé sur un des boitiers, sur lequel on voit un homme touché par un éclair, ne laisse pas de place au doute. Toucher les éléments de l'ensemble, c’est s’exposer à de très graves blessures.
C'est pour cela que Thierry Hérissan se bat depuis plusieurs mois : « Le 18 mai dernier, les riverains nous ont signalé que cette armoire faisait beaucoup de bruit. De leur côté, ils avaient essayé de contacter France Télécom et EDF. Nous avons appelé la ville de Nîmes, par l’intermédiaire de la DIVAQ (direction de la vie associative et des quartiers, NDLR), mais tout le monde se renvoie la balle. Nous vivons ça depuis plusieurs mois et c’est désespérant. »
« On a l’impression d’être laissé à l’abandon et on est un peu perdus »
Le président du comité de quartier de la Gazelle abonde : « On a l’impression d’être laissé à l’abandon et on est un peu perdus. Nous pensons que la municipalité devrait être en mesure de savoir à qui appartient cette armoire puisque le trottoir appartient à la ville. » Sur ce lieu de passage important, et proche d’un arrêt de bus, la situation est figée.
Juste en face de l’armoire, Marie est obligée de fermer ses fenêtres pour oublier, un temps, ce bruit obsédant : « La semaine dernière, je suis allée à la mairie et on m’a dirigée vers la police municipale et le service de la voirie. Ils m’ont demandé des photos de l’armoire et j'attends encore de leurs nouvelles. »
Les habitants du quartier sont exaspérés et ils ont le sentiment de ne pas être entendus. « Faudra-t-il qu’il arrive un drame ? », s'indigne une passante. Un accident n’est en effet pas à exclure. « Un enfant pourrait se blesser et puis on ne sait pas ce qu’il peut se passer en cas d’orage car l’armoire n’est pas protégée de l'eau », souligne Thierry Hérissan.
À l’intérieur de l'armoire, un boitier est estampillé France Télécom
À l’intérieur de l'armoire, un boitier est estampillé France Télécom. L’ancienne société française de télécommunications s’appelle depuis 2013 Orange et elle a vendu l’armoire, il y a quelques années à Numéricâble qui a fusionné en 2014 avec SFR pour former le groupe Altice France. Remonter le fil des ventes, des fusions et des changements de noms ne simplifie pas les choses pour les riverains en quête de tranquillité.
Alors que les diverses plaintes ne sont pas entendues, l’armoire de rue continue à diffuser son bruit infernal qui est parfois dépassé qui par celui d’un des nombreux camions qui passent sur cette route. Pour ces Nîmois, le bonheur n'est pas simple comme un coup de fil.