Amine Kessaci a perdu son frère Mehdi il y a quelques jours (Brahim, son grand frère, avait lui déjà été enlevé il y a cinq ans). Militant marseillais, écologiste mais aussi en lutte contre le narcotrafic, Amine appelait à un mouvement solennel pour réveiller la France dans ce qu’elle a de plus cher, la perte de ses enfants. Les élus de Nîmes citoyenne à gauche et les écologistes ont répondu à l’appel et organisaient un rassemblement devant le palais de justice pour que le symbole soit clair et visible. Comme dans bon nombre de communes françaises ce samedi 22 novembre, le but du rassemblement visait à rendre ce mouvement solidaire, uni, collectif pour lutter, ensemble, contre le narcotrafic.
Une simple prise de parole a eu lieu pour lire les propos d’Amine.
« On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n’est jamais un avertissement. Le sang versé l’est pour toujours, et a plongé ma famille dans l’infini de la mort. On nous frappe pour nous briser, pour nous domestiquer, pour nous asservir. »
« Mille fois, j'écrirai son nom et je ferai face à ses assassins. Je serai le gardien de sa mémoire. Non, je ne me tairai pas. Je dirai et répéterai que Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic. Son emprise. Je dirai la lâcheté des commanditaires des crimes. Je dirai la dérive folle de ceux qui exécutent des contrats, brisent des vies et souillent leur âme à jamais. Je dirai pour trouer le silence comme eux trouent les corps de nos proches. »
« Maintenant, j'entends les discours. Mais qui rendra ses enfants assassinés à ma mère ? Le premier tombé, Brahim, repose à Alger. Le second, Mehdi, avait 20 ans. Il a été touché en plein thorax par ses assassins. Il n’était coupable que d’être mon frère. »
« Il est temps de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. »
« Nous comptons nos morts, mais que fait l’État ? »
« On m’a accordé une protection policière, mais sans l’étendre aux miens. Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang ? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ? »
« Si je prends la parole, c'est pour demander justice pour les miens, mais aussi pour toutes les autres victimes, parce que je refuse d’être réduit au silence et parce que ma mère m’a appris à ne pas baisser la tête. »
« Je parle parce que je ne peux que lutter si je ne veux pas mourir. Je parle parce que je sais que le silence est l’abri de nos ennemis. Je parle parce que je veux que mille voix s’épanouissent. Que notre révolte face au narcotrafic soit durable et collective. »