Depuis son échec cuisant après la dissolution et les législatives anticipées, le chef de l'État avait pris ses distances avec l'actualité intérieure. Il a décidé mardi soir de donner de ses nouvelles aux Français. Probablement dopé par ses meilleurs scores dans les sondages récents, Emmanuel Macron a voulu reconnecter le lien qui l'unissait avec le pays. Il est vrai que depuis Jacques Chirac, il est le seul président de la République réélu. Après trois longues heures d’interview, les critiques sont nombreuses, autant sur le contenu des réponses que sur la forme de l'échange. De droite comme de gauche, tous soulignent l'impuissance politique du locataire de l'Élysée. Sur la défensive, il n'a offert aucune réelle perspective pour ses deux dernières années de mandat. La seule annonce à retenir : le retour de l'idée d'une TVA sociale pour compenser une baisse des cotisations qui pèsent lourdement sur le travail. Une proposition que la droite, depuis Nicolas Sarkozy, a systématiquement mise sur la table. Mais à chaque fois, elle a dû faire face aux réserves sur son injuste impact sur les consommateurs, surtout les plus modestes. Emmanuel Macron, durant son passage télévisé, a aussi fait la promesse d'organiser un référendum sur l'avenir économique ou encore sur les questions éducatives en lien avec l'accès aux réseaux sociaux des moins de 15 ans. Tout cela reste à ce stade assez flou... Le sénateur socialiste Denis Bouad ne dit pas le contraire et se veut très sévère : "Alors que notre pays doit faire face à une situation budgétaire plus que préoccupante, que les inégalités explosent et que de plus en plus de nos compatriotes se retrouvent en situation de précarité, cet exercice d’autosatisfaction semble totalement déconnecté de la réalité perçue par les français. À trop communiquer, on perd parfois le sens des choses." Le député RN, Yoann Gillet, est encore plus cruel : "Nous avons assisté à trois heures d’autosatisfaction. Il a nié l’échec de sa politique, l’effacement de la France à l’international, l’explosion de la dette, le dérapage des dépenses et l’enfer bureaucratique et sécuritaire. Il a par ailleurs accusé les Français d’être « pessimistes » plutôt que d’assumer ses responsabilités." Valérie Rouverand, présidente de Renaissance dans le Gard et candidate aux municipales à Nîmes y voit, au contraire, "une démarche de responsabilité et de confiance envers les Français. Et souligne aussi les mots forts du chef de l'État sur la situation internationale, réaffirmant notre solidarité avec l’Ukraine et notre attachement à une Europe unie, lucide et souveraine dans un monde marqué par les tensions." On le voit bien, même si Emmanuel Macron n'est pas au mieux de sa forme, il reste encore, aujourd'hui, le personnage central de la vie politique française... En témoignent les six millions de téléspectateurs qui l'ont écouté !