Ce n'était pas une cérémonie comme les autres hier à la préfecture du Gard. Le préfet Jérôme Bonet, avec ses équipes, a organisé un moment de reconnaissance pour une profession en souffrance. La remise des distinctions du mérite agricole à 37 femmes et hommes était l'occasion de saluer l’engagement des agriculteurs et de leurs employés, qui font la richesse de notre territoire. On le sait malheureusement trop : le nombre de personnes travaillant dans l’agriculture ne cesse de diminuer. Selon l'Insee, en 2022, l’emploi agricole représentait seulement 2,7 % de l’emploi total en France. Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles dans le Gard a diminué d’environ 22 %. Il faut dire que ce métier est devenu si incertain. Avec des revenus insuffisants liés aux baisses des prix des produits et à la hausse des coûts dans le même temps. Des filières en souffrance par ce déséquilibre économique. Le changement climatique vient aussi en rajouter une couche. Et provoque, par les périodes de sécheresse, de chaleur intense, mais aussi des épisodes de pluie ou de gel plus extrêmes, des rendements aléatoires. Enfin, pour ne rien arranger : les agriculteurs français subissent une forte concurrence internationale. Et de nouvelles réglementations environnementales. La colère s'est souvent exprimée. Des solutions, maigres à ce stade, ont été trouvées. On pense à l'allègement des formalités administratives. Autre initiative positive pour les agriculteurs non-salariés : à compter de janvier 2026, le montant de la pension sera calculé sur les 25 meilleures années de revenus, alors qu’auparavant, il prenait en compte l’ensemble de la carrière. Il y a enfin la meilleure nouvelle de ces derniers mois : la prise de conscience par les autorités de l'impérieuse nécessité d'accompagner ces hommes et ces femmes dans ce bouleversement économique et écologique. Le préfet Bonet l'a rappelé : "Vous êtes les visages du bien-manger, de la résilience et de l’excellence gardoise." C'est juste. Les agriculteurs, nombreux, se sont aussi remis en cause. Le développement de l’agriculture biologique est aujourd'hui un marqueur fort du Gard. Les circuits courts avec le Mas des agriculteurs en est un autre. Et la volonté et l'engagement de la Chambre d'agriculture du Gard, par sa présidente, Magali Saumade, est un motif d’espoir pour l’avenir. D'autant que le soutien des collectivités régionales et départementales se renforce. Ainsi, il est désormais à nouveau possible d'envisager la modernisation des exploitations, l'aide à l’installation des jeunes, la préservation des ressources. Si essentiel pour maintenir l’agriculture locale.