Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 25.04.2014  - 3 min  - vu 349 fois

EX-OTAGE DE SYRIE Edouard Elias, le retour de l'enfant prodigue à St-Quentin-la-Poterie

Une grande partie de ses proches se sont réunis à la mairie pour accueillir Edouard Elias, ce vendredi matin. (Photo J.-M.C.)

Il est arrivé de Paris avec son grand-père un peu fatigué par l'agitation médiatique créée par sa libération, samedi dernier. Édouard Elias, enfant de Saint-Quentin-la-Poterie, qu'il a rejoint à neuf ans après avoir grandi en Égypte, a pu retrouver les siens après 318 jours de détention en Syrie. Fatigué mais " heureux ", et redevable " aux services de l’État ", qui ont permis son retour. Ce matin, il a ainsi enlacé amis et proches et décroché sa photo placardée sur la façade de la mairie depuis trop longtemps. Les deux écoles du village étaient bien évidemment présentes, elles qui avaient fait rédiger des messages de soutien au jeune Édouard Elias, 23 ans. Mégane, une amie proche, n'en revient d'ailleurs toujours pas. " Je suis tellement contente. Il m'avait envoyé un message la veille de son enlèvement en me disant qu'il rentrerait trois semaines plus tard ", se souvient la jeune femme. Et puis plus rien jusqu'à samedi matin où elle apprend la nouvelle par un coup de téléphone. " J'étais sur Avignon. J'ai fondu en larme ".

Un nouvel appareil photo offert par la rédaction d'Europe 1

Édouard Elias n'a pas perdu de temps pour retrouver un appareil photo.

Devant la mairie, malgré la pluie, les marques d'attention se multiplient à l'égard d'Edouard Elias le discret qui " ne s'attendait pas à cela ", surpris " de voir autant de monde ", dans ce village de 3000 habitants d'ordinaire si calme. Si le moral " est très bon ", pas question pour autant de parler des conditions de sa détention, de ses geôliers ni même des endroits où il a pu être transporté. Son seul souhait aujourd'hui, " retrouver une vie normale ". Vie qu'il n'a que partiellement retrouvée depuis sa libération, la faute aux sollicitations en tout genre. Mais très vite, le naturel revient vite. Appareil photo en main, " un cadeau de la rédaction d'Europe 1 ", puisque tout son équipement a été volé durant sa détention, il photographie de nouveau. Notamment quand son grand-père, Jean-Marie Dunaud, répond aux questions de la presse pour exprimer sa joie de le retrouver.

Après quelques semaines " de vacances ", bien méritées, Édouard Elias compte bien continuer à faire son métier, photographe de guerre. " J'ai fait ce choix et je l'assume. J'en connaissais les risques et si je ne regrette rien, ma famille ne l'a pas choisi. J'ai beaucoup pensé à mes grands-parents pendant cette détention. " Pour passer le temps, il fait un peu de sport, " quelques abdos et de la course sur place " ou joue aux échecs avec Didier François. Un codétenu dont il a  apprécié la présence. " Heureusement qu'il a été là. Nous avons beaucoup parlé, notamment de cuisine. Il faut d'ailleurs que je m'y mette. " Malgré l'éloignement et les conditions difficiles, son village de Saint-Quentin-la-Poterie ne l'a jamais vraiment quitté. Pour s'évader, il imagine alors " le figuier ", familial " au moment de la récolte, en septembre ", alors qu'il est enfermé depuis plus de trois mois.

Une visite chez Daniel Larribe

Les enfants des deux écoles de St-Quentin-la-Poterie ont fêté son retour.

L'homme, qui préfère être " en retrait ", donne pourtant l'image d'un être fort." Ce n'est pas vrai. Je suis assez timide mais c'est la photo qui m'a permis de me révéler et d'être accepté. " Sa seule peur aujourd'hui, " avoir perdu la main. La photo, c'est comme tout, il faut pratiquer et j'ai peut-être de la fluidité à retrouver ". Pour cela, il compte bien repartir sur les champs de bataille dès que possible. " Si Didier (François, NDLR) me demande d'aller en Ukraine avec lui, je fonce ". En attendant, il reconnait ne pas vouloir retourner en Syrie, pas pour le moment " car durant dix mois, je ne sais pas ce qu'il s'est passé là-bas ". Mais avant de (re)prendre la route du travail et de s'installer sur Paris, " c'est plus pratique pour être en contact avec les magazines ", il est allé rendre visite à Daniel Larribe, détenu comme lui durant trois ans. " Je pensais à son épouse Françoise, durant ma détention. J'étais sûr que tous les moyens seraient mis en œuvre pour nous libérer mais je me serais senti coupable si j'avais été libre avant lui ".

Jean-Marie Cornuaille

jeanmarie.cornuaille@objectifgard.com

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