Denis Boissière vérifie quelques filets et si quelques pierres peuvent encore être sorties de la piste, qu'il espère voir rapidement enneigée. Tout doit être prêt pour la formalité de ce dimanche, le passage de la commission de sécurité, qui concerne les communes de Val d'Aigoual et Meyrueis, la station étant à cheval sur deux départements et plusieurs communes. Un passage qui ne devrait pas poser de problèmes, à la vue de la descente améliorée sur chaque piste et des filets installés aux virages et en fin de piste.
Au maximum du découvert autorisé, avec une dette Urssaf qui court encore et une facture d'électricité avancée par la communauté de communes, la station Alti Aigoual est tout de même en ordre de marche pour l'hiver. Si sa dette privée est pratiquement résorbée, la station n'est donc pas tirée d'affaire et espère, comme chaque année, un manteau neigeux durable et des températures qui permettent de le maintenir pour une bonne saison qui pourrait tout sauver.
D'une dameuse, la station est passée à trois, grâce à des prix défiant toute concurrence sur du matériel provenant de plus grosses stations. Quatre moto-neige sont stockées au parking, ce qui permet notamment d'acheminer des pompiers sur site en hiver, sur les pistes ou en dehors pour venir en aide aux randonneurs en difficulté. Et la cafétéria est prête à rouvrir, après avoir eu la crainte de ne pas pouvoir en raison des travaux que la communauté de communes doit mener sur le chalet rond (poutre à changer et chauffage à refaire).
"On a multiplié par deux les filets, argumente Denis Boissière, l'un des associés de la station. On s'apprête à rouvrir la piste Ermitage 1." Signe que les choses avancent malgré les difficultés de fond, car la piste en question n'est plus ouverte depuis cinq ans. Si la neige est au rendez-vous, la station ouvrira neuf pistes de ski alpin cet hiver ainsi que 60 km de ski de fond, "dont 30 qu'on traite", recense Denis Boissière.
La "sécurité active et passive" est donc au cœur des derniers week-end de bénévolat dont la station a bénéficié. Un engouement qui n'en finit pas d'étonner Denis Boissière, alors même que le nombre de salariés de la station est tombé à deux, Cynthia et Valérie, uniquement au restaurant de l'observatoire. Les responsables d'Alti Aigoual ne seraient pas assez nombreux pour remettre les 20 hectares de station en état de fonctionner.
"Le restaurant gagne un peu d'argent, mais ce n'est pas une grande rentabilité", regrette Denis Boissière, qui peine aussi, tout simplement, à trouver du personnel qualifié que la route ne rebute pas. Et à la conserver. "Il fallait deux cuisiniers, on n'en a eu qu'un de tout l'été. Si on a cinq randonneurs au gîte, on ne peut pas les mobiliser pour rester ouvert..." À l'observatoire, le restaurant a fermé le 31 octobre pour l'hiver.
"On veut être prêts pour le 6 décembre", souligne Denis Boissière, qui espère que la neige tombe d'ici là. Il y a bien quelques chutes annoncées en cette fin de semaine, mais la commission de sécurité ne sera pas encore passée. "Et le 20 décembre, quoi qu'il arrive, on aura au moins un peu de neige sécurisée pour ouvrir une piste, au moins celle des luges." Une neige sécurisée dont Denis Boissière aime à rappeler qu'elle est produite "sans aucun additif, avec de l'eau prélevée en hiver et grâce à des canons peu voraces en eau et électricité". Elle permet surtout, quand les flocons sont tombés sur le massif, de prolonger la période où la station reste ouverte, soit la meilleure façon de sauver financièrement la délégation de service public actuelle.