FAIT DU JOUR Le cimetière, ce lieu plébiscité le 1er novembre
Rituel annuel, spirituel ou non, le 1er novembre est synonyme de recueillement auprès des défunts dans les cimetières de France. Dépot de fleurs, arrangement des tombes, prières... Chacun y va de sa petite action qui se révèle aujourd'hui être un grand pas.
Fête catholique de la Toussaint, le 1er novembre est un des onze jours fériés en France. Instaurée par l'Église catholique, elle avait pour but initial de rendre hommage à ceux qui sont morts en martyr, avant d'être ouverte à tous les saints connus et inconnus. Le pape Grégoire III officialisera la date actuelle en guise de jour de commémoration. Il existe cependant une confusion faite avec le jour suivant, le 2 novembre, jour d'hommage à tous les fidèles défunts. Mais le 1er novembre étant chômé, c'est la raison pour laquelle les visites se font plus souvent ce jour-ci.
Dans le Gard comme dans les autres départements de France, c'est une tradition qui essaye de perdurer, mais qui semble s'être un peu perdue. Dans le cimetière protestant de Nîmes, situé route d'Alès, peu de personnes étaient présentes. Nous sommes allés à la recherche de témoignages entre deux averses du ciel, comme s'il versait quelques larmes pour accompagner les pensées des visiteurs. À l'entrée, quelques pots de fleurs de toutes les couleurs attendaient de trouver leur sépulture.
Seulement une dame et son fils, préférant rester anonymes, étaient présents pour se recueillir et déposer quelques fleurs sur une tombe : "Je ne viens qu'une fois par an au cimetière, c'est pour cette occasion-là, par tradition. On vient amener une fleur, se recueillir en famille en l'honneur d'une défunte qui entretenait aussi la tombe. Alors par respect pour sa mémoire on a pris le relai. Mais toute l'année, on pense à eux", indique-t-elle, sous une grande averse de pluie.
Même si c'est un cimetière protestant, cette dame n'est pas pour autant croyante : "Je ne pense pas qu'il y ait besoin de religion pour penser à nos défunts et les personnes avec qui nous avons partagé des souvenirs. On veut apporter un moment de recueillement indépendamment de la religion. Après on est tolérant et bien sûr on respecte tout le monde", ajoute-t-elle.
Un peu plus de monde au cimetière Saint-Baudile
À quelques encablures d'ici, à mi-chemin entre les quartiers Richelieu, Grézan et Chemin-Bas-d'Avignon, se trouve un des cimetières les plus connus de la ville : Saint-Baudile. Il abrite la tombe de plusieurs personnalités du territoire tels que la pianiste Marguerite Long, le poète Jean Reboul ou encore le matador Nimeño II. En s'immisçant au milieu des tombeaux, on tombe sur René Lauréat, un habitué des lieux.
Cet homme de 71 ans se désole du changement de la société : "Dans le temps, il y avait beaucoup de jeunes aux côtés des vendeurs de fleurs qui aidaient les anciens à porter les plantes sur les tombes. Ensuite, ils leur donnaient une pièce et ça faisait une petite tirelire aux jeunes. Ce système a un peu disparu parce que la société est comme ça. Il y a de moins en moins de personnes âgées qui viennent parce qu'ils n'ont plus la force de porter les pots de fleurs, ça les pénalise beaucoup", déplore-t-il.
Un peu plus loin, Bernadette et Emmanuel Laprin, mère et fils, viennent honorer la mémoire des êtres chers qu'ils ont perdus : "C'est une tradition de venir se recueillir, déposer des fleurs et prier. Surtout depuis que ma grand-mère est décédée, l'année dernière. Elle est enterrée au même endroit que mon grand-père", explique Emmanuel. Sa mère a une grande partie de sa famille qui repose ici : "Mon père, ma mère, mes grands-parents, ma tante, mon oncle... Tous sont enterrés ici. C'est une tradition mais peut-être plus que ça. Pour nous en tant que chrétien, ils sont toujours vivants", explique-t-elle, la voix pleine d'émotion. Bernadette est chrétienne pratiquante : "C'est vrai que j'attache plus d'importance à une messe que de venir au cimetière. Nous prions pour eux tous les jours de l'année, pas seulement le 1er novembre", ajoute-t-elle.
"Passé 80 ans, ça devient plus compliqué d'aller seule au cimetière"
Du côté des Cévennes, plus particulièrement à Alès et La Grand'Combe, Sylvie Bertrand est aussi allée se recueillir. Elle accompagne sa maman qui a des difficultés pour marcher car certains cimetière sont difficiles d'accès. "Je suis allée avec ma maman voir mes grands-parents et arrière-grand-parents au cimetière de La Grand'Combe", explique Sylvie. "D'habitude on se rend dans un peu plus de cimetières, nous avons de la famille enterrée à Laval-Pradel et à Saint-Privat-des-Vieux. Mais on n'a pas pu le faire, ma maman ne peut plus trop marcher et le cimetière de La Grand'Combe est un peu pentu. Quand on est jeune on peut plus facilement le faire, mais arrivé à 80 ans, ça devient plus compliqué", détaille-t-elle.
La mère et sa fille ont remis quelques fleurs sur les tombes de leurs proches : "Ma mamie est allée voir sa grand-mère. Elle me disait qu'elle était très gentille et affectueuse. Je ne l'ai pas beaucoup connue, mais elle a encore beaucoup de beaux souvenirs", raconte Sylvie. Comme les personnes interrogées à Nîmes, elle constate la baisse d'affluence au fil des années. Sylvie a croisé peu de monde et très peu de jeunes. "J'ai vu sur les réseaux sociaux qu'une dame se plaignait du manque d'entretien dans les cimetières. Elle racontait voir des hautes herbes. Certaines tombes sont laissées à l'abandon, ça m'a fait mal au coeur de voir ça même si certaines sont bien entretenues", ajoute-t-elle.
Malgré les cimetières déserts et peu entretenus, la tradition du 1er novembre reste une coutume partagée en famille. Les Gardois viennent se recueillir auprès de leurs proches et des êtres qui leur sont chers dans les cimetières du département.
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