« La moitié des artisans d’art du Gard sont sur le territoire du Pays d’Uzès », rappelle le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Gard, Xavier Perret, à l’organisation du salon, en partenariat avec la Région, le Département, le lycée Gide, la mairie d’Uzès, la Communauté de communes du Pays d’Uzès et la Maison des artisans d’art d’Uzès. De quoi faire de la cité ducale la capitale gardoise des métiers d’art, et de son lycée Gide, qui comporte une section métiers d’art, le lieu idéal pour accueillir l’événement. « C’est un des fleurons de notre territoire », souligne le sénateur Denis Bouad lors de l’inauguration.
Un événement qui grandit : d’une soixantaine d’exposants pour la première édition, ce millésime, qui s’étend sur deux jours et demi, en compte une centaine, venus pour la majorité du Gard, et pour le reste de l’Occitanie. Ils sont répartis dans le lycée Gide, mais aussi dans des ateliers à Uzès et dans l’espace de l’Office culturel de Saint-Quentin-la-Poterie. 4 500 visiteurs étaient venus l’année dernière, « et nous en attendons au moins autant », avance Xavier Perret.
Les exposants sont répartis dans des espaces, des « univers », qui couvrent le spectre des métiers d’art : bois, feu, cuir, fil, terre, bijou, design et pierre. Côté bois, une structure ronde attire l’œil en rentrant dans le salon. C’est le dôme de Pierrick Girardin, artisan installé à Arre, près du Vigan. Son invention est simple, en tout cas sur le papier : une structure en bois lamellé-collé cintrée, recouverte de tissu. « Je suis parti de structures dédiées au spectacle, que je décline pour des usages privés, et j’aimerais bien aller vers l’habitat de loisir, les habitations légères insolites », explique-t-il, tout en précisant qu’il met « un point d’honneur à ce que le lamellé-collé soit d’un seul tenant », pour avoir une structure « solide et légère, facile à monter et à démonter. »
Bois toujours, mais pas de la même taille, avec les stylos, tire-bouchons, rasoirs et blaireaux entièrement faits main par Guillaume Coat. Installé à Parignargues, l’artisan d’art a développé « une gamme de 220 essences différentes, avec de l’exotique, je vais de la France à l’Australie, en passant par tous les autres continents », avance-t-il. Des articles entièrement faits à la main, qu’il vend dans son atelier et dans quelques points de vente, comme l’Office de tourisme de Sommières.
Du bois, on passe au feu, avec Quentin Babin, coutelier et taillandier à Codognan. « Je fabrique des couteaux et des outils, comme des haches », pose-t-il. Pour le salon, il expose uniquement ses couteaux, « entièrement faits main, avec des bois pour la plupart locaux, très peu de bois exotiques, et des lames forgées ou découpées », présente-t-il. Que ce soit pour la cuisine, pour la table ou pour la chasse.
On reste dans le feu, mais dans un style tout à fait différent, avec les vitraux de Marine Ventura, dont l’atelier, Lumivitra, est installé à Pont-Saint-Esprit. « Je fais du vitrail traditionnel au plomb, une technique qu’on trouve dans les églises et les cathédrales, mais je le transforme en objet de décoration intérieure », présente-t-elle. Soucieuse de « pérenniser cette technique », qui utilise la soudure à l’étain, la Spiripontaine propose donc d’avoir son propre vitrail chez soi, ce qui est plus simple que d’acheter une église, on en conviendra.
Direction l’univers du cuir, avec Cendrine Le Gal, de l’atelier CLG créations à Caveirac. Depuis quinze ans, elle confectionne une large gamme de maroquinerie, des ceintures aux portefeuilles en passant par les sacs à main et les objets de décoration, avec les meilleurs cuirs. « Je travaille des cuirs uniquement en provenance de France et d’Italie, j’ai un fournisseur qui récupère les stocks de grandes maisons de luxe, et je m’oriente de plus en plus vers la couture à la main exclusivement », présente-t-elle.
S’il y a bien un métier d’art apprécié dans l’Uzège, c’est bien céramiste. Dans l’univers de la terre, Nathalie Marinier, installée à Sauve mais en cours de déménagement à Anduze, expose une partie de son travail, celui de la faïence. « J’ai axé sur l’écologie, je n’utilise pas d’émaux, mais des patines au lait et à la cire d’abeille », explique-t-elle. Sa collection, baptisée « Antique », « est inspirée des techniques, des formes et motifs de l’époque », au point qu’on se demande si certaines pièces ne le sont pas réellement, antiques.
L’artisanat d’art est intimement lié au monde des bijoux. Dans cet univers, la créativité s’exprime sans limite, comme chez Marie Bouyala, de l’atelier Quilla, basé à Saint-Quentin-la-Poterie. Elle confectionne des bijoux en pierres naturelles et tissages de fil brésilien entouré de cire « réalisés à la main, selon la technique du macramé, présente-t-elle. Je vais faire une succession de petits nœuds, qui en fonction de comment je les alterne, vont donner une forme différente. » L’artisane a appris la technique au Pérou, et elle s'en sert pour mettre en valeur des obsidiennes, apatites ou encore labradorites à travers des pièces uniques élégantes.
Direction l’univers du design, avec les créations en origami de Mukala Vandenhende. Avec du papier sulfurisé spécifique, l’artisane basée à Mandagout crée des luminaires et des objets de décoration. « Je vaporise mon papier pour lui donner la souplesse et ensuite je lui donne les plis que je veux, je vibre avec mon papier », explique-t-elle. En résultent « des créations uniques d’origami contemporain », qui en voisinent d’autres plus classiques et géométriques.
Les métiers d’art sont très souvent ancestraux. Dans l’univers de la pierre, Nathalie Brenza, artisane d’art céramiste à Caissargues, travaille « tous les styles, de la mosaïque antique à la plus contemporaine, avec différentes matières naturelles, du verre, du vitrail et même des matières recyclées, l’univers de création de la mosaïque est infini. » Artisane d’art depuis douze ans, elle donne aussi des cours pour transmettre un savoir-faire qui a tendance à se perdre. La transmission, autre enjeu majeur d’un événement comme Art’isans.
Art’isans, à visiter à Uzès au lycée Charles-Gide, dans plusieurs ateliers de la ville et à l’espace de l’Office culturel de Saint-Quentin-la-Poterie, ce samedi de 9h à 21h et ce dimanche de 9h à 18h. Entrée libre et gratuite.