FAIT DU JOUR Novilladas et corridas : qui va briller dans les arènes ?

Le public nîmois en feria... (Photo Archives Anthony Maurin)
Depuis ce jeudi 4 juin et jusqu’à lundi soir, les arènes de Nîmes accueillent neuf spectacles. Une course camarguaise, une novillada sans picadors, une novillada formelle, quatre corridas formelles, un solo et une corrida de rejon. Explications.
Ce vendredi, en matinée, quatre novillos de La Paluna (famille Fare) pour une novillada sans picadors et qui réunira au cartel Javier Cuartero (Alicante), Mathias Sauvaire, Clovis Germain et Israel Guirao (valencia). La fougue de la jeunesse, l’esprit novilleril jusqu’au bout, la tension et l’attention. Si vous ne travaillez pas, venez ! Ce genre de course est rarement une déception, et en plus, c’est gratuit ! Vous y verrez la présentation du fer du Mas d’Auzières (Saint-Gilles) qui, même si Paris a gagné, a une devise azuréenne à jamais. Vous y verrez aussi les jeunes Matías et Clovis, toreros du cru, et vous en découvrirez d’autres !
Le vendredi après-midi connaîtra sans nul doute le triomphe et la gloire. Une sorte de vendredi saint après l’heure. Cartelazo… À la peine depuis toujours, sauf quelques éclats de lumière, le grand Morante de la Puebla enchaîne les bonnes, très bonnes, prestations. Espérant que le duende qui l’habite sera encore présent ce vendredi. Il sera aux côtés d’Alejandro Talavante et, tous deux, donneront l’alternative au jeune Marco Pérez. Celui-là, l’aficion l’attend comme le messie.
Comme le Juli par le passé, c’est un enfant qui est né torero. Éduqué taurinement et formé magistralement par Juan Bautista puis Jean-Baptiste Jalabert, Marco va bientôt voler de ses propres ailes. Après un solo madrilène pour lequel il a tout donné, mais tout perdu aux aciers, l’aventure continue dans la cour des grands pour lui. Face aux toros de Garcigrande, la course promet monts et merveilles si vous espérez voir de l’art, de la douceur, de la folie. Marco Pérez va bientôt fêter ses 18 ans. Si vous venez, vous vous rappellerez longtemps ce moment !
Samedi matin, case traditionnelle de novillada de la Cape d’Or (par laquelle Marco Pérez n’est jamais passé). Des novillos de chez Talavante pour Eduardo Neyra, Tomás Bastos et Victor. Les deux premiers ne vous diront peut-être rien mais il s’agit d’un Mexicain et d’un Portugais, qui « ont besoin d’aide ! Ils sont dans des pays où les toros sont en danger alors nous, à Nîmes, on les met au cartel de notre novillada » avait rappelé l’empresa Simon Casas lors de la présentation de la feria. Victor, le petit dernier, mais seule tête locale, est un Nîmois qui vit aux Saintes, qui est connu dans le coin et qui devrait vous surprendre. Mais pour être surpris par Victor, Neyra ou Bastos, il faut acheter un billet !
Samedi après-midi, triptyque esthétique. Devant les toros de Garcia Jimenez, le Biterrois Sébastien Castella sera le compagnon de cartel de Jose Maria Manzanares et d’un autre local, Lalo de Maria. Le savoir-faire, l’esthétique et l’envie de continuer toujours plus loin. Le trio était réuni il y a quelques mois seulement, le vendredi 13 septembre 2024, pour l’alternative de Lalo dans ces mêmes arènes de Nîmes où le jeune avait coupé deux oreilles. Une course qui fleure bon le thym, le romarin, les détails et les belles choses.
Mais si vous voulez sentir ces aromates et y ajouter quelques artistes… C’est à la grand-messe du dimanche matin qu’il vous faudra vous rendre. Une corrida de Victoriano del Rio, plutôt bien présentée, pour Daniel Luque, Juan Ortega et Clemente, trois tauromachies suaves et alléchantes ! Daniel Luque a pris son alternative ici et a toréé plus de 20 corridas dans l’amphithéâtre antique. Après une temporada 2023 "énormissime", il avait un chouïa marqué le pas en 2024. Juan Ortega est le Sévillan pur, mais pas dur. Ses fans l’adorent, mais les Nîmois ne l’ont que peu vue sur leur sable. Deux ou trois paseos pour lui, alors il aura à cœur de triompher largement. Surtout quand vous savez, et ces gens-là le savent, qui il y a derrière.
Clemente ! Le Bordelais a confirmé à Madrid en début de saison. Plus qu’honnête, il a réussi son pari. Celui qui l’attend à Nîmes sera sans aucun doute plus doux mais attention, de novillero il avait subi la foudre de l’aficion.
Clemente qui joue très gros car il défilera une seconde fois, le même jour, à Nîmes. Simon Casas lui a donné l’opportunité de faire comme les plus grands noms des années 1980-90. Une responsabilité énorme pour le blondinet qui a les épaules bien assez solides pour l’assumer sans broncher. Clemente a connu le drame de ne pas toréer, d’avoir le téléphone qui ne sonne pas, de s’entraîner dur dans le vide. Maintenant, il a saisi sa chance et gageons qu’il ne la laisse plus jamais passer volontairement !
Avec lui ? L’Espagnol Miguel Angel Perera et le Mexicain Juan Pablo Sanchez. Face à lui ? Les toros de Margé ! Une course rématée à merveille et qui, sur le papier en tout cas, assure spectacle, bravoure, générosité, art… Tout ce dont un aficionado rêve, tout ce qu’un spectateur veut voir. Perera s’est présenté à Nîmes voilà plus de 20 ans et y a toréé plus de 16 fois, Juan Pablo Sanchez y a pris son doctorat il y a 15 ans et voudra qu’on se rappelle de lui car depuis 2012 il n’y est pas revenu alors qu’il a terminé la saison passée avec 27 corridas (au Mexique) à son actif.
Lundi matin, après la messe des artistes la veille, la messe équestre. Mano a mano de Fermin Borhorquez, gage de noblesse et de mobilité, pour le Portugais Diego Ventura et la Nîmoise Lea Vicens. Pour Diego Antonio Espiritu Santo Ventura (son nom complet), c’est le spectacle. Des sitios dangereux, une monte abrupte mais du show. Pour la cavalière, les terrains choisis sont peut-être moins spectaculaires mais ils sont dans la justesse. Idem pour sa tauromachie et sa manière de monter ses nombreux Peralta. Mais n’opposons pas les uns aux autres, chacun se fera son idée car chacun aura donc trois toros à combattre pour le plus grand bonheur des amateurs du genre !
La clôture. Le bouquet final. Le feu d’artifice. Le solo de Borja Jimenez face à des Victorino Martin. Une belle histoire entre eux, une première à Nîmes. En plus de se payer le luxe de ce solo, Borja Jimenez confirmera son doctorat. En effet, il n’est venu qu’une fois toréer à Nîmes et il était encore novillero. Maintenant qu’il a pris son alternative à Séville il y a dix ans et qu’il é réalisé une saison 2023 très sérieuse, Simon Casas lui a proposé ce pari fou.
Comment compte-t-il confirmer son alternative s’il est seul en piste ? C’est une première à Nîmes mais aussi dans le monde taurin. L’empresa a son idée et veut faire revenir un sourire connu et reconnu de tous les aficionados des années 1980. En fait pas tout à fait car c’est Borja lui-même qui a décidé d’appeler Espartaco et ce dernier sera présent. Il faut dire que les deux sont liés et entretiennent une relation quasi familiale. Fort logiquement, il avait reçu son alternative des mains d’Espartaco, il la confirmera en terre nîmoise avec lui aussi. Juan Antonio Ruiz Román dit Espartaco ne torée plus, il sera sur le sable en tenue civile, mais l’émotion, elle, sera habillée de mille larmes de joie.
Histoire immémoriale, préparation optimale, moment idéal, concentration totale, toreo mental pour un récital impérial. Tout ça pour quoi ? Pour suivre sa bonne étoile. Un jour pour l’histoire ? Une feria mémorable ?
Pour acheter vos places, sur www.arenesdenimes.com, ou aux guichets de 9h30 à 18h non-stop y compris les jours de spectacles.