Publié il y a 11 h - Mise à jour le 06.06.2025 - M.P - 3 min  - vu 160 fois

LEDIGNAN Pollution de l’eau potable : il est urgent de sanctuariser nos ressources en eau

Depuis plus d’un mois, les habitants de Lédignan sont privés d’eau potable à cause d’une contamination de la nappe phréatique par un pesticide interdit depuis 1998.

Depuis 37 jours, les 1 500 à 1 600 habitants de Lédignan (Gard) sont privés d’un droit fondamental : l’accès à une eau potable. Les Écologistes du Gard expriment leur pleine solidarité avec les Ledignanais·e·s, victimes d’une contamination inacceptable de leur nappe phréatique par le terbuméton-déséthyl, un résidu d’herbicide interdit depuis 1998. Si les dernières analyses de l’ARS montrent une légère amélioration (0,078 µg/L le 19 mai, sous le seuil de 0,1 µg/L), cette crise révèle l’échec des politiques de protection de l’eau. Nous refusons que la patience des citoyens serve d’excuse à l’inaction des pouvoirs publics.

Lédignan se bat pour son eau : et l’État dans tout ça ?

La commune s’est rapidement organisée pour faire face à l’urgence. Elle a notamment procédé à la distribution de six palettes d’eau minérale, représentant un coût d’environ 2 000 € pour la mairie. En parallèle, une citerne mobile d’une capacité de 12 000 litres a été installée en partenariat avec Alès Agglo afin de répondre aux besoins immédiats en eau. Les commerçants ont dû s’adapter dans des conditions difficiles, à l’image du boulanger du village, contraint de transporter chaque jour 80 litres d’eau pour pouvoir maintenir sa production.

Béatrice Leccia, porte-parole des Écologistes du Gard déclare : « Ces mesures palliatives ne suffisent pas. La réapparition de ce pesticide, des décennies après son interdiction, prouve l’échec des politiques de l’État de prévention et met en danger la santé publique, la biodiversité et l’accès à un bien commun essentiel ». L’affaire de Lédignan n’est malheureusement pas un cas isolé : chaque année, des centaines de captages sont fermés en France en raison de pollutions diverses.

Trois propositions des écologistes 

Pour une protection durable de l’eau Face à cette crise, les Écologistes du Gard présentent un plan d’action actualisé. La sanctuarisation des aires de captage constitue une priorité, avec des mesures renforcées pour protéger durablement la qualité de l’eau. L’interdiction des pesticides de synthèse dans ces zones sensibles sera ainsi avancée à 2027, contre 2030 initialement prévu par la loi Raux. Par ailleurs, les périmètres de protection seront élargis, et tout projet industriel ou minier susceptible de compromettre la ressource en eau y sera systématiquement bloqué.

Pour accélérer la transition agroécologique, un soutien financier ciblé sera mis en place en faveur des agriculteurs, et en particulier des viticulteurs. L’objectif est de les accompagner dans l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement, en favorisant la diversification des filières agricoles et en assurant une rémunération équitable des services écologiques rendus par ces nouvelles pratiques.

Le renforcement du principe pollueur-payeur vise à mieux responsabiliser les acteurs à l’origine des pollutions. Une taxation accrue sera appliquée aux producteurs de pesticides, y compris pour les substances désormais interdites. Les recettes de cette fiscalité seront versées dans un fonds dédié à la dépollution, afin que les coûts liés à la restauration des milieux ne pèsent plus sur les usagers, mais bien sur ceux qui ont contribué à leur dégradation.

Les Écologistes soutiennent la proposition de loi du député Jean-Claude Raux, récemment adoptée en commission, tout en appelant à son renforcement par le biais de plusieurs amendements. Ils exigent notamment un suivi plus rigoureux des métabolites dans les analyses officielles de la qualité de l’eau, ainsi qu’un renforcement des moyens alloués à l’Agence régionale de santé (ARS), afin de permettre une réaction rapide et efficace en cas d’alerte sanitaire.

Un enjeu national : l’eau, bien commun non négociable

Alors que le Gard a subi des pluies exceptionnelles en 2025, lessivant les sols et réactivant des polluants persistants, les Écologistes rappellent que 20 % des captages français sont contaminés par des résidus de pesticides.

Béatrice Leccia, porte-parole des Écologistes du Gard déclare : « Il est temps de changer de paradigme : plutôt que de traiter les pollutions a posteriori, nous devons les prévenir en amont. L’eau est un droit, pas une variable d’ajustement. Nous appelons à une mobilisation générale des élus, des citoyens et des acteurs économiques pour faire de sa protection un enjeu central des politiques publiques »*. Pour la santé de tous, pour la justice environnementale et pour les générations futures, nous avons besoin d’actions concrètes et immédiates.

M.P

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