Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 15.11.2023 - Coralie Mollaret - 2 min  - vu 650 fois

FAIT DU SOIR À Nîmes, des médiateurs pour recréer du lien avec les jeunes

L’association nîmoise Humanimes a investi un nouveau lieu baptisé "Le Cube" sur les hauteurs du quartier populaire de Valdegour.

L’association nîmoise Humanimes a investi un nouveau lieu baptisé "Le Cube" sur les hauteurs du quartier populaire de Valdegour.

- (Photo : Coralie Mollaret)

Les conseils départemental et régional ont mis sur la table 120 000 € pour permettre l’embauche de trois médiateurs. Pendant un an, ces derniers vont recréer du lien avec les jeunes, évitant ainsi leur isolement.

L’idée est née suite au drame survenu le 21 août à Pissevin avec le décès du petit Fayed, 10 ans. Une victime collatérale du trafic de drogue. Rapidement, les conseils départemental et régional décident de débloquer une subvention permettant à des associations d’embaucher des médiateurs. Une somme de 120 000 € est mise sur la table - à raison de 90 000 € du Département et 30 000 € de la Région - servant à financer le projet « Anim’Médiations ».

Celui-ci est porté par trois associations : Humanîmes, l’Ufolep et Samuel-Vincent. Ce matin, leurs responsables ont présenté les trois médiateurs affiliés au projet : Ismaël, Yassine, Islam. Issus des quartiers dits prioritaires, le trio a depuis maintenant une semaine la lourde tâche « d’arpenter les rues et les abords des établissements scolaires pour rencontrer les habitants », plante Ahmed El Hanbali, président d'Humanîmes. L'objectif : « Réorienter les jeunes dans des lieux où ils vont pouvoir faire des activités et ne pas les laisser en errance. » Une errance qui peut, malheureusement, nourrir le trafic de stupéfiants. 

Leur emploi du temps a volontairement été fixé de 13h à 20h, réparti sur les quatre quartiers prioritaires (Valdegour, Pissevin, Chemin-Bas-d'Avignon et Mas de Mingue) : « On a besoin de rencontrer les jeunes au moment où ils sont dehors. » Le projet Anim'Médiations est chapeauté par Humanîmes avec l’embauche de deux animateurs. L’association Samuel-Vincent fournit le coordinateur et l’Ufolep, qui recruté le troisième animateur, propose des animations sportives et culturelles les mercredis et samedis.

« Le dealer n’est pas qu’un dealer, c’est aussi le frère de… »

« Les jeunes parlent naturellement aux jeunes », poursuit Ahmed El Hanbali. Comme ses jeunes, le président assure que « ces dernières années, il y a un fossé qui s’est creusé avec une baisse des services publics, un accès plus faible à la culture et aux sports ». Le directeur de l’Ufolep, Florian Bailly, qui a acquis de nouveaux locaux de 1000 m2 au parc Kennedy l’atteste : « Il y a peu d’offre si ce n’est du football ou de la boxe et la pratique sportive des filles est manquante. »

Pour le directeur de Samuel-Vincent, David Payan : « Sécurité rime avec lien. » À propos des dealers qui sévissent dans le trafic de drogue, il pousse à regarder la problématique sous un nouvel angle : « Ces jeunes ne sont pas que des dealers, ce sont aussi des frères, des joueurs d’un club de foot… Ils ne regardent pas les médiateurs de manière malveillante. Au contraire. Ils ne veulent pas que leurs proches tombent dans le trafic. »

Des propos que complète Ahmed El Hanbali : « Quand il y a un décès ou une fusillade, certains ont peur et ont envie de s’en sortir. Ils viennent nous voir. » Le projet expérimental Anim’Médiations doit durer un an. L’avenir dira s’il sera pérennisé et si l’État, comme l’avait indiqué le ministre de l’Intérieur en déplacement à Nîmes cet été, participera également financièrement au projet.

Coralie Mollaret

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