Tout a commencé dans les années 1980, lorsque trois frères, Patrick, Olivier et Gilles Prévôt, se lancent dans l’aventure automobile avec une ambition : créer des véhicules « épiques ». Leur première tentative, la AC Cobra, trop complexe à produire en série, les pousse à se réinventer. Après des années de prototypes et de répliques audacieuses, en 1998 l'entreprise est rachetée par deux repreneurs qui décident de se lancer sur la partie constructeur automobile. Leur credo ? Allier l’esthétique intemporelle à la performance mécanique, avec une touche d’audace artisanale.
Aujourd’hui, PGO produit entre 35 et 50 véhicules par an, un rythme volontairement limité pour garantir une qualité irréprochable. « Nous ne sommes pas des perturbateurs environnementaux, mais nous devons relever un défi de taille : 2035 et l’électrification », confie Fabrice Bernier, directeur industriel depuis six ans. Un défi d’autant plus complexe que les modèles PGO, légers et compacts, laissent peu de place pour des batteries sans sacrifier leur âme mécanique.
Des voitures sculptées à la main
Chez PGO, chaque voiture naît d’un processus minutieux, où le temps se compte en centaines d’heures. « Fabriquer un véhicule, c’est comme sculpter une œuvre d’art, une voiture prend 300 heures de travail », explique Fabrice Bernier. Le châssis, souvent en titane, est traité contre la corrosion avec des techniques inspirées de l’aéronautique. Les carrosseries, en résine et fibres, sont moulées et poncées à la main, jusqu’à obtenir une surface « aussi lisse que de la soie ».
L’assemblage, lui, relève du puzzle de précision. 1 086 pièces composent chaque modèle, et aucune ne doit être oubliée. « Si on en oublie une, c'est un peu comme chez IKEA où on se retrouve avec la pièce manquante dans le salon. On n’a pas le droit », s’amuse un technicien. Les véhicules subissent ensuite 1 200 tests d’homologation, des freins aux crash-tests, pour garantir une sécurité à toute épreuve. Une homologation qui prend énormément de temps et d'argents pour l'entreprise "C'est très cher, quand vous faites un crash, vous en faites une dizaine, et aujourd'hui, on en parle en dizaine de millions d'euros pour tester les voitures ". Malgré un actionnaire du Koweït qui détient, depuis 2005, 98 % de la boite, l'entreprise veut rester à taille humaine.
L’art de la personnalisation
Chez PGO, la personnalisation n’a pas de limites. « Si un client rêve d’une couleur unique, on peut analyser sa chemise préférée et reproduire sa teinte exacte », révèle Fabrice Bernier. Les intérieurs, souvent en cuir brodé main par des artisans locaux, sont des pièces uniques. « Nous sommes capables de réaliser tout ce que le client imagine, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. »
Les modèles phares, comme la Cévennes (le plus vendu), la Speedster 2 ou la Héméra, partagent la même mécanique : un moteur BMW 6 cylindres en position arrière, 184 chevaux, et une accélération de 0 à 100 km/h en quatre secondes. « C’est un karting sur route, avec le confort d’une GT », résume un ingénieur.
Un avenir entre tradition et innovation
Malgré les défis réglementaires et la pression de l’électrification, PGO mise sur son agilité. « Nous travaillons sur des nouveaux projets, en partenariat avec d’autres constructeurs, pour habiller différemment une même base mécanique », glisse Fabrice Bernier. C'est le cas avec cette Héméra GT, qu'elle a dévoilé devant les entrepreneurs de Gard Entreprises qui a organisé la visite. "On a créé un partenariat avec une entreprise qui fait des kits de course, qu'on a appliqué sur une voiture série qui peut rouler en circuit."
En plus de la Héméra, PGO a aussi dévoilé la Sarab (mirage en arabe), voiture de course qui peut être aussi future voiture de route, pour une clientèle de gentlemen drivers, amateurs de sensations fortes le temps d’un week-end.
« Nous ne sommes que 30, mais nous faisons des choses dignes des grands groupes », conclut Imen Abdennebi, PDG depuis deux ans et demi. Une fierté palpable, dans ces ateliers où chaque voiture raconte une histoire – celle d’une équipe cévenole qui perpétue l’artisanat automobile français.