Publié il y a 11 jours - Mise à jour le 13.03.2025 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 972 fois

FAIT DU SOIR Deux tours bientôt « foudroyées »

L'ancienne cité Matisse sera bientôt démolie (Photo Anthony Maurin).

Les tours Matisse, à Pissevin, abritaient les étudiants pensionnaires du Crous. Elles seront bientôt détruites par implosion et devraient s’effondrer sur elles-mêmes si tout se passe bien.

Tour Matisse présentation foudroyage (Photo Anthony Maurin)
La présentation de l'opération foudroyage des tours Matisse (Photo Anthony Maurin)

Les deux tours peuvent appeler un imaginaire digne de Tolkien. Oubliez cela ! C’est un repère qui en vaut un autre. Certains anciens se localisaient grâce à la Tour Magne, mais le Nîmois « moderne » a d’autres solutions… Quoi qu’il en soit, les hautes tours Matisse ne feront bientôt plus partie du paysage. Chef de fil du mouvement fauviste, Henri Matisse a donc donné son nom à ses deux tours. Lui qui aimait user de la couleur… Ici, à Pissevin, les tours sont ternes, vieillissantes, inadaptées au mode de vie actuel. Ne plus les voir ne sera pas une grande perte visuelle !

L'ancienne cité Matisse sera bientôt démolie (Photo Anthony Maurin).

La ville change. Le quartier Pissevin, situé à Nîmes, bénéficie depuis 2017 d’un vaste plan de transformation dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Plus de 470 millions d’euros sont investis par l’ensemble des partenaires. En complément de ce vaste chantier, l’Opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (ORCOD-IN), lancée en mars 2022, intervient spécifiquement sur 12 copropriétés en difficulté, totalisant plus de 1 600 logements.

Après un premier tir d’essai pour s’assurer de la bonne marche de la destruction, pardon, du foudroyage programmé le dimanche 6 avril 2025, les choses avancent normalement. Ce que confirme le préfet du Gard, Jérôme Bonet : « Nous entrons réellement dans la phase opérationnelle, une des plus grosses opérations de renouvellement urbain en France. Plus de 500 millions d’euros sont mobilisés pour changer la vie des gens qui habitent ici, car cette action vient en supplément au NPRU, dans le cadre de l’ORCOD-IN. On ne fait pas que démolir ! On construit et dans quelques semaines nous poserons des premières pierres. »

L'enjeu principal pour les pouvoirs publics est de pouvoir mener rapidement la démolition de ces tours désaffectées tout en diminuant au maximum les étapes les plus bruyantes de la démolition. C'est la raison pour laquelle plusieurs techniques ont été analysées et la technique du foudroyage a été retenue. La technique du foudroyage permet un effondrement contrôlé des tours sur elles-mêmes en quelques secondes. Contrairement aux méthodes traditionnelles de déconstruction (grignotage et écrêtage employés dans le secteur ces derniers temps) qui se déroulent sur plusieurs mois, cette opération concentrera les travaux destructifs sur une seule journée, réduisant ainsi l'impact sonore, les poussières et les perturbations de circulation.

Et le préfet de poursuivre : « Pour la première fois dans le quartier, c’est la technique du foudroyage qui a été choisie et qui est préparée depuis 15 mois, lors de multiples réunions avec plusieurs services. Le quartier est habité, sur le terrain le Jour J seront engagés plus de 400 personnels. Cette opération marque le fait d’un engagement collectif, il n’y a pas que la sécurité ! » Vice-présidente de Nîmes métropole en charge du dossier et conseillère municipale de Nîmes, Géraldine Rey-Deschamps est heureuse de ce nouveau chantier : « Le foudroyage permet de marquer ce moment important dans la vie de la ville et du quartier. C’est une opération d’envergure aux moyens logistiques considérables pour transformer le paysage urbain. »

Pour l’occasion, la sécurité sera primordiale et les collectivités ont pris des décisions. Le jour J, un périmètre de sécurité sera instauré sur une distance d'environ 200 mètres autour des tours. Les études relatives à ce périmètre ont conduit à y intégrer les entrées qui vont du 16 bis au 29 de la rue Matisse, la longue barre de la copropriété Soleil Levant, les commerçants de la galerie Trait d'Union, cinq pavillons, la ferme pédagogique de Pissevin et les écoles Lakanal et Henri-Wallon. Les bureaux de la DDTM du Gard sont aussi concernés. Le travail de recensement a été assuré par l'entreprise Citémétrie.

La sécurité des habitants étant la priorité absolue, tous les résidents et commerçants situés dans cette zone seront évacués le temps du foudroyage, c’est-à-dire toute la journée du 6 avril. Les habitants seront pris en charge sur la journée par l'Établissement public foncier et ses partenaires.

Tours Matisse (Photo Archives Anthony Maurin)
Au milieu des tours existait un bâtiment qui est déjà détruit. (Photo Archives Anthony Maurin)

Alors que son père était le chef de chantier d’un autre tour (Pollux) du quartier, l’élue nîmoise ajoute : « Nous allons accueillir les habitants, s’ils le veulent, à la Halle des sports Ludivine-Furnon pour qu’ils y passent la journée avec quelques activités, collation et repas, et qu’ils voient en direct sur écran le foudroyage. Si certains pensent que la rénovation urbaine patine, rendez-vous le 6 avril ! »

Les tours Matisse n’accueillent plus d’étudiants depuis juillet 2022. Les habitants du quartier, riverains dans les 200 mètres du périmètre de sécurité, devront déplacer leurs véhicules sur un parking gardienné pour l’occasion. Le déroulé de cette journée spéciale ? Les résidents seront évacués à 7h, une fois que le périmètre sera bouclé. Ensuite ? Viendra le moment de lever le doute en inspectant les recoins du site. Entre 10h et 11h, les procédures de sécurité seront lancées pour un tir prévu à 11h. Nouvelle levée de doute entre 11h30 et midi et retour à la normale en fin de journée après un petit nettoyage des lieux.

Sophie Lafenêtre, directrice de l’Établissement public foncier d’Occitanie sait que l’opération est costaude. Mais le foudroyage a été choisi pour de nombreuses raisons. « Ce genre de technique permet un effondrement des tours sur elles-mêmes sans empiéter sur la voie publique et durent souvent quatre mois de moins qu’un chantier de grignotage. Les nuisances sonores sont aussi moindres sur l’ensemble du secteur, mais c’est plus complexe à mettre en place. C’est pour cela que nous avons pris une entreprise et un maître d’œuvre spécialisés. Il y aura un décalage de quelques microsecondes entre les détonations et le foudroyage des deux tours. »

On parle quand même de deux tours de 12 étages et composées de 598 chambres qui équivalent à 20 000 m2 de surface de plancher, à 10 000 m3 de gravats et à 20 000 tonnes de béton et ferraille pour un coût total de l’opération de 3,5 millions d’euros.

La présentation de l'opération foudroyage des tours Matisse (Photo Archives Anthony Maurin)
Géraldine Rey-Deschamps, Jérôme Bonet et Sophie Lafenêtre (Photo Anthony Maurin)

« Nous avons dû recenser les habitants concernés, communiquer en continu, gérer la manière d’évacuer les 650 personnes dont 450 seront accueillies à la Halle des sports », conclut Sophie Lafenêtre. Et après ? La fin du chantier est prévue pour la fin 2027. Il n’y aura pas de trou béant comme ce fut le cas pour l’ancien théâtre, non. Cet espace aura droit à des aménagements de transition qui sont encore à l’étude. Des logements viendront, enfin, avec des rez-de-chaussée actifs et probablement des services publics, faire renaître ce secteur du quartier Pissevin. Mais tout ça… Ce ne sera pas avant quelques années.

Anthony Maurin

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