« On ne peut pas y faire grand-chose, c’est comme ça, on le sait. Qu’on soit né ici ou qu’on y emménage, tout le monde est mis au courant, le Vidourle sort de son lit comme un diable de sa boîte ! », lance un Sommiérois pas né de la dernière pluie.

Parlons-en, justement, de la dernière pluie. Cela faisait quelques jours que l’Hérault était sous l’eau et que dans le Gard les choses tenaient le coup. Si Nîmes n’a rien eu ou presque, Sommières, autre cité habituée des inondations, a connu un réveil humide, les pieds dans l’eau pour une bonne partie de la cité antique.

Antique ? Bien sûr ! Sommières était sur la via Domitia et le pont, majestueux, qui saute le Vidourle pour rejoindre le cœur de la ville, est bien romain ! « Vous voyez, le pont a été construit suffisamment haut, l’eau passe encore dessous à l’heure actuelle. Pourtant, les parties basses de la ville sont sous l’eau ! À l’époque, on ne construisait pas n’importe où, on avait de la mémoire… », évoque une commerçante.

De part et d’autre du pont romain, sur une centaine de mètres, l’eau n’a pas sauté de son lit. Par contre, pour les extrémités des quais Gaussorgues et Cléon-Griolet, c’est une autre histoire. Des arènes à la place du marché (Docteurs Dax), puis de la rue de la Grave à l’avenue Émile-Jamais (route d’Aubais), quelques centimètres ou décimètres d’eau stagnante.

Marie-Françoise ne semble pas étonnée, mais inquiète : « On a hélas trop l’habitude, c’est une histoire sans fin. J’ai, un temps, voulu déménager, mais pour aller où ? Ça fait 70 ans que j’habite ici. Quand il pleut, on a nos réflexes, pas toujours les bons, mais on sait que la situation peut empirer rapidement. Je n’ai pas dormi chez moi cette nuit et ce matin je viens voir si j’ai bien fait. Ma maison est là, l’eau est entrée au rez-de-chaussée, comme chaque fois quand il y a une vidourlade, mais je le sais, alors mes enfants m’aident pour mettre les choses en hauteur. Ils préfèrent que je dorme chez eux pour éviter que je me retrouve en danger, coupée du monde ou dans l’obligation d’appeler le secours. »

Une vidourlade de plus en moins ! C’est ce que pourraient se dire ces Sommiérois. Ils en ont vu d’autres et espèrent même en voir encore mais pour eux, pas question de déménager ! « Chaque territoire a ses risques. Je suis incapable de vivre en montagne ou dans une grande ville, je me sens bien ici, donc je resterai ici ! », philosophe René. Son voisin de comptoir dodeline de la tête. « Tu sais, en 2002, je venais d’arriver et j’ai eu la peur de ma vie, alors fais quand même attention avec nos vidourlades ! On peut en mourir ! »

Sans commune mesure avec celle de 2002, la Vidourlade édition 2025 restera tout de même dans les mémoires… Jusqu’à la prochaine !