"Il va falloir se retrousser les manches". Au mois de septembre, le discours du préfet Georges-François Leclerc - depuis remplacé par Jacques Witkowski - n'avait pas convaincu les opposants au projet de création d'une ligne aérienne THT entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos, porté par RTE. Parmi lesquels, Cédric Bernardi, riziculteur et éleveur de chevaux de race Camargue. Cyril Marès, président de la Copa 30 et de l'AOC des Costières de Nîmes, osait lui encore y croire, attendant un positionnement plus clair de l'État sur ce qu'il qualifie de "cicatrice". Quand d'autres, les porteurs de projets sur la zone Fos-Étang de Berre, considèrent cet alignement de pylônes comme "une colonne vertébrale". Les réponses aux demandes de précisions et recommandations - non contraignantes - formulées par la Commission nationale du débat public (CNDP*), étaient donc très attendues.
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Elles devaient tomber au plus tard le 13 décembre, il aura fallu attendre cinq jours de plus. Dans son rapport, l'État réaffirme la nécessité d'augmenter d’au moins 4 GW la puissance électrique disponible à l’horizon 2030, "pour tenir l’objectif de décarbonation et de réindustrialisation de la deuxième zone industrielle la plus émettrice de gaz à effets de serre en France". "En réponse aux préoccupations exprimées par les participants au débat public, est-il écrit, l’État confirme que les enjeux environnementaux seront considérés comme des enjeux de premier ordre dans le cadre de l’instruction des autorisations requises pour ce renforcement." Et finalement, demande "à RTE de poursuivre les travaux nécessaires relatifs au renforcement du réseau électrique, afin de répondre à l’objectif de fournir 4 GW en 2030 aux industriels de la zone de Fos-Étang de Berre."
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Une position "scandaleuse" pour le collectif THT 13-30, lequel avait défendu bec et ongles une solution alternative et dénonce aujourd'hui une décision qui entérine, sans l’énoncer explicitement, le choix d’une solution aérienne. Et ainsi l’implantation sur le territoire de vingt câbles portés par 180 pylônes de 60 à 80 mètres de hauteur. "L'État a décidé de passer en force", fustigent les opposants aux géants de fer, appelant à une large mobilisation contre ce projet. Dans un communiqué, le collectif Stop THT 13-30 "alerte sur la colère croissante des citoyens, des agriculteurs et des élus locaux, qui ne laisseront pas saccager leurs paysages, leur cadre de vie, leur économie touristique et agricole, et leur avenir." Et le même de poursuivre : "Une bataille juridique s'engage désormais au niveau national et européen, qui retardera de toute façon la mise en œuvre du projet et l’empêchera probablement. Chaque décision administrative prise par l’État en faveur de la ligne aérienne ou en faveur des projets des industriels fera l’objet d’un recours devant les juridictions compétentes." Une réunion est prévue en début d'année 2026, pour déterminer les actions citoyennes, juridiques et politiques à suivre.
*Autorité indépendante chargée de garantir le droit à l’information et à la participation de toutes les personnes aux décisions qui concernent l’environnement.