Publié il y a 4 h - Mise à jour le 04.05.2025 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 337 fois

GARD Agriculteurs et politiques parlent de l’avenir du terroir gardois

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)

Agriculture et politique, face à face (Photo Anthony Maurin)

Une discussion libre autour d’un petit-déjeuner était organisée entre les agriculteurs et les politiques gardois.

Julien Sanchez, député européen, Nicolas Meizonnet, Pascale Bordes et Sylvie Josserand, députés des 2e, 3e et 6e circonscriptions du Gard, ou encore Jean-Pierre Fuster, conseiller du canton de Beaucaire, étaient présents pour parler avec les agriculteurs.

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
Des discussions ouvertes, souvent passionnées (Photo Anthony Maurin)

Flou artistique global, prix minimum à l’achat (à l’agriculteur), incitation à l’installation pour la jeunesse, problématiques de l’eau et du changement climatique, fraude et malveillance, augmentation des charges et du coût des matières premières, types de productions, accès à l’eau, traçabilité, produits phytosanitaires pour traiter les récoltes, foncier et friches en perspective, normes étouffantes, loi Évin… Tous les sujets pouvaient être mis sur la table des discussions.

Avec eux pour en parler, David Sève, patron gardois de la FDSEA, Anthony Bafoil, président des caves coopératives gardoises, Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs 30 et Magali Saumade, présidente de la Chambre d’agriculture du Gard.

À Calvisson, sur l’exploitation de Nicolas Boudon, l’agriculture locale espérait une protection plus effective des lois françaises pour essayer de sortir d’une crise qui s’éternise.

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
Anthony Bafoil, Davide Sève, Romain Angelras, Nicolas Boudon et Magali Saumade face aux élus de la République (Photo Anthony Maurin)

C’est lui qui lance les débats en présentant son travail. « Je suis content de recevoir une telle réunion avec autant de députés et de politiques, cela devrait leur permettre de connaître ce que l’on fait, nos produits de qualité et les combats que nous menons. »

Basé sur une exploitation agricole familiale active depuis ses arrière-grands-parents qui est passée d’une quinzaine d’hectares à l’époque à plus de 200 aujourd’hui, Nicolas Boudon produit 120 hectares de vigne en coopérative, 100 hectares en maraîchage et 15 hectares en asperges vertes.

« Depuis 50 ans, et j’ai 50 ans aujourd’hui, on a sacrifié l’agriculture française. Nous sommes face à des agriculteurs étrangers, même en Europe, qui ne travaillent pas aux mêmes coûts, qui n’utilisent pas les mêmes produits et qui n’ont pas les mêmes soucis environnementaux et sanitaires, sans parler de la main d’œuvre ! »

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
L'arrière de l'exploitation de Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)

Sa maison plantée sur sa propriété, comme tout bon agriculteur raisonnable, Nicolas Boudon et les siens sont heureux de vivre ici. Eux, ils ne font pas n’importe quoi ! « Quand on utilise des produits chimiques, c’est qu’il le faut, sinon on perd notre récolte. Nous vivons au milieu de nos terres, c’est notre environnement direct, nous ne sommes pas fous, nous voulons préserver tout ça ! »

Autre défi à relever, un défi qui tient au cœur de Nicolas Boudon, la souveraineté alimentaire. « Je suis prêt, mais il faut s’en donner les moyens… Nous avons le savoir-faire mais on ne peut pas vivre en étant dépendant des autres… Le travail à faire est énorme ! »

Et sur le secteur de Calvisson, terroir sur lequel est implantée la société des Boudon, le monde va changer. « Nous apportons un dossier pour accroître notre demande en eau. Il y avait des coopératives ici dans un passé encore récent, elles ont toutes fermé. La solution ? On pourrait accorder de l’eau pour le maraîchage, mais il faut faire aboutir le dossier. Si la vigne disparaît, nous devons entretenir le paysage avec une autre culture, pourquoi pas le maraîchage ? Il faut y réfléchir et regarder le territoire dans son ensemble. »

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
Une partie de la production de Nicolas Boudon, des asperges vertes (Photo Anthony Maurin)

David Sève, président de la FDSEA du Gard, Romain Angelras, président des Jeunes Agriculteurs du Gard, et Anthony Bafoil, sans oublier Magali Saumade, ont ciblé des revendications à faire aboutir ou des leviers à mettre en place. Simples, aisément compréhensibles, en voici quelques-unes.

« Nous voulons un revenu digne pour chaque filière et que la prime d'arrachage soit non soumise à la fiscalité et aux cotisations sociales. Nous faisons également appel à la Commission européenne afin que cesse la distorsion de concurrence avec les pays tiers, et ce, en adoptant une réglementation qui prévoit l'interdiction, sur le territoire de l'Union, des denrées alimentaires n'ayant pas été produites selon les normes phytopharmaceutiques européennes. »

Les syndicalistes développent leurs requêtes en apportant systématiquement des solutions afin que les politiques en présence puissent faire remonter ce qu’ils ont compris aux plus hautes autorités.

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
Agriculture et politique, face à face (Photo Anthony Maurin)

« Nous demandons que la réglementation française soit appliquée sur tous les produits vendus en France. Un fruit ou un légume traité avec un produit interdit en France ne devrait pas être vendu sur les étals français. Dans le même registre, nous demandons à l'État français de durcir les sanctions sur les étiquetages trompeurs. »

Avec plus de 4 000 hectares arrachés en 2024 dans le Gard, sur un total de terres cultivées qui s’étalait sur 55 000… On voit bien que l’agriculture locale tire la langue. Seule, elle ne gagnera pas cette bataille de longue haleine.

« Pour remédier aux lacunes du nouveau dispositif assurantiel, nous demandons d'écarter les années d'aléas climatiques des années de référence utilisées dans le calcul de la moyenne olympique ou de se référer au barème départemental pour les années de sinistres avérées que ce soit pour les assurés ou non. Ceci permettrait de conforter nos moyennes déjà très dégradées du fait de la récurrence des aléas climatiques dans le Gard. »

Agriculture politique Calvisson FDSEA JA chambre agriculture Nicolas Boudon (Photo Anthony Maurin)
Il faut parler pour avancer. C'est le choix des agriculteurs et des politiques (Photo Anthony Maurin)

N'oublions pas que l’agriculture locale devait percevoir 15 millions d’euros (de la Région) pour estomper les malheurs du manque de récolte et neuf millions d’euros (du Ministère) fléchés pour les nouveaux installés (moins de 300 000 euros distribués). Hélas, ces aides ne seront pas données aux Gardois (ou qu’à une infime minorité) qui ne rentrent pas dans les critères. Déception, incompréhension, colère, résignation.

Les agriculteurs espèrent la mise en place d’une commission ADHOC (Banque, MSA, Impôts, CER, ...) qui accompagnerait les agriculteurs en grande difficulté par un programme de solutions avec un dispositif d'aides pour les jeunes agriculteurs ayant réalisé des investissements. Autre requête, que le vin soit reconnu au patrimoine national et que la loi Évin soit assouplie pour que chaque vigneron, chaque cave puisse promouvoir ses vins.

Enfin, l’agriculture gardoise désire que la Direction départementale pour la protection des populations accorde l'agrément (temporaire) pour permettre la réouverture de l'abattoir d'Alès qui est un outil indispensable pour nos éleveurs et la diversité de l'agriculture gardoise. Peut-être aura-t-on une réponse d’ici la fin du mois…

Anthony Bafoil, Davide Sève, Romain Angelras, Nicolas Boudon et Magali Saumade face aux élus de la République (Photo Anthony Maurin)
Au boulot, les dossiers sont nombreux et épais (Photo Anthony Maurin)

Vous l’avez compris, la seule chose qui va pouvoir sauver l’agriculture gardoise, c’est la volonté politique car les agriculteurs sont encore passionnés et motivés par les nombreux défis qu’ils doivent relever. Quoi qu’il en soit, il faudra agir vite, très vite, notamment en poussant en avant la typicité de notre belle agriculture méditerranéenne avec, comme suggéré par Julien Sanchez, la venue d’une délégation des membres de la commission européenne dédiée à l’agriculture pour que le Gard ne soit pas oublié au profit des gros lobbys…

Anthony Maurin

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