Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 12.07.2024 - Abdel Samari avec Sacha Virga - 4 min  - vu 9269 fois

GARD Alexandre Allegret-Pilot épinglé par Le Monde : Michel Sala porte plainte, le député lui répond sèchement

Alexandre Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription du Gard. 

Alexandre Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription du Gard. 

- Nina Rafati

Le nouveau député gardois explique avoir tout simplement fait son travail. Et attaque lourdement Michel Sala et Le Monde.

C'est une enquête de nos confrères du Monde, Vanessa Schneider et Ivanne Trippenbach, qui jette le trouble sur le néo-député RN-Ciotti de la 5ᵉ circonscription du Gard, Alexandre Allegret-Pilot. Ce dernier répond à Objectif Gard.

Le 5 juillet, deux jours avant le second tour des élections législatives, Alexandre Allegret-Pilot en campagne sur le territoire des Cévennes face au député sortant LFI Michel Sala, aurait signé un arrêté au nom du ministre de l’Économie. En qualité de haut fonctionnaire à Bercy, chargé des restructurations des entreprises, il aurait validé une aide financière de 1,3 million d’euros à une société dénommée Vitis Gallica.

Selon Le Monde, la société en question n’existerait pas, ou du moins pas encore. "Nulle trace de ses statuts au registre du commerce. Seul un compte très confidentiel sur le réseau social X (10 abonnés) porte ce nom, avec une description sans équivoque : « Patriote, vigneron, boxeur, contre l’Islam et le multiculturalisme en France. Tu t’intègre ou tu te barre » (sic)", explique le quotidien du soir. Il semble qu'à l’origine, Alexandre Allegret-Pilot avait autorisé cette aide en décembre 2023 à une autre société : l’entreprise d’hélicoptères MBH Samu, domiciliée à Annemasse, en Haute-Savoie, à 30 kilomètres de son village.

Interrogé par Le Monde, le nouveau député gardois explique avoir appliqué la décision de Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie et des Finances. Une information totalement contestée par le cabinet du ministre. Qui dit vrai ? L'arrêté, non conforme, va être supprimé selon Bercy.

Cette nouvelle fait forcément réagir localement. Catherine Daufès-Roux, ancienne députée de l'ex-majorité présidentielle, la première : "Sur la 5e : un premier candidat RN pas vraiment net et débranché au dernier moment, remplacé par Allegret-Pilot parachuté avec un CV alléchant et bien propre. Or, son appel indélicat et déplacé a confirmé mes soupçons quant à son dévouement pour notre territoire et ses basses ambitions. Ces dernières révélations par voie de presse ne peuvent que confirmer un comportement qui n’est pas digne d’un député de la nation. Les électeurs de la 5e ont été bernés !!!" 

Michel Sala, battu par le candidat RN-Ciotti ,va plus loin : "Je viens d’apprendre les nouvelles turpitudes de M. Allegret-Pilot, par un article du Monde en date d’hier. Loin d’être étonné par son comportement, l’article fait état de son « don d’ubiquité ». Le 5 juillet 2024, il est à la fois candidat aux législatives et collaborateur du ministre de l’Économie signant un arrêté. Et pas n’importe quel arrêté ! Il verse 1,3 M€ à une société qui n’existe pas. Cela vient s’ajouter à tous les mensonges et propos odieux qu’il a proféré pendant la campagne électorale. Le Gard, la 5ᵉ circonscription, les Cévenol(e)s ne méritent pas ces candidats d’extrême droite et en particulier ce sinistre personnage. Je porterai plainte contre tous ses propos infamants et me réserve le droit de contester le scrutin si des irrégularités sont avérées."

Contacté par notre rédaction, Alexandre Allegret-Pilot se défend :

Objectif Gard : Michel Sala annonce porter plainte contre vous. Votre réaction ?

Alexandre Allegret-Pilot : Michel Sala poursuit sa démarche à la fois diffamatoire et outrancière depuis le début de la campagne législative. Je pense que cela n'apporte pas grand-chose au débat public sauf à traîner maladroitement son adversaire dans la boue sur la base d'allégation infondée.

Les informations de nos confrères du Monde sont graves si elles sont avérées. Avez-vous versé de l'argent à une entreprise qui n'existe pas ?

Il ne peut pas y avoir de prêt si l'entreprise bénéficiaire n'existe pas. C'est la base d'un cours de droit. J'invite Michel Sala à s'inscrire à l'université, il s'épanouira davantage que dans la politique. J'étais en poste à Bercy a minima jusqu'à la fin de la campagne. Quand on a des engagements professionnels, et que des entreprises et des travailleurs dépendent en partie de votre action, vous ne pouvez pas faire autrement.

Vous ne répondez pas à la question...

Vous n'avez pas compris que ce sont les cadres de Bercy de la Macronie qui veulent saborder les figures montantes de la Droite à l'Assemblée nationale. Cela ne surprend personne. Ils essaient toutes les démarches maladroites. Moi, j'ai agi dans un cadre réglementaire. Pour expliquer à M. Sala, car il a dû sécher les cours de budget à l'Assemblée nationale. L'arrêté en question ne verse aucun argent. Il gèle un montant. Après, il faut une décision du ministre, la conclusion d'un contrat de prêt avec BPI France. Et le respect de nombreuses conditions particulières fixées par Bercy. Aucun fonds ne peut-être versé sans tout ce processus réglementaire. C'est peut-être un peu trop technique pour Michel Sala. Mais je me tiens à sa disposition pour lui expliquer directement.

Vous accusez aussi Le Monde...

L'une des journalistes du Monde qui a écrit ce papier n'est autre que la compagne du conseiller spécial de Gabriel Attal. La ficelle est gigantesque. L'idée, c'est de couper des têtes de quelques personnes qui peuvent émerger à Droite. Moi, je suis carré. Je suis fier de l'avoir fait, c'était difficile, car je n'avais pas que cela à faire. J'ai pris mes responsabilités.

L'ex-député Sala parle de possibles irrégularités pendant la campagne également...

Je suis d'accord avec Michel Sala sur les irrégularités de la campagne. Mais de sa part, on m'a traité de tous les maux. Homophobe, antisémite, raciste et même jusqu'à dire que j'appelais au meurtre. J'ai d'ailleurs déposé une plainte au pénal au Vigan, il y a quelques jours. Est-ce qu'il est nécessaire de rappeler à M. Sala son mandat fantoche ? Moi, j'ai peut-être le don d’ubiquité, lui peut-être le don de se cacher. Aujourd'hui, il tente le tout pour le tour, car il n'a rien à avancer sur le fond.  

Un mot sur votre rentrée à l'Assemblée nationale cette semaine ?

J'ai rencontré des membres de mon groupe, mais aussi d'autres groupes parce qu'il va falloir travailler de façon transpartisane. Je suis en train de choisir la commission dans laquelle je vais travailler. Quant à Michel Sala qui est désormais hors jeu, qu'il aille à la pêche, y a beaucoup de choses à faire dans le Gard. Qu'il profite. Cela ne sert à rien d'être aigri comme cela. Je lui envoie tout mon amour malgré tout.

Abdel Samari avec Sacha Virga

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