Opération « Fortitude ». C’est le nom choisi pour cette opération par les agriculteurs. Fortitude ? Selon certains très récents dictionnaires en ligne, on définit le mot ainsi. « Par opposition au courage d'entreprendre des actions périlleuses, la fortitude est l’énergie morale devant le danger ou dans la souffrance, courage en endurant ou en subissant. »
Mais le nom n’est qu’un nom. La lutte demeure mais elle est, pour l’instant, silencieuse et placide. L’agriculture locale se meurt en silence et le monde regarde. Pour ne pas faire de vagues pour rien, car sans gouvernement on ne peut avoir aucune garantie, les syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs du Gard ont décidé de faire dans la pédagogie auprès des consommateurs.
Le but de la manœuvre était de faire un tour dans quelques grandes surfaces nîmoises et de voir si les articles vendus (et qui pourraient être produits ici) sont bien issus de là où ils sont « marqués ».
Comme toujours la surprise est sur les visages des clients comme de la sécurité du supermarché. La direction de Carrefour Nîmes a accompagné le cortège avec tact et compréhension, la visite a pu se faire sans tabou et avec parfois quelques discussions. Ces échanges pourraient faire bouger les lignes, mais ces groupes raisonnent bien souvent en macroéconomie.
D’autres échelles, d’autres enjeux. Quoi qu’il en soit, ici, dans le Gard, 70 % des exploitations agricoles ne gagnent pas d’argent ou, bien pire, en perdent. Et elles en perdent depuis des lustres ! Lisez bien. Comprenez. La colère est froide, est-ce encore de la colère ou du désespoir ?
Le Gard plus qu’un autre département a besoin de son agriculture. D’une agriculture forte et omniprésente. Le Gard est fait de pays, de terroirs, de paysages qui en fait un des départements les plus diversifiés de France.
Si l’agriculture n’occupe pas cet espace, que va-t-il devenir ? qu’est-il en train de devenir ? Que deviendront ces familles ancestrales dont le but premier était de vivre sur leurs terres pour nourrir les ventres urbains ? Les incendies, les inondations, tout un tas d’autres choses et, disons-le, les malheurs et les suicides qui suivent ces défaites.
Mais les agriculteurs gardois n’ont pas le temps de cogité, leur situation est réellement mauvaise. Il faut avancer alors, ils font comme ils font, le temps qu’ils le peuvent ou qu’ils le pourront, pendant que la société tourne à toute allure.
Face à cela, la fortitude ? Peut-être.