C’est l’histoire poignante de Bouchra, poignardée par son mari dans la rue, au quartier du Bosquet à Vauvert, en 2021. Et cette marche blanche qui a suivi, composée presque uniquement de femmes, qui passe devant les hommes assis au bar du quartier. C’est cette histoire-là, parmi d'autres, qui démontre que le combat est loin d’être terminé…
Une de plus
On a cru que cette histoire de violences faites aux femmes était en train de se régler inexorablement. Il n'en est rien, le sujet est sans cesse remis sur la table. La preuve, deux faits récents ont marqué les esprits ces derniers jours dans le Gard. Une enquête visant un formateur de l’École nationale de police de Nîmes, mis en examen après plusieurs accusations. Et la mise en examen d’un homme à Beaucaire dans un dossier de meurtre sur conjoint. Un féminicide de plus.
Jean Denat, maire de Vauvert, a ouvert la séance du jour, salle Bizet, sous l’œil attentif de Léa Pernelle, la jeune cheffe d’escadron, commandante de la compagnie de gendarmerie de Vauvert (30), qui couvre 37 communes et comprend 157 militaires répartis dans quatre unités territoriales. Une réunion coorganisée par Annick Nougé présidente de UDCCAS Gard afin de partager des bonnes pratiques, de connaître le bon interlocuteur et s’inscrire dans une dynamique qui doit se poursuivre. Transférer une compétence aux élus, dans un premier temps, c'est l'idée.
Jérôme Bonet rappelle l’ampleur des faits. « Il ne se passe pas un jour, encore ce matin, sans qu’il n’y ait une intervention ou une prise de plainte sur le sujet. Je voudrais rendre hommage aux forces de sécurité, parce que les progrès qui ont été faits sont considérables. Les premiers responsables des violences faites aux femmes sont les auteurs de ces violences, ne l’oublions pas », confie le préfet du Gard.
Le préfet enfile un instant son uniforme d’ancien flic et rappelle que la culpabilité ressentie par la victime est très forte et que la libération de la parole n'est pas simple. Que les solutions qui doivent être apportée nécessitent des ressources. Eh bien les voilà !
La justice aux aguets
La dimension judiciaire a été détaillée par Cécile Gensac, procureure de la République, de Nîmes, qui martèle qu’aucun combat n'est jamais gagné. Elle évoque les féminicides survenus ces derniers temps dans le Gard et explique comment la justice se muscle en matière de lutte.
« La semaine dernière et la semaine d'avant, nous tenions au sien de la juridiction deux instances particulièrement importantes. Tout d'abord, le comité de pilotage inter-juridiction sur les violences intrafamiliales qui nous permet de façon très régulière à la fois de vérifier l'avancée des projets partenariaux et également des situations individuelles qui peuvent être des signes d'alerte », indique la magistrate.
La journée du 25 novembre met en lumière une politique territoriale qui ne se limite pas à une commémoration annuelle. Le département fonctionne sur une coopération continue, un véritable maillage. Les équipes associatives, les services de l’État, les forces de sécurité et les collectivités échangent régulièrement. Les partenaires partagent leurs méthodes.
Maillage collectif
Parce que les élus se trouvent en première ligne, mais ne détectent pas tous les signaux et ne disposent pas de toutes les informations utiles. Cette situation souligne l’importance de ces réunions destinées à renforcer la prise de conscience et à diffuser les bons réflexes. « Sur ma commune, de 2023 à 2024, les faits de violences intrafamiliales ont doublé. C'est la croissance qui inquiète. Et ce qui inquiète aussi, c'est que ces faits apportés par la Gendarmerie, en mairie, on n'en a pas forcément connaissance », Philippe Ribot, président de l’AMF et maire de Saint-Privat-des-Vieux.
La rencontre a détaillé le cycle des violences conjugales, qui correspond à la plupart des violences faites aux femmes, selon Jérôme Bonet. Le processus évolutif d’un homme sur sa conjointe ou son ex-conjointe. Violences physiques, économiques, sexuelles ou désormais numériques… Un guide destiné aux élus et aux structures du territoire est désormais disponible afin de détecter les violences et savoir comment agir.
Ainsi, ce sont les communes qui restent un premier lieu d’alerte de ce dispositif renforcé, comme un totem. Le rôle des CCAS est d’identifier, orienter, signaler. Les élus doivent disposer d’un contact direct. Ils doivent pouvoir activer rapidement les dispositifs légaux : ordonnances de protection, hébergements d’urgence, solutions adaptées aux enfants.
La journée de Vauvert a rempli son rôle, celui de transmission d’outils, de clarification de la chaîne d’intervention et de la mise en lumière du maillage serré des acteurs du département.
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