Né en 1970, Yann Dumoget entame son activité artistique à la fin des années 80. À cette époque, il emprunte des panneaux de signalisation routière qu’il peint avant de les remettre en circulation.
Puis, au début des années 1990, parallèlement à ses études d’histoire de l’art à l’université Paul Valéry de Montpellier, il s’investit dans un groupe de rock jusqu’à devenir musicien professionnel pendant quelques années durant lesquelles il réalise décors, pochettes de disques, affiches et support publicitaires pour cette petite formation qui sillonne la France.
Quittant cette aventure pour un séjour de quelques mois outre-Atlantique, il décide à son retour de se consacrer exclusivement à la peinture, mais une peinture fortement influencée par la culture graffiti.
Après un parcours artistique d'une trentaine d'années qui l'a vu investir galeries et centres d'art en France et à l'étranger, Yann Dumoget est revenu s'installer récemment au Cailar sur les terres de son enfance.
C'est donc en voisin qu'il investit la Capitelle pour y présenter ses dernières recherches plastiques. Hommage à une représentation florale qui n'a cessé d'évoluer au fil de l'histoire de l’art, l’exposition « Post-Flore » en propose une déclinaison aux formes étranges et aux couleurs saturées qui évoque autant la beauté de la nature que l’artificialité d'un monde en plein bouleversement.
Pour l’artiste, « J’ai toujours aimé le célèbre aphorisme de Marcel Duchamp : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. » J’y vois une manière percutante d’énoncer qu’aucun acte artistique ne peut se penser indépendamment de son contexte de réception. Et se revendiquer peintre au début du 21e siècle se résume tout compte fait à s’entendre avec ses contemporains sur une idée de l’art et des artistes. Dans mon cas, l’expression est même à prendre au sens littéral, car j’ai tenté dès le début de traduire justement cette discussion en formes, de me servir de mes peintures autant pour initier une expérience de rencontre que pour garder ensuite les traces de ces moments d’échange et de partage. »
Les valeurs mises en avant dans la peinture partagée, altruisme, tolérance, hospitalité, solidarité s’affirmant résolument comme l’antidote nécessaire au constat pessimiste formalisé dans ses œuvres sur la crise.
Yann Dumoget constate que résonnent les craquements d’un monde en plein doute, laissant trop souvent la place à la peur et au repli. Ses préoccupations d’artiste ? Elles rejoignent celle du citoyen. « Je continue de rêver malgré tout à un partage raisonné du commun. Je continue à produire jour après jour quelques mètres carré d’utopie colorée en gardant à l’esprit qu’à l’heure où le totalitarisme paraît de plus en plus séduisant à certains, la démocratie n’est rien d’autre qu’une fragile tentative d’inventer des espaces permettant à chacun de donner de la voix. Alors, à mon échelle minuscule, je fais ma part. »