Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 11.03.2024 - Marie Meunier - 4 min  - vu 5421 fois

GARD RHODANIEN Après la crue de la Cèze, vient l'heure du nettoyage

Dans le village de Chusclan, les habitants nettoyent et évacuent l'eau des maisons.

- photo Marie Meunier

Ce dimanche, la Cèze était en crue. À Bagnols, le cours d'eau a atteint plus de 8,60m de haut. C'est plus qu'en 2014. Dans d'autres communes, certaines maisons ont été inondées. Le lendemain, les habitants sinistrés nettoient et mesurent l'ampleur des dégâts. 

Au bas du village de Saint-André-de-Roquepertuis, dans le quartier du Courau, l'humidité est encore très présente. La route est jonchée de trainées de boue et de graviers par endroits. Ce dimanche 10 mars, le niveau de la Cèze est fortement monté. Plusieurs tronçons de la route départementale 980 se sont trouvés inondés. L'eau est rentrée jusque dans les maisons du quartier du Courau. Un peu moins de 10 habitations seraient concernées, selon la maire, Fabienne Michel.

Dans un mas du quartier du Courau à Saint-André-de-Roquepertuis, tout le mobilier est perdu. • photo Marie Meunier

Ce lundi matin, l'édile faisait le tour des administrés pour répertorier les sinistrés. Sur les réseaux sociaux, elle a même lancé un appel à la solidarité pour aider des habitants à nettoyer. "Il y a aussi des personnes qui ne sont pas encore arrivées chez elles car ce sont des résidences secondaires", indique-t-elle. Pressentant la montée de la Cèze, la maire avait gardé son portable à côté pendant la nuit et a reçu l'alerte Predict qu'à 5h35 le dimanche matin. À peine s'est-elle rendue sur place que l'eau était là. Cette crue s'avère plus importante que celle de 2014. Malgré les dégâts, l'élue relativise, il n'y a pas eu de victimes sur sa commune. La veille à quelques kilomètres de là, deux femmes sont décédées, alors qu'elles traversaient un pont submersible sur l'Aiguillon entre Goudargues et Verfeuil. 

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Le quartier du Courau à Saint-André-de-Roquepertuis est exposé au risque inondation. Johann le savait mais pas à ce point-là. L'homme originaire du Vaucluse a racheté il y a deux ans le mas, situé le long de la RD980. Il y a son habitation et celle de son locataire. Les deux parties ont pris l'eau ce dimanche 10 mars. "On n'était pas là, on était en week-end. On n'a pas été averti. Il y avait un mètre d'eau dans la maison. Tout est remonté par les égoûts", retrace le propriétaire. Ne se doutant pas de ce qui allait arriver, il n'avait pas installé les batardeaux aux portes et fenêtres.

Un mètre d'eau est entré dans la maison. • photo Marie Meunier

Depuis ce lundi matin, bottes aux pieds, il nettoie, ventile les différentes pièces. Mais tout le mobilier est fichu. "La cuisine était neuve. Elle a été posée il y a une semaine", lâche-t-il. Son assurance devait lui envoyer une société de nettoyage. Il ignore encore comment récupérer les plaques de plâtre complètement imbibées. En attendant, il dormira chez quelqu'un. Sa voiture professionnelle a aussi eu de l'eau jusqu'au toit. Heureusement, tous ses papiers se trouvent à l'étage. 

Plus de 20 000€ de dégâts au camping de Saint-André-de-Roquepertuis

Un peu plus loin, en contre-bas de la route départementale est installé le camping La Plage, lui aussi touché par la crue. Au moment le plus fort, on ne distinguait plus que le toit du bâtiment renfermant le bar. Ce lundi matin, son gérant, Philippe Jacquier, est au téléphone avec une personne du Dolium, un autre camping de Laudun-l'Ardoise. Ils viendront à six demain avec des nettoyeurs à haute pression pour l'aider. Il peut compter sur la solidarité et l'entraide des confrères dans ces moments. 

Philippe Jacquier a repris le camping de Saint-André-de-Roquepertuis en 2018 tout en sachant que le terrain est inondable. "On se trouve dans le lit majeur de la rivière. En 2021, j'ai déjà eu 80 cm dedans. Là, il y a eu 1,80m", estime-t-il, la délimitation de l'eau étant encore visible sur les murs. Fort heureusement, le camping est fermé à cette période de l'année. Le matériel d'exploitation a été rangé à l'étage à l'abri du risque. Le 9 août 2018, un épisode exceptionnel l'avait contraint à évacuer les 300 personnes qui séjournaient alors sur place. "Avant 2014, il y avait assez fréquemment des crues à cette période de mars. Depuis, cela se produit plus souvent autour de septembre ou octobre", a-t-il remarqué. 

À la louche, il pense en avoir pour plus de 20 000€ de dégâts cette fois-ci. Les chemins sont totalement décaissés, l'aire de jeux décapée et surtout deux de ses 5 lodges ont été détruites par la puissance des flots. Les petits buissons délimitant les 85 emplacements du camping ont été arrachés, les prises électriques ont été sous l'eau, la barrière d'entrée bourrée d'électronique risque aussi d'être hors-service. "On doit ouvrir début mai. On sera prêt même si ça va nous coûter deux mois de boulot et de l'argent", atteste Philippe Jacquier. Dimanche, il voyait l'eau monter, "sans pouvoir l'en empêcher et ressentant une impuissance totale". La priorité ce lundi était avec son employé, d'évacuer à grandes eaux le limon qui s'est déposé dans le bâtiment en dur avant qu'il ne sèche. 

Distribution de bouteilles d'eau à Chusclan

D'autres communes bordant la Cèze ont été touchées par la crue, notamment celle de Chusclan, en aval de Bagnols-sur-Cèze. L'eau est rentrée dans plusieurs dizaines de maisons de ce village viticole d'un peu moins de 1 000 âmes. Le maire, Pascal Peyrière, retrace : "Dimanche, la Cèze a commencé à sortir de son lit à 8h. L'eau a commencé à arriver à 10h et le pic de crue a été atteint vers 21h le soir."

Pascal Peyrière, maire de Chusclan. • photo Marie Meunier

Dès 5h30 du matin, l'édile a réussi à alerter les propriétaires de tous les véhicules garés à proximité du cours d'eau sauf une qui a été noyée. Le plan communal de sauvegarde a été déclenché dès 4h30 du matin. Encore ce lundi, le premier magistrat s'affaire mais déplore l'incivilité des automobilistes bravant les panneaux d'interdiction pour rentrer dans le village pourtant en plein nettoyage. Lui aussi constate que cette crue était plus importante d'environ 40cm que celle de 2014. 

Les habitants de Chusclan, notamment le conseiller départemental, Patrick Scorsone en plein nettoyage.  • photo Marie Meunier

"Mais à part les nouveaux locataires, les gens ont l'habitude, ils savent s'adapter", témoigne l'élu. Depuis 14h ce lundi, des bouteilles d'eau étaient distribuées aux habitants à la salle Louis-Chinieu. Un camion devait ensuite emmener 30m3 d'eau. "On le fait par précaution car on a observé une turbidité de l'eau des robinets. Il faut dire que l'évacuation du forage a été sous l'eau", explique Pascal Peyrière. Ce dernier remercie vivement ses employés et notamment les services techniques municipaux qui sont à l'œuvre et se sont occupés entre autres de l'église qui a elle aussi pris l'eau. À plusieurs dizaines de kilomètres de là, sur le Gardon, les recherches continuent pour trouver les personnes encore portées disparues suite à cet épisode de crue. 

Dès 14h, ce lundi, a été organisée une distribution de bouteilles d'eau à la salle Louis-Chinieu. • photo Marie Meunier

Marie Meunier

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