GARD Un couscous interreligieux pour faire mijoter la fraternité

Le partage autour du couscous était le maître mot de la soirée.
- Romain FioreCe dimanche 18 mai, la salle des fêtes de Milhaud a accueilli un événement peu commun mais riche de sens : un couscous interreligieux organisé par le Comité Interreligieux Nîmois. Musulmans, juifs, chrétiens et citoyens de tous horizons se sont retrouvés autour d’un repas pour célébrer la paix, le dialogue et la fraternité. Une soirée conviviale et symbolique, placée sous le signe du vivre-ensemble.
Ce dimanche 18 mai, la salle des fêtes de Milhaud s’est transformée en un véritable chaudron de fraternité, d’échanges et de partage. À l’initiative du Comité Interreligieux Nîmois (CIRN), croyants et non-croyants, musulmans, juifs, protestants, catholiques et simples curieux se sont retrouvés autour d’un généreux couscous interreligieux. Une première dans la commune.
Dans une ambiance chaleureuse, plus de 150 convives ont partagé bien plus qu’un repas. “On ne fait pas que se nourrir, on tisse du lien”, résume le pasteure Titia Es-Sbanti, l’une des chevilles ouvrières de l’événement. Préparé par des membres de la communauté musulmane, le couscous est devenu ce soir-là un symbole puissant : celui d’un vivre-ensemble sincère, enraciné dans les différences et l’ouverture.
« Aller vers l’autre, même s’il n’a pas l’air de notre religion »
Les discours se sont succédé, empreints d’émotion et de sagesse. Jérôme Bonet, préfet du Gard, touché par l’initiative, a souligné que “dans ces temps troublés, plus que jamais, nous avons besoin de fraternité. La paix se construit autour d’une table autant qu’en haut des institutions”. Il a rappelé les récents événements tragiques à La Grand-Combe, tout en appelant à ne pas céder à la peur : “Notre département est une terre de tolérance, ne laissons pas les logiques de repli nous diviser.”
Le maire de Milhaud, Jean-Luc Descloux, a quant à lui, salué un “fil tissé dans le vivre-ensemble” et a repris avec force cette conviction : “La lumière de l’autre n’éteint pas la nôtre, elle la fait briller davantage.”
Un comité qui œuvre dans la durée
Le CIRN, association loi 1901, et présidé par Driss El Moudni, réuni depuis plusieurs années des responsables religieux et des citoyens engagés. Une fois par mois, ils se retrouvent pour “penser des projets, construire l’amitié, créer des ponts”. Le couscous interreligieux est l’un de ces projets concrets, né d’une volonté partagée : ne pas laisser le dialogue au seul niveau des autorités religieuses, mais l’ancrer dans la vie des quartiers, des familles, des écoles, et partager et se mélanger autour d'un repas, le meilleur moment pour se réunir.
Car au-delà des paroles, c’est bien la rencontre qui a été le maître-mot de la soirée. “Si vous êtes à côté d’un proche, c’est humain, mais ce soir, allez vers quelqu’un que vous ne connaissez pas”, a lancé un intervenant, invitant les participants à briser les cercles habituels pour s’ouvrir à l’inconnu.
Une action simple, mais essentielle
Dans les assiettes, les épices du couscous rivalisaient avec les sourires partagés. Dans les esprits, une certitude : c’est par la connaissance mutuelle que naît la paix durable, autour du repas, chacun ouvre son cœur et fait découvrir sa foi, sa religion et son approche aux autres, tous très curieux. L'occasion pour un intervenant, de citer un rabbin : “Le jour commence quand tu regardes le visage d’un inconnu et que tu y reconnais ton frère ou ta sœur. Tant que tu ne vois pas cela, il fait encore nuit dans ton cœur.”
Une action qui continue d'avoir du sens pour le CIRN qui organise un repas de cette envergure pour la première fois, eux qui souhaitent avant toucher la jeunesse autour de cette idée de fraternité. Des actions déjà menées plusieurs fois dans l'année pour les jeunes membres de l'association qui sont amenés durant leur moment de communion dans les lieux de cultes des autres religions, l'occasion de s'ouvrir et de se rendre compte de l'hospitalité des autres, "à chaque fois qu'on organise des visites dans des mosquées ou synagogues, les jeunes en ressortent grandis et c'est l'un de leur moment préféré de leur communion" raconte le pasteure Titia Es-Sbanti.