LES MOMENTS DE BASCULE Quand Alès, bastion de la Gauche, vire à Droite
L’histoire politique est faite de bouleversements, bons ou mauvais, selon l’endroit où l’on se place. Ce dimanche, dernier numéro de la rubrique de l'été sur Alès, fief historique de la Gauche, remporté en 1995 par la Droite et Max Roustan. L'homme fêtera en 2025 ses 30 ans de mandat.
À Alès, ville minière historique, Max Roustan ne marche pas sur des charbons ardents depuis presque trente ans. L'homme politique UDF, UMP puis LR a été élu le 18 juin 1995 maire d'Alès pour la première fois, succédant au socialiste Alain Fabre. Ce fauteuil, il ne l'a jamais quitté. Mieux, il a été réélu à chaque fois dès le premier tour !
Tout commence en 1989 quand Max Roustan brigue un mandat d'adjoint aux travaux, après plusieurs tentatives infructueuses d'élection. L'union entre la Gauche non-communiste, des élus de Droite et d'autres de la société civile nait sous la mandature d'Alain Fabre, socialiste en rupture avec les communistes de l'époque et le maire précédent Gilbert Millet. Une alliance qui finit par éclater.
Tout d'abord en 1993. Max Roustan remporte les élections législatives au second tour face au communiste Gilbert Millet, maire d'Alès de 1985 à 1989. Sentant qu'une victoire aux prochaines municipales est possible, Max Roustan se détache d'Alain Fabre et se lance dans un contre-la-montre pour remporter la mairie. "C'était le bélier du troupeau, qui écoute, qui conduit et qui fait partager ses rêves. De nombreuses personnes se sont rangées derrière lui et ont pensé que c'était une chance pour Alès", se souvient l'adjointe municipale Marie-Christine Peyric, élue avec Max Roustan et qui l'accompagne depuis tout ce temps comme Christophe Rivenq.
"Dans un bassin en crise, avec la volonté de changement pour une partie de la population et une activité minière en déclin, Max Roustan apparait comme celui qui peut incarner le changement, la nouveauté dans les pratiques municipales et dans les orientations", analyse l'ancien maire communiste de La Grand'Combe, Patrick Malavieille, lui qui le connaît si bien.
Victoire inattendue
En 1995, l'improbable se passe : Max Roustan est élu maire d'Alès, un véritable coup de grisou pour la Gauche. Dans une triangulaire au second tour, il l'emporte de 177 voix sur la liste de Gilbert Millet, revenu dans la course après sa défaite en 1989, et de 1 207 voix sur le premier édile sortant. En parallèle, les communistes s'installent dans d'autres communes du département : Nîmes, gagnée par Alain Clary dans une quadrangulaire, La Grand'Combe et Salindres.
"On était vraiment dans un débat idéologique, les communistes voulaient garder l'existant, défendre l'industrie minière. Max voulait changer et se développer vers le tourisme", ajoute Patrick Malavieille. "On n'avait pas essayé la Droite, certains imaginaient que ce n'était que des gens riches, la plupart des gens qui ont suivi le mouvement étaient assez simples", témoigne Marie-Christine Peyric.
Un combat qui n'était pas gagné d'avance
Dominique Passieu, un des personnages très connus de la vie gardoise, connait Max Roustan depuis plus d'une cinquantaine d'années. Les deux hommes ont partagé de nombreux moments ensemble. "Je l'ai connu quand il roulait avec sa 504 blanche !", explique-t-il. "Quand j'avais 17 ans, j'ai participé à une réunion avec l'ancien maire de Marseille Jean-Paul Gaudin et Max Roustan au Club, un dancing de l'époque", dévoile-t-il.
Originaire du Chambon dans les Hautes-Cévennes, il accompagnait Jean Roustan, frère de Max, pour faire campagne pour l'homme de Droite. "C'était très difficile, les communistes étaient largement majoritaires dans le secteur", confie-t-il. "Max Roustan a été élu parce qu'il a été très fort et a su s'entourer de bonnes personnes. Il était très diplomate avec tout le monde, même avec les communistes pendant sa campagne. Il est déjà arrivé que lorsque Jean Roustan rentrait dans un bar du secteur, les gens sortaient", affirme-t-il.
Mais alors, pourquoi est-il réélu à chaque fois au premier tour ?
Depuis 2001, Max Roustan a toujours été réélu dès le premier tour à Alès. Pour Dominique Passieu, la réponse est simple : "Il a rendu beaucoup de services à tout le monde et a fait beaucoup de bien pour la ville", pense-t-il.
"Je l'ai vu devenir beaucoup plus proche du territoire et des gens, partir des réalités. Il est apparu au fil des années comme quelqu'un qui avait le territoire chevillé au corps et qui est passé de militant de parti à militant du territoire. Il faut lui reconnaître cette qualité", explique Patrick Malavieille.
Exemple avancé par l'actuel vice-président départemental à la culture : l'hôpital neuf d'Alès. Lorsqu'il était député, Patrick Malavieille avait défendu avec Max Roustan ce projet, qui a fini par aboutir. "Cela n'avait pas toujours été compris par les militants de tous bords, mais dans des territoires comme les nôtres, on ne peut pas avoir de querelles de riche et il faut servir l'intérêt général", développe-t-il.
Cette idéologie se retrouve aussi dans le projet des Fumades de l'époque, où Alès a mis les moyens pour que cet édifice sort de terre, bien que la capitale des Cévennes n'y ait pas énormément d'intérêt. Et dans le conseil d'Alès Agglomération, dirigé par son grand ami de toujours Christophe Rivenq, des élus de droite, du centre-droit, communistes et écologistes cohabitent et votent de nombreux projets ensembles. Un constat qui montre que Max Roustan restera longtemps dans le coeur de nombreux élus et habitants du territoire.
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