L'EXPRESSO La caserne du Vigan, serpent de mer noyé dans une "crue biblique"

Le terrain envisagé pour accueillir le centre de secours, et que les services de l'État ne jugent pas à l'abri d'une crue "biblique"
- François DesmeuresAlors que le centre de secours actuel du Vigan est situé en zone inondable, le déménagement est attendu depuis des années. Un terrain est pourtant disponible, à la sortie sud de la commune, à côté de la station d'épuration, cédé par le SIVOM. Sauf que les services de l'État le disent possiblement inondable par une crue "biblique". La ville du Vigan a commandé une étude contradictoire, dont les résultats sont attendus pour, enfin, faire aboutir le projet. En attendant, commune et Pays viganais se sentent quelque peu mis de côté.
C'est un sujet qui a le chic d'agacer tous ceux qui en parlent, le non-aboutissement du déménagement du centre de secours du Vigan, la caserne des pompiers, en d'autres termes. Il y a un an, Sylvie Arnal et Régis Bayle se disaient "ni pessimistes, ni optimistes" en rentrant d'une réunion nîmoise où l'accès à la caserne posait problème. Mais le consensus semblait acquis sur le terrain (relire ici). Un an plus tard, alors que les choses semblaient avancer sur l'accès - d'après Martin Delord, conseiller départemental du Vigan en charge des infrastructures routières - le terrain n'a pas été validé par les services de l'État.
La direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) l'estime soumis à une éventuelle "crue biblique", s'étouffe la maire, Sylvie Arnal, sans trop comprendre quelle occurrence serait ainsi définie, alors que le vocabulaire porte habituellement sur des risques de crues décennales ou centennales. Elle a donc engagé une nouvelle étude sur le risque inondation, tout en pestant : "Si le terrain était inondé à cet endroit-là, il n'y a plus de Super U au Vigan..."
"Si la DDTM dit carrément que le terrain n'est pas bon, c'est ennuyeux, commente Alexandre Pissas, président du SDIS (service départemental d'incendie et de secours). Qu'on nous donne un bon terrain ! Tous les pompiers viennent me voir en me disant qu'il y a des tas de terrains disponibles !" Une petite exagération, tout de même de la part du président du SDIS. Il existait un terrain à Molières-Cavaillac, propriété du Pays viganais, qui n'a finalement pas été retenu. Et en plus de celui du SIVOM, à côté de la station d'épuration, un éventuel terrain dans le parc d'activités économiques du Pays viganais situé sur la commune d'Avèze, dans la plaine, au bord de la RD 999.
Maire d'Avèze, Martine Wilde verrait d'un bon œil l'arrivée de la caserne sur sa commune. "On a une zone d'activités qu'on pourrait agrandir, avec des terrains disponibles. Il n'y a pas d'inondabilité, on pourrait aussi mettre des entreprises. Sur la route départementale, cela ne peut pas être mieux placé." La maire espèrerait, aussi, que le Département investisse sur l'accès, "un peu accidentogène". L'arrivée de la caserne pourrait être accompagnée de celle d'un giratoire. "Le terrain est privé, mais à une famille qui est aujourd'hui disposée à vendre", ajoute Martine Wilde, qui pense que Le Vigan "veut la caserne sur sa commune".
"Ce serait à la commune d'Avèze d'acheter et de revendre pour un euro symbolique", rétorque Sylvie Arnal, à l'image de ce qu'a fait le SIVOM. Vice-président en charge du développement économique au Pays viganais, Bruno Montet enterre le débat. "Il faut deux hectares et il n'y en a qu'1,3 ha à Avèze. Et je vois plutôt le parc comme ayant des fins économiques. On se bat actuellement pour faire un accès. La pépinière devrait nous céder un bout de terrain pour faire les entrées et sorties. Et puis, à Avèze, il faudrait acheter des terrains à 60 € le mètre carré, alors que celui du SIVOM est gratuit..."
"Si la DDTM dit "oui, il n'y a aucun risque", je dis oui. Mais ce n'est pas le Département qui fera l'accès routier", pense Alexandre Pissas qui ajoute aux problèmes d'inondabilité et d'accès celui "des odeurs" que dégagerait la station d'épuration. Ce que conteste Bruno Montet. En réponse au sentiment d'abandon des élus des majorités du Vigan et du Pays viganais par le SDIS, Alexandre Pissas avance les travaux prévus dans les casernes cette année - "la restauration de Fournès, les travaux au Grau-du-Roi Port-Camargue, la construction de Bagard qui va commencer". Une façon de dire qu'aucun territoire n'est oublié. Avant de lâcher, sous forme de boutade, "c'est plutôt le Département qui est un oublié du Pays viganais"...