Objectif Gard : Votre famille est profondément ancrée dans les Cévennes ?
Alice Velle : Ma grand-mère, Frédérique Hébrard est cévenole comme son père André Chamson. Elle est née à Nîmes. Nous sommes cévenols de génération en génération. Comédienne, écrivain et scénariste française, elle a écrit La demoiselle d’Avignon avec Louis Velle. Nous avons une maison dans les Cévennes, une maison familiale qui appartenait à mes arrière-grands-parents, proche de Valleraugue, au Mas Méjean. C’est au pied du Mont Aigoual. Un endroit où l’on se retrouve chaque été, tous ensemble.
Vous avez réalisé un documentaire dont l’histoire s’achève sur le tombeau de votre arrière-grand-père, dans les Cévennes. Vos grands-parents reposent au même endroit ?
Oui. Le tombeau d’André Chamson et de Lucie Mazauric est dans les hauteurs, presque au flanc d’une falaise, sur le col de la Lusette. C’est vraiment magnifique, une vue à 360 degrés. Chaque année, au mois d’août, il y a une cérémonie anniversaire. Mes grands-parents avaient demandé à être incinérés. Leurs cendres ont été répandues l’été dernier sur le tombeau de mes arrière-grands-parents. C’était leur rêve. C’était surtout l’idée de mon grand-père. Il n’était pas cévenol, lui, mais il l’est devenu par adoption. Il voulait s’envoler dans la montagne. Il adorait les Cévennes. Il a découvert cette terre à travers ma grand-mère et il se l’est appropriée.
Comment décririez-vous Frédérique Hébrard, notre Nîmoise La transmission semblait importante chez vous ?
C’était une personnalité incroyable. Ce n’était pas la mamie gâteau. Quand on était petits, elle nous racontait des contes d’horreur, des histoires qui font peur. Dans sa maison, il y avait une pièce remplie de poupées, ça faisait presque peur. Elle adorait la culture russe. Quand on perdait un objet, elle disait que c’était le Domovoï qui nous les avait volés. On riait beaucoup. Elle avait beaucoup d’humour et de répartie. Mes grands-parents ont toujours raconté des histoires. Ils avaient en tête des kilomètres de poésie. Ils connaissaient les premières pages de Guerre et Paix par cœur. Mon grand-frère m’a dit récemment qu’on était une famille de Vikings, avec ses légendes, et ses ancêtres dont l’ombre plane toujours. Ils nous encourageaient à être inventifs, créatifs.
Quelle est la suite de cette saga familiale ? Bientôt à Nîmes ?
J’ai adoré faire ce film avec eux. On a tourné parfois trois ou quatre heures pour dix minutes au montage. Je m’excusais beaucoup parce que c’était fatigant pour eux, mais ils me disaient qu’il n’y avait pas de souci, c’était leur métier, ils aimaient ça. Je me sens très chanceuse d’avoir eu cette relation privilégiée. Au mois d’avril, le Carré d’Art de Nîmes accueille un colloque André Chamson et une exposition. Ma tante Catherine Velle prendra la parole. Et en août, comme chaque année du côté de Valleraugue, une cérémonie est ouverte à tous, sur le tombeau d’André Chamson.
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