Publié il y a 1 h - Mise à jour le 29.12.2025 - Romain Fiore - 6 min  - vu 140 fois

L'INTERVIEW Florian Bancilhon : « Le Dakar, c’est l’aventure d’une vie et je suis prêt »

Florian Bancilhon

Florian Bancilhon prépare le grand saut. 

- D.R.

Rencontre avec Florian Bancilhon, 27 ans, pilote motard originaire du Gard, qui s’apprête à vivre une aventure exceptionnelle : le Dakar 2026. Champion de France de cross-country en 2020, il a tout sacrifié pour réaliser son rêve d’enfant. Rencontre avec un passionné qui a transformé l’impossible en défi.

Il fait partie des Gardois à suivre qui participeront au Dakar 2026 qui se déroulera du 3 au 17 janvier en Arabie saoudite. Si Romain Dumas sera en voiture, Michael Metge sera le co-pilote de la légende Stéphane Peterhansel. Florian Bancilhon, autre Alésien, participera à l'épreuve la plus compliquée et la plus folle possible : partir en moto dans la catégorie sans assistance, un pari fou que ce passionné nous raconte.

Objectif Gard : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Florian Bancilhon : Je m’appelle Florian Bancilhon, j’ai 27 ans et la moto fait partie de ma vie depuis l’âge de quatre ans. Après une carrière en compétition, couronnée par un titre de champion de France de cross-country en 2020, j’ai mis ma passion entre parenthèses pour me consacrer à mon entreprise. Mais en 2024, j’ai repris la compétition avec un objectif clair : participer au Dakar. Pour y parvenir, j’ai enchaîné les rallyes, comme celui du Maroc et d’Afrique du Sud, où j’ai terminé 14ᵉ au général et premier dans la catégorie sans assistance. Aujourd’hui, je suis qualifié pour le Dakar, et c’est une immense fierté.

Florian Bancilhon
Le Dakar c'est un rêve de gosse pour Florian Bancilhon. • D.R.

Le parcours du Dakar 2026 s’annonce épique. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Cette année, le Dakar proposera une boucle de 8 000 km en Arabie saoudite, avec un départ et une arrivée à Yanbu, au bord de la mer Rouge. Nous allons traverser des paysages variés, des dunes aux zones rocheuses, en passant par des étapes très techniques. C’est un défi physique et mental, mais aussi une aventure humaine incroyable. J’ai toujours suivi cette course à la télévision, et aujourd’hui, j’ai la chance d’y participer.

Vous venez du Gard. En quoi votre territoire a-t-il influencé votre passion pour la moto et l’off-road ?

Le Gard et la Lozère sont des terrains de jeu idéaux pour s’entraîner. Entre les chemins agricoles, les reliefs lozériens et les paysages variés, j’ai tout ce qu’il me faut pour me préparer. De plus, la proximité avec des destinations comme le Maroc où j'ai pu m'entraîner deux semaines permet d'avoir des conditions similaires à celles du Dakar. C’est un atout majeur. Quand je ne suis pas en compétition, je m’entraîne dans mes champs agricoles ou en Lozère, où j’ai d’ailleurs mon moto-club de Langogne là-bas.

Florian Bancilhon
À l'attaque du désert saoudien. • D.R.

Quand on grandit dans le Gard, le Dakar semble-t-il accessible ou reste-t-il un rêve lointain ?

Pour moi, c’était un rêve d’enfant. Je regardais le Dakar avec mes parents, fasciné par l’aventure et les paysages. Mais je savais que pour y arriver, il faudrait un travail immense, tant sur le plan sportif que financier. J’ai mis deux ans à préparer ce projet, entre la recherche de partenaires, l’entraînement et la logistique. Aujourd’hui, ce rêve devient réalité, mais c’est le résultat d’un engagement total.

Vos parents réalisent-ils que vous allez vivre cette aventure ?

Ils savent à quel point c’était important pour moi. Ils sont fiers, mais aussi inquiets, car le Dakar est réputé pour être la course la plus difficile au monde. En moto, la navigation est un défi permanent, et les dangers sont nombreux. Nous en moto, on fait la navigation en même temps qu'on roule et dans le désert comme ça il y a toujours des imprévus, on arrive pas vraiment à voir ce qu'il y a au loin. On est souvent à 160 km/h au milieu de rien et quand on voit les dangers, ils sont généralement à moins de 50 mètres, donc il faut avoir le temps de réagir pour les éviter. Ma compagne, Mégane, est également très impliquée, même si elle est stressée. Elle me rejoindra pour l’arrivée, ce qui sera un moment très émouvant.

Florian Bancilhon
Le pilote qui part en Arabie Saoudite dès ce week-end va pouvoir tester sa KTM juste avant la course.  • D.R.

Vous partez sans assistance. Qu’est-ce qui vous attire dans cette formule ?

La catégorie l’Original by Motul, c’est l’essence même du Dakar : l’aventure pure, sans filet. Chaque jour, je devrai gérer la mécanique, la navigation et la fatigue. Les journées commencent à 3h du matin et se terminent souvent après 22h, entre les spéciales de 500 km, les liaisons et la mécanique. C’est un défi humain et technique, mais c’est aussi ce qui rend cette expérience unique.

Vous n’aviez jamais fait de navigation avant votre première course : ça peut surprendre à ce niveau. Comment vous abordez cette difficulté ?

Un mois avant le Rallye du Maroc, je me rends compte d’un gros problème, je ne sais pas naviguer, je n’ai jamais lu un roadbook de ma vie ! Je panique un peu et j’en parle à David Casteu, un ancien champion du monde des rallyes avec qui je cours. Il me répond sans détour : « Trop tard pour un stage, tu vas devoir apprendre sur place. Roule moins vite au début, concentre-toi sur les logos du roadbook. » Mais ça ne me rassure pas du tout. Alors je me dis qu’il faut trouver une autre solution. Je contacte Jean, un mécano du Team Yamaha, qui me balance une idée un peu folle : « Tu sais, certains pilotes s’entraînent sur le jeu Dakar à la PlayStation ! » Donc ma compagne m'a acheté la console, et je passe un mois à jouer en mode pro, comme les champions du genre Mason Klein. Au final, au Maroc, je n’ai fait aucune erreur de navigation et j’ai validé tous les checkpoints. Le plus dur, c’était de tout gérer en même temps : lire le roadbook sur la tablette, faire défiler les infos avec les boutons sur le guidon, recaler l’odomètre… et rouler à fond dans les dunes ou les pierres. Mais ça a marché.

Vous aviez initialement choisi une Yamaha 450 WR-F. Pourquoi avoir changé de moto ?

Florian Bancilhon
Le pilote gardois originaire d'Alès a hâte de vivre l'aventure de sa vie.  • D.R.

J’ai toujours roulé en Yamaha, une marque qui a une histoire forte au Dakar. Mais en Arabie saoudite, la qualité de l’essence pose problème : elle abîme le moteur et nécessite des changements fréquents de la chaîne de distribution. Avec deux heures de mécanique en plus tous les deux jours, c’était ingérable. J’ai donc opté pour une KTM, plus robuste et adaptée à ces conditions extrêmes.

David Casteu vous a dit que vous étiez « fou » de vouloir partir avec la Yamaha. Comment avez-vous réagi ?

Quand un ancien du Dakar, avec son expérience, vous dit ça, il faut l’écouter. J’ai compris que je devais adapter mon projet pour maximiser mes chances. Le Dakar ne pardonne pas, et chaque détail compte. J’ai donc revu ma copie pour partir avec une moto plus fiable.

Vous visez le Top 30. Est-ce un objectif sportif ou symbolique ?

Florian Bancilhon
Le pilote gardois s'est entraîné quelques semaines dans le désert marocain. • D.R.

C’est un peu des deux. Sur 150 motos au départ, les 20 premiers sont des professionnels. Mon objectif est d’abord de terminer, puis de me rapprocher du Top 30. Je sais que j’ai la vitesse pour y parvenir, mais il faudra éviter les problèmes mécaniques et les chutes. Tout doit s’aligner.

Envisagez-vous de revenir sur le Dakar si cette première expérience est conclante ?

Absolument ! Si je trouve des partenaires ou une structure pour m’accompagner, je ferai tout pour revenir. Sinon, je pourrais me tourner vers le copilotage en voiture, où mon expérience en navigation et en lecture de terrain serait un atout. Mais mon cœur reste en moto.

Vos proches jouent-ils un rôle clé dans cette aventure ?

Florian Bancilhon
Florian Bancilhon au milieu des dunes marocaines. • D.R.

Sans eux, rien ne serait possible. Mes parents et Mégane ont fait des sacrifices pour que je puisse réaliser ce rêve. C’est une aventure collective, et leur soutien est essentiel. Mégane, en particulier, est très investie : elle gère une partie de la logistique et sera présente pour l’arrivée.

Que vous apprend cette aventure sur vous-même, au-delà du sport ?

Le Dakar, c’est une école de la vie. On repousse ses limites physiques et mentales. Dans le désert, quand on est au bout du rouleau, c’est le mental qui fait la différence. Cette expérience m’apprend à mieux me connaître et à ne jamais abandonner.

Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes du Gard qui rêvent, eux aussi, de défis ambitieux ?

Florian Bancilhon
D.R.

Je leur dirais de ne jamais perdre leur objectif de vue. Quand j’avais 10 ans, je rêvais du Dakar sans savoir si c’était possible. Aujourd’hui, j’y suis. Il faut travailler, s’entraîner, et saisir chaque opportunité. Tout est réalisable si on y croit et qu’on s’en donne les moyens. Et surtout, il ne faut jamais abandonner, même quand les obstacles semblent insurmontables.

À la recherche de sponsors

Aujourd'hui encore à une semaine du Dakar qui débute le 3 janvier 2026, le pilote de moto gardois, Florian Bancilhon est toujours à la recherche de sponsor pour optimiser au maximum sa course qui s'annonce mouvementée. 
Vous pouvez le contacter via sa boîte mail : 

flomx46@gmail.com

Florian Bancilhon
D.R.

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