Publié il y a 13 jours - Mise à jour le 29.09.2024 - Yannick Pons - 2 min  - vu 241 fois

SAINT-GILLES À la découverte des coulisses de la restauration de l'ancienne abbatiale

Le tympan du portail sud

- Photo Atelier Bouvier

L’association d’histoire et d’archéologie de Saint-Gilles a saisi l'occasion de la présence de Michel Bozzi, afin qu'il dévoile les secrets des travaux de restauration de la façade de l'Abbatiale, qu'il a dirigés entre 2017 et 2019.

Ce samedi 28 septembre, en salle Jean-Cazelle, invité par l’association d’histoire et d’archéologie de Saint-Gilles, Michel Bozzi a présenté les travaux de restauration de la façade de l’ancienne abbatiale, qu'il a dirigés entre 2017 et 2019. De nombreux corps de métiers ont participé à ce chantier colossal. Des couvreurs, des tailleurs de pierres, des architectes… et deux restauratrices, Agata Dmochowska-Brasseur et Emmanuelle Forestier. Un chantier qui a duré deux ans et a coûté 2,5 millions d’euros.

Passion du Christ

Aux portes de la Camargue, entre Arles et Nîmes, la façade de cet imposant édifice roman, qui abritait un port d’embarquement pour Rome et la Terre Sainte, a été rénovée en 2019. Dès le XIIe siècle, ce point de rassemblement religieux fut le 4ᵉ lieu de pèlerinage du monde Chrétien après Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle.

Le tympan du portail sud : la Crucifixion (avant restauration) • Photo Atelier Bouvier

Le tympan du portail sud : la Crucifixion (après restauration) • Photo Atelier Bouvier

Cette imposante façade, annonciatrice de la Renaissance, surplombe la place minérale de la commune gardoise. Cette structure romane de toute beauté forme un corps autonome qui présente des scènes sculptées illustrant la passion du Christ a été restaurée par les ateliers Bouviers (les Angles-30) dans le respect de l’authenticité du bâtiment et la conservation de la pierre originale.

Polychromie

Outre la croute noire qui obscurcissait la pierre et l’érosion du temps, la façade portait les stigmates de la Révolution française, durant laquelle de nombreuses sculptures ont perdu leur tête. Préserver les couches de polychromie et de patine originales représentait un défi, relevé avec succès.

Cette polychromie, présente notamment sur les statues de la pile nord, dont l’auréole est décorée par un galon à perles sculptées, apparemment ajoutée au XIVᵉ siècle, préfigure les patchworks colorés des tissus provençaux. Le texte d'un livre était probablement coloré.

Alliant les techniques les plus ancestrales et les technologies de pointe comme le laser, la croute noire, celle qui empêche la pierre de respirer et obscurcit la façade, a été retirée presque partout. Observations à la binoculaire, injections de seringues, laser, chimie… Pendant deux ans, les deux restauratrices passionnées ont accompli un travail monumental. De leur aveu, elles ont vécu une expérience profonde de l’ordre de l’émotion, de l’intime avec l'abbatiale.

Face-à-face

Les artisans de la restauration ont eu l'occasion d'approcher les sculptures de très près, observant chaque expression des visages dans les moindres détails. Un véritable face-à-face émouvant devant un véritable musée à ciel ouvert. « J’aimerais installer un échafaudage roulant afin que tout le monde puisse les voir de près », confie Géraldine Breuil, adjointe déléguée au Patrimoine de la ville de Saint-Gilles.

Ce monument exceptionnel est aujourd’hui inscrit au Patrimoine Mondial de l’humanité au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. Reconnue dans le monde entier, la façade de l’église Saint-Bartholomew, sur Park Avenue à New York, est une reproduction de celle de l’abbatiale de Saint-Gilles.

Yannick Pons

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