« On n’a jamais accepté la fin des négociations », explique Yoan Goupille, secrétaire de la CGT, à la verrerie de Vergèze. Annoncée hier, la fermeture du four présent dans l’enceinte de l’usine est une onde de choc pour les salariés de la verrerie Owens Illinois. « Ce sont des voyous, à l’image du gouvernement », lance Guillaume Boisson (CFE-CGC). Sensées se poursuivre jusqu’au 31 octobre, les négociations entre les deux parties ont été interrompues par l’annonce d’Owens Illinois France concernant le four de l’usine vergézoise. Un four qui constitue un élément essentiel du fonctionnement d’une telle structure. Son arrêt revient à condamner l’usine, déjà destinée à la fermeture.
Des risques humains
« On risque la catastrophe humaine et industrielle », explique Guillaume Boisson. La mise à l’arrêt d’un tel four présente des risques non seulement matériels, mais également humains. Certaines conditions de sécurité doivent donc être remplies, notamment pour vider le four des quatre cents tonnes de verre en fusion qu’il contient. Des conditions qui, selon les salariés, « ne sont pas réunies ».
Souhaitant que la mise à l’arrêt du four se fasse rapidement, Owens Illinois France impose aux salariés de débuter le processus la semaine prochaine. Un délai trop court, étant donné la procédure à engager. Concrètement, lors de la dernière mise à l’arrêt du four, les équipes qui en étaient responsables l’ont intégralement vidé et éteint dans un délai de trois semaines. « Ils nous imposent de faire quelque chose à la va vite avec tous les risques que ça implique ».
Pourtant, lors des négociations, les salariés se sont engagés à mettre le four à l’arrêt, dans les conditions de sécurité nécessaires, mais seulement une fois les négociations terminées. « Pour eux, on est des gueux », s’indigne Yoan Goupille, se sentant mal considéré par la direction du groupe O-I. À la suite de cette décision de fermeture du four, 95 % des salariés sont priés de rester chez eux, à compter de mardi matin. Le restant étant réquisitionné pour mettre en œuvre cette fermeture.
Le rassemblement de la dernière chance
« On marche sur la tête, c’est ahurissant », se désole Pascale Fortunat-Deschamps, maire de Vergèze. Présente sur le piquet de grève, l’édile se joint aux demandes des grévistes. « On est en sécurité ici », s’agace-t-elle. Un constat qui contredit les déclarations d’O-I : « Il s’agit de la seule option permettant de rétablir la sécurité des personnes et des installations, tout en préservant l’intégrité du four ». En contact avec Jérôme Bonet, préfet du Gard, elle affirme qu’il n’aurait « pas signé d’autorisation de fermeture du four ».
Par applaudimètre, les grévistes se sont mis d’accord sur une date de rassemblement. Ils seront présents devant la préfecture du Gard jeudi 16 octobre, à compter de 10h, pour rejeter, à l'unisson, la mise à l’arrêt du four dans de telles conditions.