Publié il y a 1 h - Mise à jour le 08.10.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 402 fois

VIOLS DE MAZAN La cour d’assises confronte l’accusé aux vidéos du viol de Gisèle Pelicot

Gisèle Pelicot à la cour d'assiss de Nîmes

- Photo Yannick Pons

La troisième journée du procès en appel de Husamettin D. a été marquée ce matin par la diffusion des vidéos du viol de Gisèle Pelicot, filmées par son mari au moment des faits Dominique Pelicot. Plus d’une dizaine de séquences insoutenables, qui ont mis la salle d’audience face à l’indicible.

À la reprise de l’audience, l’accusé se présente à la cour. Lunettes sur le nez, barbe grise, cheveux noirs gominés en arrière qui masquent une calvitie. L'accusé est assis face aux jurés, campé sur sa béquille. Depuis lundi, il répète qu’il a agi sous l’emprise de Dominique Pelicot. Ce mercredi, il a dû faire face aux images. Il les a toutes regardées jusqu’à la fin, pendant que Gisèle pelicot l'observait.

Insoutenable

Les vidéos présentées par le président de la cour Christian Pasta portent des titres froidement explicites : « De près sur le ventre », « Bien sur le dos », « Magnifique de près ». Dominique Pelicot a filmé les scènes de viols depuis une caméra sur trépied mais aussi de très près avec son iphone. Sur les écrans, la victime apparaît vêtue d’un porte-jarretelles blanc, d’un bandeau noir sur les yeux, la bouche inerte et ouverte. Dominique Pelicot filme à l’iPhone avec sa main droite, et de sa main gauche, il assiste l’accusé, par exemple en écartant les fesses de la victime. À certains moments, le soutien-gorge de Gisèle est dégrafé, négligemment posé sur sa poitrine comme un reste de pudeur. L’accusé enfonce presque entièrement son sexe dans sa bouche. Elle ronfle et semble s'étouffer, Dominique Pelicot lui tient la tête. La scène est d’une violence absolue. Dominique Pelicot avait prévenu la veille : « Vous verrez sur les vidéos, il s’est bien régalé. »

Dans la salle, Gisèle Pelicot reste droite, presque immobile. Son fils Florian a préféré ne pas assister au visionnage. Lorsque les images s’arrêtent, le président interroge longuement Husamettin D. Il lui rappelle qu’il conteste toujours l’horodatage et affirme être arrivé vers minuit trente et reparti deux heures plus tard. L’accusé maintient sa version, parlant de scènes de sexe et non de viols. Le président lui rétorque qu’il manque à ces scènes quelque chose du « classique de l’amour » et qu’il est évident que la victime n’était pas en mesure de tenir la position qu’on lui impose.

Elle lève les yeux au ciel

Le magistrat le questionne ensuite sur sa compréhension du viol et du consentement. Husamettin D. répond qu’un viol est « un acte commis sur quelqu’un d'attaché qu'on prend en force », avant d’ajouter qu’il avait, selon lui, obtenu le consentement de la victime « par procuration », après avoir entendu « la voix d’une femme derrière Dominique Pelicot » lors d’un appel téléphonique et communiqué par chat avec elle sur le site de rencontres Coco. Ce que conteste la victime. L’explication reste confuse et personne n’y croit.

Tout au long de l’échange, l’accusé tente de minimiser sa responsabilité, affirmant qu’il a été manipulé. Il décrit Dominique Pelicot comme « un psychopathe » et se présente comme sa victime. Le président lui demande comment un homme de trente-huit bien bâti ans a pu avoir peur d’un septuagénaire. Husamettin D. évoque alors son père violent, son enfance, la télévision qui « a pété », et la suite dans un "quartier difficile", la délinquance, la honte d’avoir trompé sa femme. Il dit avoir voulu arrêter, mais avoir eu peur de Pelicot. Mais sur les images, rien de tel n’est visible.

Le président lui rappelle que Dominique Pelicot a déclaré que toutes les personnes "invitées" savaient que la victime serait sédatée et que ce serait filmé, sinon pas de rendez-vous. L’accusé finit par dire qu’il n’est pas convaincu d’avoir commis un viol, puis souffle « Madame Pelicot, je la respecte », elle lève les yeux au ciel.

Il se sent violé

Interrogé sur les images d’escort girls, de sex toys, de sexes d'hommes, de son propre sexe et d’hommes transsexuels retrouvées dans son téléphone, il se montre embarrassé. Il affirme ne pas se souvenir, avant de dire que quelqu’un « lui a envoyé ces photos ».

Le président souligne les incohérences de son récit. "Pourquoi chuchoter, pourquoi rester silencieux si cette femme devait se réveiller dans le cadre d’un jeu consenti, comme vous le prétendez ? Pourquoi ne pas parler ? Pourquoi arrêter quand elle bouge, puis recommencer ?" Aucun mot ne vient.

Husamettin D. répète que, pour lui, Gisèle Pelicot n’est pas victime d’un viol, qu’ils avaient consenti à un scénario. Il finit par dire qu’à chaque fois qu’il revoit ces vidéos, il se sent violé à son tour par le dévoilement de son intimité, avant d’ajouter, poussé par le silence gêné de la salle,  « mais elle plus que moi. »

Ensuite, ce sera au tour de Gisèle Pelicot de témoigner à la barre.

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