« Un projet humaniste et solidaire », rappelle Jacques Seguin, le président d’Oxance, le groupe mutualiste qui gère l’établissement. Un projet né au tout début des années 1990, de Jean-Justin Bonnefond, salarié de l’entreprise Fiberglass, à l’Ardoise, engagé dans le mutualisme aux Mutuelles de France, le syndicalisme à la CGT et la politique au Parti communiste local, dans sa ville de Laudun-l’Ardoise. Parti à la retraite, l’infatigable militant sera frappé par le cancer, contre lequel il luttera. Puis, en rémission, ce passionné de cyclisme enfourchera son vélo pour un « Tour de France de la santé » de 38 étapes sur quarante jours au départ de Laudun-l’Ardoise pour parler du cancer et des malades.
Avant sa mort en 1991 à 64 ans, Jean-Justin Bonnefond fera don de sa maison aux Mutuelles de France avec un projet : en faire une maison de retraite. Pour diverses raisons, sa maison ne pourra pas être transformée, mais le produit de sa vente servira à la construction de l’Ehpad bagnolais qui porte aujourd’hui son nom, ouvert le 23 juin 2005. « Jean-Justin Bonnefond a porté un message d’altruisme et de fraternité », salue Jacques Seguin. Un projet « porteur des valeurs de solidarité, d’humanisme, de mutualisme, pour répondre aux besoins du territoire », reprend-il. « Il a donné sa maison car nous l’avions aidé quand il était malade, puis à faire son tour de France, son rêve quand il était hospitalisé », rappelle Dominique Seguin (aucun lien avec Jacques Seguin), la première directrice de l’établissement il y a trente ans.
« Nous ne parlons pas de chiffres, nous parlons de vies »
L’Ehpad, de 66 places, est réparti en deux unités de vie complémentaires, une ouverte et une protégée, que 39 équivalents temps-plein et une équipe de remplaçants font tourner au quotidien « avec un objectif commun, mettre l’humain au cœur de la prise en charge », souligne Jacques Seguin, qui évoque « un lieu de vie, d’accueil et de respect de la dignité des personnes », qui a su « garder une taille familiale. »
À l’occasion des vingt ans, la directrice de l’établissement Sandy Rebaï a honoré les salariés les plus anciens, dont certains sont là depuis l’ouverture, « qui ont donné de leur temps, de leurs compétences, toujours avec engagement et conviction », et les plus anciens résidents, dont certains sont là depuis 2013 : « Vous êtes au cœur de notre histoire, votre présence ici a donné du sens à notre mission ».
« Ici, j’ai été accueillie avec bienveillance », souligne Marielle Yzerd-Tortey, dont le père est résident, avant de saluer la mémoire de Jean Justin Bonnefond, « une vie de solidarité envers les autres dans tous les engagements. » Le secrétaire de l’Union locale de la CGT Pascal Le Boulch prendra ensuite la parole pour saluer les salariés de l’Ehpad, et rappelé que la CGT avait demandé une prime pour tout le personnel à l’occasion des vingt ans de l’établissement, mais « pour l’instant nous n’avons pas de réponse de la direction. »
Jacques Seguin en profitera pour lui répondre directement et lui dire que « si nous attendions un anniversaire pour reconnaître le travail de nos équipes, nous serions de très mauvais gestionnaires », et qu’une revalorisation interviendrait « lorsqu’on le pourra. » L’occasion d’appeler « à mettre en œuvre une véritable politique du grand âge », car « nous ne parlons pas de chiffres, nous parlons de vies, celles de nos parents, de nos grands-parents et un jour de nous-mêmes. »