« Cette année, nous sommes quasiment arrivés aux chiffres d’avant-travaux, sachant qu’il y a moins de places aujourd’hui au sein de l’opéra », pose d’emblée la vice-présidente du Grand Avignon déléguée aux Spectacles vivants, Claude Morel. Avant les travaux et avant le covid aussi, et on sait l’impact qu’a eu la crise sanitaire sur le spectacle vivant.

L’Opéra Grand Avignon a relevé la tête donc, grâce à « un projet artistique qui a évolué au fil des saisons », souligne l’élu, entre grands classiques, parfois revisités, et créations, avec un éclectisme revendiqué qui a pour but de ne laisser personne sur le parvis de l’Opéra, bicentenaire cette année. Avec, aussi, un aspect fédérateur qui va comme un gant au spectacle vivant, et donc à l’opéra.

Alors le thème des mythes est vu par le directeur de l’Opéra, Frédéric Roels, comme « le besoin de l’humanité de se construire des récits communs qui fédèrent, il faut voir combien ces mythes structurent l’inconscient collectif », des histoires qu’il veut agencer pour « construire quelque chose qui ressemble à une histoire de vivre-ensemble. » Vaste projet donc, qui s’articule autour de 131 levers de rideau, 10 productions lyriques et 3 productions chorégraphiques du Ballet de l’Opéra Grand Avignon et qui démarrera le 10 octobre avec « Don Giovanni » de Mozart, un des opéras les plus mythiques du compositeur autrichien, que Frédéric Roels mettra en scène.

Puis « L’Orfeo » de Monteverdi, considéré comme le premier opéra de l’histoire, viendra proposer une interprétation du mythe de l’Orphée les 21 et 23 novembre, avec le grand nom du baroque Jordi Savall à la direction musicale. Mythe toujours avec le « Turandot » de Puccini, qui sera présenté « dans sa version inachevée, sans final », précise Frédéric Roels, le compositeur italien ayant rendu l’âme avant d’avoir pu terminer son opéra. Dirigé par le chef associé de cette saison Federico Santi, il sera mis en scène par Paco Azorín, et la grande soprano dramatique française Catherine Hunold aura le rôle-titre. Les 15, 17 et 19 mai.

Côté opéras, citons aussi « Décaméron », une création mondiale de Matteo Franceschini, sur ces Florentins qui ont fui la peste de 1348 en allant se mettre au vert et « qui se racontent des histoires d’exil forcé et réinventent le monde », pose Frédéric Roels. Dix interprètes, des chanteurs, comédiens, musiciens, danseurs seront sur scène, sans orchestre, pour cette nouvelle interprétation de l’œuvre de Giovanni Boccaccio les 7 et 8 mars. Nouvelle production de l’Opéra Grand Avignon aussi, « Le Chant de la Terre », de Gustav Mahler, dirigé par Fiona Monbet et interprété par le ténor Uwe Stickert et le baryton Damien Gastl, les 28 et 29 mars.

Danse, symphonique et famille

Côté danse, on revient vers les mythes avec « Prométhée » de Beethoven, avec le directeur de la danse au Ballet de l’Opéra Grand Avignon Martin Harriague à la baguette, et l’Orchestre national Avignon Provence à la musique. « C’est le seul ballet de Beethoven, l’idée est de revisiter l’œuvre avec l’orchestre sur scène », pose le chorégraphe. À découvrir les 12 et 13 décembre.

Pour la danse, citons aussi la création mondiale « Awen », chorégraphiée par Martin Harriague, sur la musique de « The Sacred Veil » d’Eric Whitacre avec le Chœur de l’Opéra Grand Avignon, où 14 danseurs du Ballet interprèteront cette œuvre sur l’accompagnement d’un être cher vers la mort, les 22, 23 et 24 mai. Et, pour ceux qui l’ont ratée cette année, le Ballet reprendra « America » de Martin Harriague, pièce politique s’il en est sur l’Amérique trumpiste, le 14 avril.

Côté symphonique, la saison de l’Orchestre national Avignon Provence s’ouvrira le 26 septembre à la FabricA avec le bien nommé « Ouverture », dirigé par Federico Santi avec la violoniste Kyoko Yonemoto et du Debussy, Ravel ou encore Poulenc. Citons aussi le 15 février « La Musique des Âmes », composé par Fabien Cali d’après le roman de Sylvie Allouche, récité par Julie Depardieu, ou le 17 avril le « concert-fantaisie » de Jean-François Zygel, « Mon Beethoven à moi ».

Côté famille, citons « 18’34’’ », de Thomas Guerry, dont le titre vient du temps du jeune Eliott, dernier du cross sud collège et harcelé par ses camarades. Le spectacle, qui mêle danse, théâtre, cinéma et sound-design, promet une plongée dans l’univers de l’adolescent. Le 23 janvier. On retrouvera aussi un grand classique, « Le Petit Prince » de Saint-Exupéry, joliment adapté par François Camus, le 7 février.

Pierre Richard, François Cluzet ou encore Avishai Cohen sur scène

En ce qui concerne le théâtre, il y aura des grands noms : Pierre Richard le 14 novembre avec « Je suis là mais je ne suis pas là », Édouard Baer en Cyrano de Bergerac le 11 février ou encore François Cluzet en psy lui-même en thérapie dans « Encore une journée divine » le 14 mars. Et pour les mythes, citons « Dom Juan » de Molière, mis en scène par Macha Makeïeff, le 9 avril.

Il y aura aussi de la musique autre que classique, avec l’excellent pianiste de jazz Thomas Ehnco, qui jouera son « Mozart Paradox » le 25 octobre, la chanteuse de fado Cristina Branco le 16 janvier et la pop de l’Avignonnaise Suzane le 24 janvier. Mais le très grand nom de cette programmation sera le monument du jazz Avishai Cohen, qui sera sur la scène de l’opéra le 30 novembre.

Enfin, côté baroque, la programmation fera la part belle à l’Italie, de la musique sicilienne le 17 octobre à la musique italienne du XVIIIe siècle par l’ensemble I Gemelli le 19 avril. Et côté mythes, citons « Les fantômes d’Hamlet », le personnage de Shakespeare ayant inspiré de nombreux opéras italiens du XVIIIe siècle auxquels la soprano Roberta Mameli redonnera vie. Le 1er avril.

Il y a évidemment de nombreux autres spectacles au programme de cette saison à venir, à retrouver ici. Notez que la billetterie ouvre ce samedi 14 juin.