Une première pierre posée en 1823, une inauguration à la toute fin de 1825 et une première saison en 1826 : il y a 200 ans naissait l’Opéra théâtre d’Avignon, opéra à l’italienne rapidement devenu un équipement phare de la culture à Avignon et ses alentours. Une histoire longue, marquée par un incendie criminel qui le détruira en 1846, provoquant une année de fermeture, mais aussi par le passage de grands noms, tels la cantatrice Montserrat Caballé en 1978 pour célébrer la réouverture de l’Opéra après un an de travaux. Dernièrement, l’histoire de l’Opéra a connu un important chapitre, avec les colossaux travaux de rénovation qui s’y sont déroulés de 2017 à 2021.
Un billet valable 200 ans à gagner
« Ces 200 ans ont permis à cet établissement de se forger une âme », avance le vice-président du Grand Avignon Claude Morel. Un âme alliant art lyrique, création mais aussi transmission et ouverture de plus en plus large vers de nouveaux publics, notamment les jeunes. Alors ce bicentenaire, « nous voulons en faire un événement partagé par tous, qui rythmera toute la saison », poursuit-il. Et ce à travers dix événements majeurs, dont un jeu inédit qui permettra à son gagnant de remporter une place nominative à tous les spectacles de l’Opéra pour… les 200 ans à venir.
« Le Mystère de l’Opéra », c’est son nom, est « une chasse au trésor pour laquelle il faut se promener dans et autour de l’opéra, et beaucoup réfléchir », pose le directeur de l’Opéra Frédéric Roels. Ouvert à tous, le jeu se compose de huit énigmes qui visent à trouver une phase entière, un sonnet, pensées pour convenir à tous les âges. Il s’agit d’une première dans un opéra, lancée dès à présent via un premier livret, un second livret suivra en janvier. Et, oui, la place gagnée, matérialisée par une clé dans un coffre, sera transmissible. Notez qu’une version adaptée aux collèges sera proposée à tous les établissements du Grand Avignon, et plus précisément aux classes de 6e et 5e, à partir de janvier, histoire de faire découvrir l’Opéra aux collégiens de manière ludique.
L’Opéra aime aussi aller hors de ses murs. Ce sera une nouvelle fois le cas le 10 octobre à 20h15 avec une retransmission gratuite de Don Giovanni de Mozart sur la place Saint-Didier, à Avignon. Une centaine de transats seront mis à disposition du public. « C’est une manière de rendre accessible l’opéra sur l’espace public, de lever le frein chez certaines personnes de franchir les portes de l’Opéra », commente Frédéric Roels.
Ce bicentenaire sera aussi l’occasion de découvrir l’Opéra autrement, à travers des « visites guidées augmentées », comme les présente le directeur. Ainsi, tous les mois à partir du 25 octobre, les visites guidées seront agrémentées de courtes performances du choeur ou du ballet de l’Opéra, dans différents espaces du bâtiment au fil de la visite. De quoi découvrir non seulement l’Opéra, mais aussi ses artistes.
Un marathon de danse
Les amateurs de danse pourront participer, le 11 avril, au Marathon de la danse, inspiré d’événements similaires qui se sont tenus dans les Années folles aux États-Unis et en France, notamment à Avignon. Le principe est simple : danser le plus longtemps possible pour être les derniers en piste. À l’époque, ces marathons étaient longs, très longs : « il y a eu en 1933 une performance dansée à Avignon de plusieurs semaines », rappelle Frédéric Roels. Cette fois, les duos participants, déguisés sur le thème des Années folles, devront danser 200 minutes, sur les danses de leurs choix.
Si vous préférez chanter et marcher, en septembre 2026 l’événement « Sur la place, chacun chante » proposera un parcours à travers la ville ponctué de scènes sur lesquelles des artistes du choeur, de la maîtrise et du ballet de l’Opéra interprèteront des extraits chronologiques d’un opéra. Une balade lors de laquelle il sera conseillé de chanter.
Citons aussi le concert de la Maîtrise populaire, un choeur d’enfants d’écoles du quartier prioritaire de la politique de la ville d’Avignon, le 11 juin, la parution de deux ouvrages, en mars les Actes du colloque tenu par l’Université d’Avignon sur l’opéra, « une mine d’informations sur ce qui s’est passé depuis deux siècles », glisse Frédéric Roels, et en septembre le livre « L’Opéra Grand Avignon patrimoine vivant depuis 1825 », de l’historienne Julie Deramond et, lors du dernier trimestre 2026, une double exposition. La première, qui se veut participative — la population est appelée à y contribuer via des archives privées — sera présentée à la Villa Créative. La seconde, sur les liens entre l’Opéra et le Festival d’Avignon, sera quant à elle présentée à la Maison Jean Vilar.
Tous ces événements s’ajoutent à la saison en cours, et sont gratuits, à l’exception des livres, ça va de soi. Et après ? « On est repartis pour 200 ans », lance Claude Morel.
