LE VIGAN Les mille vies d'André Chamson s'exposent au Musée cévenol
L'exposition itinérante, concoctée pour les 40 ans du décès d'André Chamson, est encore dans les murs du Musée cévenol jusqu'au 31 octobre. L'occasion de découvrir l'écrivain. Ou le ministre. Ou le félibre. Ou le Résistant. Parce qu'André Chamson, dans un siècle chargé d'histoire, a participé, en Cévenol et en Gardois, à la marche du monde. Il reste un peu moins de deux semaines pour en apprendre plus sur l'Académicien, en cette dernière étape de l'exposition itinérante.
Dans un département où les Cévenols se demandent parfois ce qu'ils vivent de commun avec les Camarguais, et ces derniers avec les Rhodaniens, André Chamson aura été un trait d'union entre les cultures gardoises. Né avec le vingtième siècle à Nîmes, ayant vécu à Alès, il reste ancré - jusqu'à sa tombe, dans la montée du col de la Lusette - au massif de l'Aigoual, alors que ses vacances l'amenaient au bord du Rhône. Jusqu'en 1983, André Chamson traverse son siècle en ajoutant plusieurs cordes prestigieuses à son arc.
L'exposition, pensée par sa petite-fille Catherine Velle et sa biographe Micheline Cellier, tente, via des panneaux explicatifs mis en scène par Valérie Mercer-Baheux, de retracer les vies de chat de l'auteur gardois le plus connu. Elle rejoindra, de façon permanente, le château d'Espeyran de Saint-Gilles après le 31 octobre, après être passée par Villeneuve-lès-Avignon, Nîmes et Mialet, depuis le 19 avril.
Après des repères biographiques sur deux panneaux, l'exposition s'intéresse au premier livre édité, Roux le bandit, en 1925, qui réveille les mauvaises consciences de la Première Guerre mondiale. L'année suivante, André Chamson est déjà chef-adjoint auprès du ministre de l'Instruction. En 1933, il devient conservateur-adjoint au château de Versailles. Après sa mobilisation, en 1939, et sa démobilisation, les débuts de la guerre sont faits d'errance, avec sa femme conservatrice au musée du Louvre, Lucie Mazauric. Direction Chambord, puis Loquedieu, avant Montauban et le château de la Trenne, dans le Lot.
"Rhodanien des deux rives"
L'identité cévenole occupe les premiers panneaux qui entrent dans le vif du sujet, d'Alès au Vigan en passant par la maison des Bressoux, à Valleraugue. Le jeune écrivain s'étale ensuite sur le panneau suivant, de son passage à l'École des Chartes, sa rencontre avec sa future épouse - dont le père est originaire de Valleraugue - et son attachement au réel pour livrer des récits romancés. Le poète de la "nation félibre" qui raconte le André Chamson "rhodanien des deux rives", explique Estelle Bougette, la responsable du Musée cévenol. L'écrivain commence à rédiger des ouvrages en provençal, dont Lou Ramas de pin negre, un recueil de poèmes.
L'intellectuel engagé dans son époque est illustré par sa prise de position aux côtés des Républicains espagnols pendant la guerre d'Espagne. Ou par la création du journal Vendredi, avec André Viollis et Jean Guéhenno, deux camarades proches du Front populaire. Un engagement qui le conduit naturellement à la Résistance, une fois installé dans le Lot, sous le pseudonyme de Lauter. "Avec André Malraux, il crée, en 1944, la brigade Alsace-Lorraine", poursuit Estelle Bougette. Il ne publie rien mais écrit le sombre Le Puits des miracles, dans cette période trouble.
Avec la paix, Chamson se mue en fidèle serviteur des arts et de l'histoire, prenant la tête du Petit Palais, puis directeur des Archives nationales, sur proposition d'André Malraux. Académicien dès 1956, il sera même président de l'éphémère édition 1968 du festival de Cannes. Et tout au long de cette vie remplie, il n'aura de cesse d'effectuer des aller-retour vers les Cévennes, où il a finalement souhaité être enterré. Sur une corniche, avec vue au sud sud-est, vers tous ses autres territoires du Gard.
Jusqu'au 31 octobre, au musée Cévenol du Vigan. Ouvert du mercredi au dilmanche, de 10h à 12h et de 14h à 18h.
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