Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 11.03.2024 - François Desmeures - 4 min  - vu 9426 fois

FAIT DU JOUR Pour les collèges d'Anduze, Saint-Hippolyte-du-Fort et Saint-Jean-du-Gard, sept communes devraient changer d'affectation

Le collège Florian d'Anduze compte 462 élèves, contre 152 à Saint-Jean-du-Gard

- François Desmeures

Le Département du Gard modifie actuellement la carte scolaire du collège sur les Cévennes et le Piémont. Avant la refonte complète - qui concernera aussi toute l'agglomération d'Alès - les services départementaux cherchent, en concertation avec ceux de l'Éducation nationale, à diminuer les effectifs du collège d'Anduze, au profit de celui de Saint-Jean-du-Gard, pour la rentrée 2025-2026. Les modifications d'affectation ont une incidence sur le collège de la Galaberte de Saint-Hippolyte-du-Fort. 

Le collège Florian d'Anduze compte 462 élèves, contre 152 à Saint-Jean-du-Gard • François Desmeures

Corbès, Durfort, Fressac, Générargues, Lasalle, Soudorgues et Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille vont voir leurs collégiens fréquenter un autre établissement que celui auquel la commune était affiliée, à partir de la rentrée 2025. Les mairies ont reçu un courrier des services départementaux en ce sens, après que l'élue en charge des collèges, Nathalie Nury, a rendu visite aux municipalités concernées. En redéfinissant la carte scolaire, le Département essaie d'endiguer la baisse drastique du nombre de collégiens inscrits à Saint-Jean-du-Gard et de réduire le nombre d'élèves au collège Florian d'Anduze, "afin de garantir les conditions de réussite éducative des élèves de chacun de ces établissements", écrit Nathalie Nury dans le courrier qu'elle a adressé aux maires, au mois de décembre.

Ainsi, 462 collégiens sont scolarisés à Anduze, contre 310 au collège la Galaberte de Saint-Hippolyte-du-Fort et... 152 à Saint-Jean-du-Gard. ce qui fait dire à la vice-présidente en charge des collèges que celui d'Anduze "reste en limite de capacité d'usage optimale, celui de Saint-Jean-du-Gard étant en sous-capacité". "Nous souhaitons, aussi, apporter plus de mixité", expose Nathalie Nury. Selon l'élue, les courriers ne revêtent pas un caractère définitif. "Les maires n'ont pas reçu les courriers pour leur donner une affectation, car je dois finir de voir ceux que je n'ai pas vus pour savoir si ça leur poserait un problème de changer de sectorisation, ou pas." Dans la formulation, les communes qui ont reçu le courrier ont, avec l'emploi du futur, pris la décision comme définitive. 

Ainsi, les enfants de Corbès, Générargues et Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille basculeraient vers le collège de Saint-Jean-du-Gard, tout comme ceux de Lasalle et Soudorgues. Ceux de Durfort et Fressac prendraient la direction de Saint-Hippolyte-du-Fort. "Agglo d'Alès et Région répondent présent pour les transports, rassure Nathalie Nury. Si les enfants gagnent des minutes de trajet, ce sera autour de 10. S'ils en perdent, ce sera plutôt 5 minutes." L'élue départementale prévoit de conduire des réunions publiques avec les parents, en septembre et octobre, pour les informer du changement, qui n'aura pas d'impact, ensuite, sur le lycée d'affectation de leur enfant. 

"Il faut absolument garder le collège de Saint-Jean-du-Gard ouvert"

Nathalie Nury, vice-présidente du conseil départemental en charge des collèges

"Il faut absolument garder le collège de Saint-Jean-du-Gard ouvert, poursuit la vice-présidente du Département. S'il continue à perdre des élèves, l'Éducation nationale nous dira "ça suffit !" Le cas du collège de Saint-Jean-du-Gard s'inscrit aussi dans une baisse importante et généralisée de la démographie scolaire du Gard. "Tous les collèges perdent et vont continuer à perdre des enfants, constate l'élue en charge des Affaires scolaires. On le voit dans les écoles, on le ressent dans les collèges. Le département du Gard prend des habitants mais ce ne sont pas forcément des jeunes couples. D'ailleurs, il y a environ 4 ans, le président du Département, Denis Bouad, avait demandé un travail de projection sur les cinq ou dix années à venir. Mais le bureau d'études avait bien constaté l'absence de besoin d'un nouveau collège." 

Si les élèves de Lasalle devront faire 4 kilomètres de plus (de centre à centre), la route vers Saint-Jean-du-Gard est plus rapide que celle autour du col du Rédarès pour descendre à Saint-Hippolyte-du-Fort, où ils vont actuellement. Avec quelques kilomètres supplémentaires que pour Lasalle, la situation est comparable pour les enfants de Soudorgues. Déplacés d'Anduze à Saint-Hippolyte, les collégiens de Durfort y gagneront un kilomètre et sans doute un peu de temps, ceux de Fressac encore plus. Pour Générargues et Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille, la situation est un peu différente.

"On comprend très bien la difficulté du Département"

Thierry Jacot, maire de Générargues

Dans le premier cas, la commune de Générargues, qui touche Anduze, voit ses collégiens s'éloigner de plus de dix kilomètres, par la vallée des Camisards. "On comprend très bien la difficulté du Département, rassure le maire, Thierry Jacot. Ce ne sera pas forcément la joie pour nos enfants, ils auront environ un quart d'heure de plus de transport. Mais comment faire ?" Pour lui, le sujet propre à sa commune n'est de toute façon plus en discussion. "Quand ils viennent nous présenter les modifications, c'est que c'est déjà acquis. Mais ce n'est pas non plus insurmontable. Ce qui risque de poser problème, ce sont les fratries." 

Le cas de Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille est encore différent. Les écoliers sortis de l'école primaire du village partent, pour l'instant, vers le collège Jean-Moulin d'Alès. Du moins en théorie. Et c'est bien la pratique qui fait réagir le maire, Guy Manifacier. "Ce qui m'embête, ce n'est pas la décision en elle-même. Je comprends le besoin de répartir les élèves si Saint-Jean-du-Gard est en difficulté. Mais les affectations des collèges ne sont déjà pas respectées. Il faudrait commencer par faire respecter le collège d'affectation." Père de cinq enfants, Guy Manifacier prend son cas personnel en exemple. "Quand mes enfants ont dû aller au collège, il y en avait 5 ou 6 autres du village. Mes enfants ont été les seuls à se rendre à Jean-Moulin, les autres ont obtenu une dérogation pour les inscrire à Anduze." 

"Avant de réaffecter, il faudrait peut-être faire respecter les collèges de référence"

Guy Manifacier, maire de Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille

"Donc, poursuit le maire, avant de réaffecter, il faudrait peut-être faire respecter les collèges de référence." Et ce, à plus forte raison, si la motivation de la réorganisation est la mixité, une notion redoutée par certains parents au collège Jean-Moulin, et qui s'en sont ouverts au maire. "Je ne parle pas du cas où une fratrie est réunie, c'est compréhensible. Mais, indépendamment des cas particuliers, il faut faire respecter la carte. Pour moi, la mixité sociale n'est pas négative, insiste le maire sans étiquette de Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille, et la scolarité de mes enfants s'est bien passée."

En dehors de ces élèves qui quittent le collège Jean-Moulin, pour le reste de l'agglomération, "on attend de savoir quels dispositifs on peut mettre en place dans les collèges à indice de positionnement social défavorable", anticipe Nathalie Nury. Les discussions sont ouvertes, on ne s'interdit rien. Mais l'objectif est de donner plus de mixité, plus de chances à tous les enfants du Grand Alès". Le reste du travail se poursuivra donc sur l'année 2024, en collaboration avec les services de l'agglomération, pour une application à la rentrée 2025-2026

François Desmeures

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