AU PALAIS Les mariés relaxés s'embrassent à la barre du tribunal pour prouver leur amour
Le couple était suspecté d'un mariage blanc afin qu'un Brésilien obtienne la nationalité française.
Saint-Valentin était dans tous les esprits ce mardi 14 février et même dans les endroits les plus insoupçonnés...
Un couple comparaîssait devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour avoir contracté un mariage "blanc" afin de faire acquérir la nationalité française à un Brésilien qui se fait depuis appeler "Suzana"*. "Un couple transgenre aujourd'hui c'est compliqué. C'était difficile pour monsieur de dire à sa famille qu'il allait se marier avec un homme devenu maintenant Suzana", estime maître Anne-Sophie Turmel qui se bat pour que ce couple soit relaxé. "On n'est pas dans le terrain de l'homosexualité, mais dans la transexualité", ajoute l'avocate nîmoise. "Le silence de ce couple est lié à cette situation difficile à dévoiler, pas à un problème de mariage trafiqué", complète l'avocate.
Une enquête dans les secrets du couple
Car les deux "tourtereaux" sont bien prévenus d'une infraction et le président d'audience, Jérôme Reynes, veut éclairer la juridicition en perçant le mystère de ce "couple". L'enquête judiciaire ne fait pas dans la dentelle et pénètre dans l'intimité... "Vous vous mariez et un habite dans l'Hérault, tandis que l'autre vit à Nîmes. Vous vous voyez 24h le week-end et, à l'adresse conjugale, il y a très très peu de vêtements de monsieur", résume dubitatif le magistrat. "Et il y a même des contradictions dans vos propos par exemple comment vous vous êtes rencontrés", interroge le président Reynes devant le quinquagénaire incapable encore à l'audience de répondre à cette question élémentaire.
Le marié ne connaît pas l'identité de son témoin
"Et puis vous cachez tout à votre famille et vous ne connaissez pas l'identité des témoins !", ajoute le président du tribunal. "Je ne voulais pas que ma famille sache que je me mariais avec une personne du même sexe", avoue le quinquagénaire réputé secret, sans ami et avec très peu de proches.
"L'infraction nécessite de sonder leur âme, leurs sentiments. Dans ce dossier, la seule démarche commune c'est le mariage. Et l'enquête judiciaire va dévoiler l'absence de communauté de vie", tranche la procureure Estelle Meyer qui réclame 6 mois de prison avec sursis.
Ils s'embrassent à la barre du tribunal
"Il a montré des sentiments pour moi et moi c'est pareil", estime en mettant la main sur le coeur le prévenu brésilien. "On est un vrai couple", ajoute-t-il. En partant délibérer, le tribunal a probablement entendu résonner les mots des "mariés". La relaxe a été prononcée au bénéfice du doute. Et pour fêter la décision de justice, les amoureux ont laissé éclater leur joie en s'embrassant à la barre de la juridiction. Et oui, même au tribunal planait l'ombre de la Saint-Valentin.
*prénom modifié
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