FAIT DU JOUR Les patrons des avocats au chevet des enfants et des personnes âgées
Ce 1er janvier 2025, Séverine Moulis prend ses fonctions de nouvelle patronne des 400 avocats nîmois. Pour la première fois à Nîmes elle n'exercera pas son pouvoir seule, mais en binôme avec Maître Romain Léonard, vice-bâtonnier. Les deux auxillaires de justice ont répondu à nos questions...
Séverine Moulis est la nouvelle bâtonnière du barreau de Nîmes. Elle est la patronne des 400 avocats locaux. Cette spécialiste de droit civil remplace, après avoir été élue, la pénaliste maître Aoudia. Celle qui sera la chef des avocats nîmois à partir du 1 janvier 2025 annonce qu’elle exercera son pouvoir en binôme et en compagnie de Me Romain Léonard, lui aussi civiliste exerçant en droit immobilier depuis 20 ans dans la capitale gardoise
Objectif Gard : Pouvez-vous expliquer quel est le rôle du bâtonnier ?
Séverine Moulis : Au quotidien, il traite les litiges entre les clients et les avocats, les problèmes éventuels entre avocats, c’est le côté visible de la fonction. Le bâtonnier et son vice-bâtonnier sont le pouvoir exécutif. Les 18 membres du conseil de l’ordre sont le pouvoir législatif ; ils délibèrent ensuite lorsqu’ils sont réunis, deux fois par mois. Le « pouvoir judiciaire » (disciplinaire) ressort de la compétence du Conseil Régional de Discipline, le bâtonnier pouvant initier les poursuites contre un avocat. Pour la première fois au barreau de Nîmes, le pouvoir sera exercé à deux, je fais équipe avec Romain Léonard qui est vice-bâtonnier élu.
Pourquoi avez-vous choisi de partager le pouvoir ?
Romain Léonard : C’est un système qui existe dans d’autres barreaux, mais c’est vrai qu’il est nouveau à Nîmes. D’abord cette fonction est très chronophage et on s’aperçoit que les sollicitations sont de plus en plus nombreuses. Ensuite, on va pouvoir multiplier notre présence car notre mandat doit être inscrit sur le rôle de l’avocat dans la cité, auprès de la population, des gens. À deux, il est plus facile d’être sur le terrain. Nous serons plus facilement présents pour faire entendre notre voix dans les instances locales et nationales.
Quelles sont les thématiques que vous souhaitez voir se développer pendant votre mandat ?
Séverine Moulis : On parle beaucoup depuis plusieurs années et, c’est normal, des violences conjugales ou intra-familiales. Les femmes sont mieux prises en charge et je m’en réjouis, mais, par contre, je trouve que l’on ne fait pas assez pour les enfants. J’aimerais que la présence d’un avocat en l’assistance éducative soit systématique. L’enfant est la personne la plus fragile dans notre société, il faut être encore plus présent à ses côtés et c’est une vraie mission qu’il faut développer.
Romain Léonard : D’autant que l’assistance éducative est une procédure basée sur la notion de danger de l’enfant. Elle émane souvent d’un signalement de l’école, de la nounou, d’un médecin, de l’hôpital, ou d’un anonyme qui saisit le procureur puis un juge des enfants en cas de danger pour le mineur. Il s’agit d’évoquer les conditions de sa vie dans le milieu familial, d’où l’importance pour l’avocat d’intervenir auprès du mineur qui se retrouve souvent seul et sans défense lors des audiences.
Vous voulez également être plus présent auprès des personnes âgées ?
Séverine Moulis : Les personnes âgées et vulnérables sont de plus en plus nombreuses dans une société française vieillissante. Lorsqu’il y a des pertes d’autonomie, certains en profitent pour abuser d’elles. Ces personnes âgées sont des proies de plus en plus faciles, c’est un vrai sujet de société et, notre devoir à nous autres avocats est d’être auprès de ces personnes vulnérables, de les accompagner, d’être une épaule et à leur écoute.
Le contexte économique de notre pays est dégradé, les avocats ont-ils un rôle à jouer ?
Séverine Moulis : Les avocats travaillent au quotidien avec les petites et moyennes entreprises, avec les commerçants et artisans, avec ceux qui n’ont pas de service juridique structuré comme dans les grands groupes par exemple. Les avocats sont les seuls à pouvoir intervenir du conseil jusqu’au contentieux. Nous intervenons de la constitution d’une société au dépôt de bilan. Les avocats lorsqu’ils donnent des conseils engageant leur responsabilité, contrairement à d’autres.
Romain Léonard : Ce volet au sein des petites et moyennes entreprises est au cœur de nos préoccupations. D’autant que le contexte économique actuel et futur est troublé et que les inquiétudes grandissent dans les entreprises. Nous avons une structure, celle de l’INAC, l’Institut nîmois des avocats conseils, qui peut délivrer des conseils.